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Article de presse: Conrad Adenauer et la restauration du crédit allemand

Publié le 17/01/2022

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5 mai 1955 - Pour beaucoup de ces députés qui le désignèrent, le 15 septembre 1949, premier chancelier de l'Allemagne fédérale, Adenauer fut dès l'abord un nouveau Stresemann. L'homme à lui seul en imposait. Eminent administrateur, d'abord: ayant reçu une formation de juriste et d'avocat, il était devenu dès 1906 adjoint au maire de Cologne, sa ville natale, puis maire. Il devait le rester jusqu'à l'avènement de Hitler en 1933. Adenauer était depuis 1917 membre de la Chambre haute de Prusse et depuis 1920 président du Conseil d'Etat prussien. Sous Hitler, il sut ne pas se compromettre. Authentique résistant, son attitude ne prêta à aucune équivoque. Le praticien colonais fut " démissionné " dès 1933, arrêté en 1934, relâché, puis arrêté de nouveau en 1944 par la Gestapo. Dans l'intervalle, il resta confiné dans la retraite la plus totale. Il se qualifiait ainsi pour le grand jour de la fin du cauchemar. Les chars américains qui pénètrent dans Cologne donnèrent à Conrad Adenauer l'occasion de sa première revanche sur le destin : il reprit le chemin de sa mairie. Mais, dans le partage des zones d'occupation, Cologne fut attribuée aux Britanniques, et ces derniers, ne trouvant sans doute pas assez souple ce raide catholique, le mirent à la porte. Ainsi réunissait-il tous les suffrages des " patriotes " : intransigeant à l'égard de Hitler, il l'avait été aussi à l'égard des occupants successifs des deux guerres mondiales. Aux yeux de la masse des Allemands, écrasés sous une quadruple occupation et un monceau de ruines, Adenauer avait le mérite d'avoir subi à son avantage la double épreuve d'une double occupation. Allemand il était, allemand il resterait. Conrad Adenauer, né le 5 janvier 1876, avait alors soixante-treize ans. Pommettes saillantes, yeux bridés, lèvres minces, menton volontaire, le visage osseux d'Adenauer était d'autant plus rigide qu'il souffrait, à la suite d'une blessure, d'une paralysie des muscles faciaux. Ce rigide patricien ne se reconnaissait qu'un maître : Dieu qu'une foi : celle que l'Eglise lui avait inculquée. Le blocus de Berlin avait sonné le glas du conseil de contrôle tripartite, et avec lui de l'Allemagne une et indivisible. Le 8 mai 1949, les onze ministres-présidents de l'Allemagne occidentale votaient la loi fondamentale de la République de Bonn, et le choix de cette petite ville de préférence à Francfort mit l'accent sur le caractère " rhénan " de la jeune République. Il semble que l'influence de Conrad Adenauer se soit exercée dans ce choix. Le 20 juin 1949 était signée à Londres la charte de la Haute Commission alliée, que complétait l'accord sur l'Autorité internationale de la Ruhr. L'ancien leader du Zentrum catholique ne tarda pas à devenir le chef incontesté de l'Union chrétienne démocrate (CDU), catholico-évangélique, après en avoir été l'un des fondateurs en zone britannique. Conrad Adenauer fut élu président du comité parlementaire qui édifia la Constitution de la nouvelle République, et il fut alors évident qu'il allait devenir le premier chancelier. Mais il devait trouver un adversaire à sa taille en la personne de Kurt Schumacher, leader des sociaux-démocrates, et la lutte entre les deux partis n'allait pas tarder à se doubler d'une rivalité personnelle, voire d'une véritable haine entre les deux hommes. Le verdict des électeurs ne fut pas décisif : sur les 24,5 millions de votants du 14 août 1949, 31 % donnèrent leurs voix à la CDU, qui remporta 139 sièges, et 29,2 % au SPD, qui en eut 131. Il fallait 202 voix pour être élu chancelier. Comment Conrad Adenauer allait-il les trouver ? C'est ici que son choix devait se montrer lourd de conséquences. Plutôt que de solliciter l'alliance de son impitoyable adversaire Kurt Schumacher, et de faire cette " grande " coalition que le bon sens et l'intérêt national semblaient commander, il préféra chercher des associés à droite. Ce furent le Parti libéral, qui avait obtenu 52 sièges, et le Parti allemand, le plus à droite des partis autorisés, qui en avait 17. Ainsi naquit la " petite " coalition, ou coalition " bourgeoise ". Les motifs économiques furent, semble-t-il, déterminants. La CDU, oublieuse des programmes sociaux assez avancés qui avaient été les siens au moment de sa fondation, adopta comme spécialiste patenté des questions économiques Ludwig Erhard, promoteur de l' " économie de marché ". Mais ce sera le mérite de Conrad Adenauer d'avoir condamné sans équivoque toute tentative de renouer avec le passé hitlérien et d'avoir cherché toujours avec une grande dignité à rendre à l'Allemagne un visage d'honnête nation. C'est en vertu de cette ligne de conduite qu'il a solennellement rendu hommage aux hommes du 20 juillet 1944. C'est encore en vertu de la même ligne de conduite qu'il imposa à une opinion réservée la conclusion avec Israël d'un accord par lequel la République de Bonn s'engageait à payer à l'Etat sioniste et aux organisations juives des réparations considérables. Adenauer, l'européen Ce sera son mérite d'avoir compris que la réconciliation franco-allemande était devenue pour ce qui restait de l'Europe une question de vie ou de mort. Tous les Allemands sont de coeur avec leur chancelier quand il accepte d'emblée, le 11 mai 1950, l'idée du plan Schuman, et l'opposition violente de Schumacher engagera la social-démocratie dans une voie sans issue. Mais la guerre de Corée, éclatant sur ces entrefaites, tout juste un mois après la proposition de Robert Schuman, devait obliger Conrad Adenauer à tirer jusqu'au bout les conséquences de la division du monde en deux blocs antagonistes. Au lieu d'apporter en dot à une communauté pacifique la puissance de son industrie, qui allait à partir de 1948 se relever avec une rapidité " miraculeuse ", l'Allemagne était invitée à contribuer à la défense de la communauté occidentale. Le 27 mai 1952, les traités germano-alliés, portant création de la communauté européenne de défense, étaient signés, et une Assemblée ad hoc était chargée de préparer un projet de Constitution fédérale européenne. Logique avec lui-même, le chancelier Adenauer pouvait voir dans les Etats-Unis d'Europe le couronnement d'une oeuvre toujours fondée sur l'ambition suprême de rendre à l'Allemagne occidentale droit de cité dans la communauté des nations libres. Ayant obtenu l'abandon des démantèlements et des projets français de séparation de la Ruhr en souscrivant à la création de l'Autorité internationale de Düsseldorf, il obtenait la disparition de celle-ci grâce à la création de la Communauté charbon-acier. Restait la souveraineté politique : l'entrée de l'Allemagne dans la Communauté de défense lui assurait, dans toute la mesure compatible avec la présence des Russes en zone orientale et à Berlin, la disparition du statut d'occupation, remplacé par un " contrat ". Ainsi Conrad Adenauer avait-il réussi, sans plus " finasser " cette fois, ce que Stresemann avait fait mine autrefois de faire à Locarno. L'Allemagne rompait avec la tradition de la contre-assurance avec l'Est pour retrouver sa vocation de " gardienne de l'Occident " face à la barbarie asiatique. Le contraste entre la prospérité régnant à l'Ouest et la force grandissante de la communauté occidentale, d'une part, la misère et la terreur sévissant à l'Est, d'autre part, obligerait tôt ou tard les Russes à céder sous une sorte de pression à la fois morale et matérielle et à évacuer leur zone. Y croyait-il vraiment ? Le résultat des élections générales de 1953, qui allaient manifester pour la première fois l'étendue de la popularité du chancelier, prouve en tout cas que les doutes sur l'avenir de l'unité du pays étaient relégués par les premiers signes du retour de la prospérité à l'arrière-plan de la conscience des électeurs. Le scrutin du 6 septembre 1953 donna 42,2 % des voix au Parti chrétien-démocrate, contre 28 % aux socialistes. Avec 244 sièges, le parti du chancelier disposait de la majorité absolue au Parlement. C'est pourquoi le rejet de la CED par le Parlement français, le 30 août 1954, fut une cruelle déconvenue pour Conrad Adenauer et pour un très grand nombre d'Allemands. Cependant, grâce à la conférence de Londres, le chancelier put présenter la solution de remplacement (entrée de la République fédérale dans l'Organisation atlantique, création