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Armagnacs et Bourguignons

Publié le 07/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Armagnacs et Bourguignons, familles princières françaises qui se sont affrontées durant la première moitié du XVe siècle, lors de la guerre de Cent Ans.

Le conflit entre les partisans de Louis d’Orléans (frère du roi Charles VI) et ceux de Jean sans Peur (duc de Bourgogne), jusque-là larvé, éclate avec l’assassinat de Louis d’Orléans le 23 novembre 1407 et s’apaise grâce au traité d’Arras signé le 21 septembre 1435 entre Philippe le Bon, fils de Jean, et Charles VII, neveu de Louis d’Orléans. Le conflit franco-bourguignon est une véritable guerre civile qui s’imbrique dans la seconde phase de la guerre de Cent Ans. Elle présente des aspects à la fois militaires, diplomatiques et sociaux.

2   ORIGINES DU CONFLIT

Depuis 1389, le roi Charles VI est régulièrement atteint de crises de démence. Un conseil de régence est exercé par ses frères dont Louis est, au début du XVe siècle, le plus influent, malgré la puissance croissante de la maison de Bourgogne. C’est la rivalité de pouvoir entre Jean sans Peur et le duc d’Orléans, deux membres du conseil de régence, qui ouvre le conflit.

En 1407, Jean sans Peur assassine Louis d’Orléans et est forcé de quitter Paris, sous la pression du fils du défunt, Charles d’Orléans, et de Bernard d’Armagnac — qui donne son nom au parti. Jean revient à Paris le 28 février 1408, et organise son propre procès. Soutenu par la reine Isabeau de Bavière, il obtient le pardon du roi le 8 mars 1408 et s’impose de nouveau à la cour. C’est à son instigation que la rupture avec le pape d’Avignon Benoît XIII (21 mai 1408), qui a excommunié Charles VI, devient définitive. Jusqu’en 1413, la domination bourguignonne est sans faille, confirmée par la paix de Chartres (9 mars 1409) qui rallie Isabeau de Bavière à la cause des Bourguignons.

Pour lui résister au nom des droits du dauphin Louis de Guyenne, les opposants princiers constituent, le 15 avril 1410, par le pacte de Gien, le parti Armagnac. Ce pacte entraîne le déclenchement des hostilités autour de Paris, qui se concluent par des paix fragiles (2 novembre 1410, paix de Bicêtre ; 22 août 1412, paix d’Auxerre), d’autant que les Anglais monnaient l’aide qu’ils apportent à l’un ou l’autre camp. C’est ainsi que Charles d’Orléans noue une alliance secrète avec Henri de Lancastre, alors que des tractations, l’année précédente, ont rapproché les Anglais des Bourguignons.

3   LE JEU DES ALLIANCES
3.1   La révolte cabochienne

La révolte cabochienne ouvre une nouvelle phase dans ce conflit. En 1413, les États généraux sont réunis à Paris (dans un contexte d’agitation) pour renflouer le trésor du roi. Le peuple, tenant les Armagnacs et le dauphin pour responsables de son malheur, se retourne contre eux. Du 9 au 27 mai 1413, l’émeute prend le dessus et échappe au contrôle du duc de Bourgogne, le contraignant dès lors à négocier avec les agitateurs, issus en particulier de la corporation des bouchers et qui ont soutenu le « tyrannicide « perpétré en 1407. Ceux-ci sont conduits par Simon Caboche, un ouvrier des abattoirs parisiens, qui impose au roi l’ordonnance de réforme préparée par les États généraux. La bourgeoisie parisienne, la cour, Armagnacs et Bourguignons concluent alors, le 28 juillet 1413, la paix de Pontoise. Les meneurs s’enfuient, y compris Jean sans Peur qui part le 23 août 1413.

La répression qui suit cette révolte est terrible ; Jean sans Peur est sollicité par le dauphin lui-même pour briser la tutelle des Armagnacs, désormais alliés de Charles VI. Sa démarche échoue, et il doit même rompre son serment au roi de France pour s’allier à Henri V. Après une brève campagne militaire, une nouvelle paix est signée, le 4 septembre 1414 à Arras, entre le dauphin Louis, qui l’impose aux Armagnacs, et Jean sans Peur. Les Armagnacs enlèvent alors le dauphin pour stopper le processus de réconciliation et l’isolent de son père. Celui-ci meurt à dix-neuf ans, le 18 décembre 1414, sur la route qui le mène, avec Charles VI et son armée, vers les Anglais. Ces derniers infligent à l’armée française, quelque temps plus tard (le 29 novembre 1415), la défaite d’Azincourt.

