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Article de presse: " Compromis historique " en Italie

Publié le 22/02/2012

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17 mai 1996 - Don Camillo et Peppone ensemble au gouvernement ! C'est bien à la réconciliation des deux grandes traditions politiques de l'Italie que l'on assiste avec la présentation, vendredi 17 mai, du cabinet de Romano Prodi, vainqueur des élections du 21 avril à la tête de la coalition de L'Olivier. Le " compromis historique ", recherché entre 1973 et 1978 par Enrico Berlinguer, chef du Parti communiste italien, et Aldo Moro, figure de la gauche démocrate-chrétienne, assassiné il y a tout juste dix-huit ans par ses ravisseurs des Brigades rouges, est donc finalement réalisé. On retrouve dans le gouvernement Prodi des vétérans de ce rapprochement " catho-communiste ", comme Giorgio Napolitano, leader historique du PCI, ou Beniamino Andreatta, démocrate-chrétien de l'aile gauche, plusieurs fois ministre. Mais ce " compromis historique " doit répondre à de nouveaux défis, car la face de l'Italie et du monde a changé. Le mur de Berlin est tombé, l'Italie n'a plus à être le rempart de l'Occident contre le communisme sur le flanc Est de l'OTAN. Le Parti communiste et la Démocratie chrétienne, les deux plus grands partis de l'Italie d'après-guerre qui en furent aussi les piliers, l'un dans l'opposition, l'autre au pouvoir, se sont sabordés. Le PCI s'est mué en Parti démocratique de la gauche (PDS), membre de l'Internationale socialiste, qui recueille un peu plus des deux tiers des anciens votes communistes, tandis que le Parti de la refondation communiste (PRC), resté fidèle à l'héritage marxiste, s'est solidement implanté dans le paysage électoral. Les démocrates-chrétiens ont, eux aussi, laissé derrière eux une étiquette devenue trop compromettante. Tandis que le plus puissant d'entre eux, naguère, Giulio Andreotti, passe en procès sous l'infamante accusation de complicité avec la mafia, ils ont reformé plusieurs petits partis, à droite, d'autres à gauche : ces derniers ont gagné, avec L'Olivier, dont la composante centriste et catholique représente 30 % des votes (contre 21,5 % au PDS). Ce sont des survivants qui vont s'asseoir ensemble autour de la table du conseil des ministres. Plus qu'une alternance, ils représentent un nouveau départ pour l'Italie, confrontée à des défis d'une importance sans précédent. Premier défi : assainir d'urgence les finances publiques pour pouvoir prétendre faire partie de l'Union monétaire européenne. La présence de deux anciens dirigeants de la Banque d'Italie et chefs de gouvernement, Carlo Azeglio Ciampi et Lamberto Dini, offre une garantie d'ailleurs saluée par les marchés financiers. Deuxième défi : maintenir l'unité nationale menacée par le séparatisme de la Ligue du Nord, et, là, les ex-communistes, porteurs à la fois d'un certain sens de l'Etat et d'une longue expérience de gouvernement local, représentent aussi une garantie. Troisième défi : assurer la transparence et la concurrence dans les investissements publics. Ce sera la tâche de l'homme le plus populaire d'Italie, Antonio Di Pietro, nouveau ministre de travaux publics. BULLETIN Le Monde du 20 mai 1996

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