d'une Union européenne occidentale chargée de contrôler plus ou moins le réarmement de l'Allemagne) comme une nouvelle victoire pour l'Allemagne. La République de Bonn n'entrait-elle pas de plein droit dans l'OTAN sur un pied d'égalité avec les autres nations ? Les accords sur le statut européen de la Sarre, signés avec Mendès France le 23 octobre 1954, ne constituaient, comme la suite des événements devait le prouver, qu'une contrepartie révisable. Le retour de la Sarre à l'Allemagne en 1957 permettait à la République fédérale d'effacer à l'Ouest les traces de la guerre. Mais il n'en était pas de même à l'Est. Le jour même où les accords de Paris étaient signés, Moscou envoyait aux puissances occidentales une nouvelle note qui en récusait à l'avance les conséquences et proposait de réunir une conférence à quatre. Elle se tint au cours de l'hiver 1954 à Berlin, sans apporter aucune modification dans les positions soviétiques. Le 7 juin 1955, Conrad Adenauer était officiellement invité en URSS. Les conférences se succédaient à Genève (...). Bon gré mal gré, il fallut aller à Moscou, ce qui pour le chancelier prit figure de Canossa. Un avenir brillant Après avoir proclamé que l'échange d'ambassadeurs proposé par le Kremlin ne serait accepté par son gouvernement que sous conditions, il lui fallut l'accepter sans qu'aucune de ces conditions eût été remplie. Bonn ouvrit à Moscou une ambassade à côté de celle de la RDA (République démocratique allemande). Du moins le chancelier put-il faire libérer dix mille prisonniers allemands encore retenus en URSS. Bien que sur le plan parlementaire son autorité ait paru amoindrie à la suite de la rupture de la coalition gouvernementale que quittèrent successivement le bloc des réfugiés, puis les libéraux, et à laquelle seul le petit Parti allemand resta fidèle, le vieux chancelier, qui allait fêter au début de 1958 son quatre-vingt deuxième anniversaire, parut à l'approche du combat retrouver de nouvelles forces. Son éloquence plus familière et incisive que jamais fit merveille. Son leitmotiv était simple : " Regardez autour de vous, disait-il aux électeurs, Craignez de perdre tout ce que je vous ai donné. " Et de rapporter sans cesse à ses auditeurs l'état où il avait trouvé l'Allemagne en 1949, et le chemin parcouru depuis cette époque sinistre. Quant à l'opposition, qu'attendre d'elle, sinon des " aventures " capables de tout remettre en question ? A ces arguments frappants, l'opposition socialiste ne sut trouver aucune réplique percutante, à l'exception toutefois du réarmement, à propos duquel la campagne social-démocrate contre les armes atomiques avait soulevé un grand écho dans l'opinion publique. Dans ces conditions, le succès dépassa toutes les espérances de Conrad Adenauer : 50,2 % des voix, la majorité absolue dans le pays et non plus seulement au Parlement, une opposition réduite à céder à ses adversaires bourgeois la plupart de ses fiefs traditionnels. L'avenir paraissait brillant. Cependant, dès l'année suivante, deux événements de taille allaient modifier complètement la situation pour le chancelier. En France, la IVe République disparaissait, à la suite de l'émeute du 13 mai à Alger, pour faire place au général de Gaulle et à sa Ve République. On pouvait tout craindre de ce champion de l'anti-européisme. C'est pourquoi le vieux chancelier se hâta de rencontrer le futur président de la Ve République dès le 13 septembre suivant, à Colombey-les-deux-Eglises. Cette rencontre offrit toutes les apparences d'un véritable coup de foudre et préluda à une série de rendez-vous du même genre (Bad-Kreuznach, 26 novembre; Marly, mars 1959, etc.), entre ceux que l'on allait dès lors appeler les deux patriarches de l'Europe. L'autre événement de l'année 1958 sur le plan extérieur allait venir de Moscou. Dès le 9 novembre, à la veille de la rencontre de Bad-Kreuznach, Nikita Khrouchtchev avait annoncé que l'URSS était décidée à régler la question de Berlin. Le troisième gouvernement Adenauer ne devait pas se terminer sans que la politique gaulliste, d'une part, et la crise de Berlin, d'autre part, eussent mené à de nouvelles difficultés. Sur le plan franco-allemand, la rencontre de Rambouillet du 29 juillet 1960, présentée