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Article de presse: Carnage dans l'Ouest algérien

Publié le 17/01/2022

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30 décembre 1997 - Le début du mois du ramadan a confirmé les pires appréhensions en Algérie. Trois villages de la wilaya de Relizane, à 250 km à l'ouest d'Alger, ont été victimes dans la nuit du 30 au 31 décembre 1997 de l'un des pires massacres connus en Algérie, selon le quotidien Liberté. La promptitude des autorités à publier un communiqué officiel, lu à la télévision, faisant état de 78 morts et 64 blessés, dont 25 dans un état grave, faisait craindre un bilan beaucoup plus lourd. Les spécialistes de l'Algérie notent qu'en général les autorités s'abstiennent de donner des informations sur les massacres et que les rares fois où elles le font, comme ce fut le cas lors de la tuerie qui a fait plus de 250 morts à Bentalha, le 23 septembre, c'est pour précéder les rumeurs d'un bilan beaucoup plus grave. Les Algériens ont pris l'habitude de multiplier par trois les chiffres des bilans officiels. Le quotidien Liberté (proche du RCD) faisait ainsi état de 412 morts et El Watan parlait de plus de 400 morts dans ce carnage de la nuit du 30 au 31. L'attaque a touché trois villages, Ouled Sahrine, El Abdel-Kherarba et Ould Mohamed Bentayeb, à l'heure de la rupture du jeûne. Liberté décrit des scènes d'horreur insoutenables et affirme qu'il s'agit d'un " véritable génocide exécuté dans des conditions particulièrement horribles " . " Tués à la hache ou au sabre, les victimes ont été ensuite mutilées, décapitées et démembrées pour certaines. Femmes, enfants, vieillards. Les bébés sont violemment projetés contre les murs. Personne n'a été épargné par cette entreprise barbare. Seuls quelques miraculés ont eu la vie sauve en réussissant à s'enfuir " , poursuit Liberté. Selon les mêmes sources, une dizaine de femmes ont été enlevées par les auteurs de la sanglante expédition, qui, par son horreur, rappelle celles de Raïs et de Bentalha. La télévision algérienne avait annoncé en début de soirée vendredi que les témoignages des rescapés de la région de Relizane allaient être diffusés. L'attente a été vaine puisque la télévision, sans explication, a renoncé à la diffusion de ces témoignages. Les responsables algériens, soucieux de donner une image plus positive d'une Algérie sortie de la crise, grâce au " parachèvement de l'édifice institutionnel " avec la mise en place d'un Sénat, la semaine dernière, paraissent ne plus savoir comment gérer les annonces de massacres devenus quasi quotidiens et de plus en plus sanglants. Triangle de la mort Dans la presse algérienne, on parle d'un nouveau triangle de la mort dans l'Oranie entre Tiaret, Tissemsilt et Chlef. Une superficie encore plus grande que le fameux triangle du centre du pays, théâtre des pires carnages de l'été 1997. En fait, c'est tout l'arrière-pays et le tissu de villages qui subissent les horreurs de la violence. De nombreuses personnes ont quitté leur douars pour les grandes agglomérations et grossissent le rang des exilés de l'intérieur. Les routes de l'ouest du pays sont évitées à partir de 15 heures. Les automobilistes qui font les trajets s'efforcent d'être de retour à Alger avant 14 heures. A Chebli, dans la Mitidja, une attaque d'un groupe armé a été repoussée par les milices. Trois assaillants ont été tués. A Alger, à Frais-Vallon, un groupe de jeunes a été mitraillé dans la soirée de vendredi, après la rupture de jeûne. Le bilan est d'un mort et de quatre blessés. Dans un éditorial, El Watan souligne l'immense responsabilité du président Liamine Zeroual, doté de tous les pouvoirs : " Interpellé par l'extrême gravité de la situation, le président de la République ne manquera pas d'être amené à se déterminer plus clairement et à se positionner. Son pouvoir est-il destiné à sa propre gloire ou le met-il au service de son peuple... " SERVICE INTERNATIONAL Le Monde du 5 janvier 1997

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