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anthropologie historique

Publié le 13/04/2013

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1   PRÉSENTATION

anthropologie historique, étude de l’évolution des sociétés humaines en fonction de leurs composantes biologiques.

2   OBJET DE LA DISCIPLINE

L’anthropologie historique se présente comme un territoire historique et non comme une école historique (voir histoire de l'histoire). Elle est apparue au début des années soixante, sous l’influence, en particulier, des travaux de Claude Lévi-Strauss, fondateur de l’ethnologie en France, et sous celle des historiens britanniques qui se sont penchés, dès les années cinquante, sur les structures de la parenté (voir Structuralisme). Selon André Burguière (article « Anthropologie historique « du Dictionnaire des sciences historiques, 1986), « La préférence donnée au terme “ anthropologie ” par les historiens permet d’inclure dans l’étude des sociétés humaines des dimensions culturelles que n’implique qu’en partie la démarche ethnologique .« Le constat du lien entre morbidité et données climatiques a guidé, par exemple, les travaux de Pierre Goubert et de Jean Meuvret. L’étude des conditions dans lesquelles sont apparues les crises démographiques permet de révéler non seulement l’état de la médecine, mais aussi celui des sociétés qui subissaient ces crises, et l’évolution des maladies elles-mêmes face à ces données. L’homme biologique réagit différemment en fonction des sociétés dans lesquelles il se trouve. Par exemple, les « convulsionnaires de Saint-Médard «, dans les années 1730 à Paris, ont révélé une certaine forme de réaction dans une société où les modèles dominants proposés par le christianisme sont l’ascèse et la sérénité monacale. La démarche anthropologique conduit donc les historiens à s’intéresser précisément aux comportements et aux habitudes.

3   PRINCIPAUX SUJETS D’ÉTUDE

André Burguière propose quatre grands domaines historiques, dont les acteurs se rattachent à la démarche anthropologique.

Le premier domaine concerne l’anthropologie matérielle et biologique, ou histoire des corps : de Michel Vovelle et ses travaux sur la mort aux ouvrages de Jean-Paul Aron sur les odeurs, de Philippe Ariès à Jean-Louis Flandrin en passant par Michel Foucault, les études portant sur l’histoire du corps se sont multipliées, aboutissant, au début des années quatre-vingt-dix, à l’imposante synthèse que constitue l’Histoire de la vie privée (4 volumes, Le Seuil). Plus récemment encore, les liens ont été clairement établis entre ce domaine et l’histoire politique : Lynn Hunt et Antoine de Baecque, entre autres, ont récemment mis en évidence la fonction politique de la représentation des corps pendant la période révolutionnaire.

Le second domaine concerne l’étude de l’évolution des attitudes économiques. Georges Duby a ainsi mis en évidence la fonction de la pratique germanique du don et du contre-don dans la genèse des structures féodales de l’économie. En la matière, les travaux de Karl Marx ont été d’un apport inestimable même si, en fin de compte, ses hypothèses faisaient de l’économie non plus un fondement de l’organisation sociale mais le résultat de celle-ci, voire même d’attitudes mentales confrontées à de nouvelles exigences — ce qu’illustre le cas des relations très ambiguës entre la naissance du capitalisme et les mouvements de réforme religieuse du XVe au XVIIe siècle.

Le troisième domaine est celui de l’anthropologie sociale, laquelle a été très influencée par les études britanniques sur les liens de parenté à la fin du Moyen Âge, par celles des démographes français comme Jacques Dupâquier et, avant eux, par celles de Marc Bloch dans la Société féodale (1936). Le rôle des structures familiales dans l’organisation sociale, à la fois modèle et élément, est ainsi mieux mesuré et valorisé au travers d’enquêtes locales approfondies, telle celle dirigée par André Burguière sur les Bretons de Plozévet.

Le quatrième domaine concerne les rites et les croyances, le culturel et le politique. Les études fondatrices sont ici celles de Jacques Le Goff sur les temps médiévaux ou sur la naissance du purgatoire — récemment complétées par celle de Michel Vovelle (les Âmes du purgatoire, 1997) —, et celle de Carlo Ginzburg sur le meunier Marco Menocchio (le Fromage et les Vers). Les fêtes et les formes de sociabilité ont également fait l’objet d’études parallèles. En substance, il s’agit toujours de montrer les liens entre des comportements parfois très locaux, ou extraordinaires, et le système de représentation du monde que ces comportements traduisent.

4   VERS L’« HISTOIRE TOTALE « ?

L’anthropologie historique, par ses objets d’étude, s’inscrit dans une tradition que l’on peut faire remonter à Thucydide, en passant par les « historiens des mœurs « du XVIIIe siècle. Au XIXe siècle, l’anthropologie historique a une dette non seulement envers Marx et le sociologue Émile Durkheim, mais aussi envers Alexis de Tocqueville qui, dans De la démocratie en Amérique (1835-1840), met en évidence le lien entre démocratie et mentalité pionnière. Enfin, le rôle de l’école des Annales dans la constitution de l’anthropologie historique a également été très important.

Par des angles d’approche aussi différents que celui de Carlo Ginzburg exhumant l’invraisemblable cosmographie du meunier Menocchio, et celui de Pierre Goubert étudiant l’ensemble des paysans du Beauvaisis sous Louis XIV, l’anthropologie historique semble recouvrir une large partie de l’enquête historique. Elle n’a pas, selon André Burguière, d’objet propre, mais sa formulation a contribué à donner plus de chair à dévorer à l’historien, tel l’ogre qui se réveille, selon la métaphore lumineuse de Marc Bloch.

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