ART POÉTIQUE de Boileau (Fiche de lecture)

       Historique. — Bien qu'il eût mis souvent le précepte    à côté de la critique, Boileau avait joué surtout le rôle de démolisseur dans les Satires. Quand la victoire sembla pencher en sa faveur, il résolut de condenser dans un seul ouvrage sa doctrine et de montrer ce qu'il faut qu'on pratique pour devenir un bon poète. Cet ouvrage, gardé plus de quatre ans « sur le métier «, fut le fameux Art poétique.    En s'engageant dans cette entreprise, Boileau ne manquait point de modèles. Nombre d'auteurs avant lui s'étaient érigés en législateurs du Parnasse. Chez les Grecs, Aristote avait écrit une Poétique, dont il nous reste vingt-six chapitres. Une définition de la poésie et des différents genres, un résumé historique, quelques fragments sur la tragédie et l'épopée, voilà tout ce qui subsiste aujourd'hui d'un livre où l'auteur constatait plutôt des faits qu'il ne promulguait des principes. A Rome, le bon Horace avait composé l'Epître aux Pisons, qu'on désigna bientôt sous le nom trop solennel d'« Art poétique «. C'est, en réalité, une causerie, sans suite logique, et qui n'a point l'allure dogmatique d'un traité. Avec esprit, mais fort simplement, Horace y soumet à deux jeunes Romains quelques observations personnelles sur le métier de poète et sur la tragédie.