3.2   La domination anglo-bourguignonne

Paris est repris par Jean sans Peur le 29 mai 1418 ; la cour et le nouveau dauphin, Charles (troisième fils de Charles VI), se réfugient alors à Bourges, tandis que les chefs Armagnacs, dont Bernard, sont massacrés par la population parisienne (12-13 juin 1418). Le dauphin crée un parlement à Poitiers et se proclame régent du royaume en décembre. Avec les Bourguignons au nord de la Loire et les Anglais dans tout l’ouest du royaume, le dauphin voit son influence terriblement réduite, d’autant qu’Isabeau de Bavière a, elle aussi, apporté son soutien au duc de Bourgogne. C’est dans ce contexte que se déroule l’entrevue de Montereau en 1419, au cours de laquelle Jean sans Peur est tué dans des conditions suspectes, en présence du dauphin.

Ce meurtre scelle l’alliance des Bourguignons, commandés désormais par Philippe le Bon, fils de Jean, avec les Anglais : Philippe, grâce à l’appui d’Isabeau de Bavière, impose à Charles VI la signature du traité de Troyes le 21 mai 1420, qui fait d’Henri V l’unique héritier du trône de France.

La mort du roi Charles VI, le 16 octobre 1422, suit de près celle d’Henri V — dont le fils, Henri VI, n’est âgé que de six mois (régence de Jean de Bedford) —, le 31 août 1422, et ouvre une nouvelle phase dans ce conflit.

3.3   L’avènement de Charles VII

Le « Petit Roi de Bourges «, Charles VII, lutte alors seul contre les Anglais et Bourguignons. Il incarne désormais la résistance française. L’épopée de Jeanne d’Arc lui permet de confirmer sa légitimité par le sacre (17 juillet 1429). Jeanne est livrée aux Anglais par les Bourguignons, ce qui n’empêche pas les rapprochements entamés entre Philippe et Charles VII : une trêve générale est décidée le 13 décembre 1431. Cependant, le duc de Bourgogne n’assiste pas au sacre à Paris de Henri VI Lancastre, qui a lieu trois jours plus tard. Celui-ci, devenu chef d’un État important grâce à l’acquisition du Hainaut en 1433, signe finalement avec le roi français le traité d’Arras, en échange d’importantes concessions territoriales : la querelle des Armagnacs et des Bourguignons est achevée. Le règne de Louis XI la voit néanmoins rebondir sous la forme d’une véritable guerre franco-bourguignonne.

4   DES LUTTES INTESTINES À LA GUERRE CIVILE

Le conflit des Armagnacs et des Bourguignons s’inscrit dans une période de fragilité exceptionnelle du pouvoir royal, liée à la folie de Charles VI. Il joue un rôle central dans l’effondrement français face à l’Angleterre de Henri V. Il montre le caractère féodal encore nettement prononcé de la France du XVe siècle, où princes et vassaux se permettent de traiter d’égal à égal avec les rois suzerains.

La paix d’Arras est chèrement acquise par Charles VII à son vassal, Philippe, dont la défection engendre l’échec anglais final. Les traités successifs se concluent par des échanges matrimoniaux, territoriaux, financiers : cette guerre civile se résout dans le cadre de relations entre chefs d’État.

Les partis manifestent leurs revendications par des écrits largement diffusés, par exemple la Justification de Jean sans Peur, par Jean Petit, à laquelle répond l’accusation présentée par l’abbé de Cerisy ; ils trouvent dans leurs fiefs respectifs, mais aussi en Angleterre et dans l’Empire germanique, les ressources pour financer leur propagande et leurs troupes ; ils se constituent par des pactes délimitant, en théorie, clairement les camps. Cependant, les réticences des Bourguignons à parachever l’alliance avec les Anglais montrent, autant sans doute que l’aventure de Jeanne d’Arc, qu’au-delà des clivages dramatiques entre ces partis émerge une forte conscience de la nation France.

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