Devoir de Philosophie

Arnaud de Brescia

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

1090-1154

 

“ Il ne mange que le pain du démon et ne boit que le sang des âmes ”, disait de lui Bernard de Clairvaux, qui n'aimait guère ce réformateur, disciple d'Abélard. Arnaldo avait fait ses études à Paris : vers 1119, il est chanoine, puis abbé à Brescia, ville où l'hérésie à toujours trouvé un terrain favorable. Prêcheur éloquent, Arnaldo préconise la vie austère et fulmine contre les habitudes luxueuses de l'Église ; bien mieux, il propose de supprimer la propriété ecclésiastique et affirme que les biens de la terre appartiennent au prince soit, à Rome, à l'Empereur, qui conservait dans la ville l'appui de la bourgeoisie laïque. Dès 1130, Arnaldo prend parti pour l'antipape Anaclet II contre Innocent II. Cinq ans plus tard, il se révolte contre l'évêque de Brescia et, pendant quatre ans, lui tient la dragée haute : on le condamne comme hérétique et il est obligé de s'enfuir à Zurich, puis à Paris. Il en revient en 1145, et, choisissant cette fois un plus grand théâtre d'opérations, il se rend à Rome, où Giordano Pierleoni, frère d'Anaclet II, est à la tête de la république : et c'est son apothéose, Arnaldo, exalté par de nouveaux projets, prétendant s'inspirer des consuls et sénateurs de l'antiquité, demandant la résurrection de la “ virtus romaine ”, tombe peu à peu dans une espèce de folie archaïsante dont le souvenir persistera jusqu'à Mussolini. Le pape, qui était pourtant le faible et simple Eugène III, l'excommunie et Arnaldo, brusquement repentant, demande à se soumettre. Mais le pape avait, en ce temps-là, de bons rapports avec l'Empereur, qui était Frédéric Barberousse : et celui-ci n'y allait pas de main morte — il fera emprisonner, puis étrangler et brûler Arnaldo, jeter enfin ses cendres dans le Tibre. Or, même après sa mort, l'influence de ce fou de “ virtus ” ne diminue guère : une secte des Arnaudistes sévit en Lombardie, et va contribuer peu à peu à chasser Barberousse.

Liens utiles