d'abord comme un succès, se révéla ensuite lourde de malentendus. Le plan Fouchet de coopération européenne ne pouvait faire oublier aux Allemands de l'Ouest la nécessité de maintenir à tout prix leur solidarité avec les Etats-Unis. La construction, le 13 août 1961, d'un mur entre les deux Berlin devait le leur rappeler encore plus brutalement. Du coup, les élections de septembre 1961 prirent une signification nouvelle. Un grand nombre d'électeurs chrétiens-démocrates, mécontents de l'obstination du chancelier à rester à la barre et sensibles aussi, peut-être, au demi-échec de sa politique européenne et à l'impasse de la réunification, donnèrent leurs voix aux libéraux. La CDU perdit la majorité absolue au Bundestag. Pour les Allemands moyens, Conrad Adenauer aura été l'homme de la situation. C'est lui qui aura rendu à l'Allemagne les moyens d'une politique réellement indépendante, une souveraineté certes encore théorique, mais appuyée sur l'armée déjà la plus puissante d'Europe occidentale et sur une puissance économique qui a fait revenir la République fédérale au premier rang des grands pays industriels et commerciaux. Reste à signaler une tragique lacune dans la politique de Conrad Adenauer. Voué à la politique étrangère, il ne se préoccupa jamais de donner à son long gouvernement, sur le plan intérieur, l'impulsion qui eût été nécessaire pour résoudre les gigantesques problèmes sociaux posés par la succession de l'hitlérisme. Le libéralisme de son ministre de l'économie, le professeur Erhard, baptisé officiellement " économie sociale de marché ", a peu mérité cette épithète. Les yeux fixés sur la conjoncture, le professeur Erhard et son équipe ont su faire renaître de ses cendres un capitalisme dont le dynamisme l'emporte de loin sur celui de ses concurrents européens. Mais les tentatives méritoires des Alliés dans la Ruhr pour détruire les grands trusts, les efforts d'une centrale syndicale pourtant riche et unifiée pour développer le droit de cogestion ouvrière, ont tous finalement échoué devant l'indifférence d'Adenauer à cette sorte de problèmes. De ce point de vue, il n'est pas téméraire d'affirmer qu'il s'est opéré en Allemagne occidentale, pendant l' " ère adénauerienne ", une restauration économique et sociale que l'expérience communiste en Allemagne orientale, servant de repoussoir, a encore favorisée. Il était inévitable qu'elle se reflétât dans le domaine politique par le retour, ou tout simplement le maintien, voire l'ascension, des anciennes " notabilité " plus ou moins compromises dans l'aventure nazie. Avoir ainsi laissé faire, au nom du libéralisme économique, sera une question que l'histoire posera à Conrad Adenauer. ROLLAND DELCOUR Le Monde du 20 avril 1967

« Ce sera son mérite d'avoir compris que la réconciliation franco-allemande était devenue pour ce qui restait de l'Europe unequestion de vie ou de mort.

Tous les Allemands sont de coeur avec leur chancelier quand il accepte d'emblée, le 11 mai 1950,l'idée du plan Schuman, et l'opposition violente de Schumacher engagera la social-démocratie dans une voie sans issue.

Mais laguerre de Corée, éclatant sur ces entrefaites, tout juste un mois après la proposition de Robert Schuman, devait obliger ConradAdenauer à tirer jusqu'au bout les conséquences de la division du monde en deux blocs antagonistes.

Au lieu d'apporter en dot àune communauté pacifique la puissance de son industrie, qui allait à partir de 1948 se relever avec une rapidité " miraculeuse ",l'Allemagne était invitée à contribuer à la défense de la communauté occidentale. Le 27 mai 1952, les traités germano-alliés, portant création de la communauté européenne de défense, étaient signés, et uneAssemblée ad hoc était chargée de préparer un projet de Constitution fédérale européenne. Logique avec lui-même, le chancelier Adenauer pouvait voir dans les Etats-Unis d'Europe le couronnement d'une oeuvretoujours fondée sur l'ambition suprême de rendre à l'Allemagne occidentale droit de cité dans la communauté des nations libres.Ayant obtenu l'abandon des démantèlements et des projets français de séparation de la Ruhr en souscrivant à la création del'Autorité internationale de Düsseldorf, il obtenait la disparition de celle-ci grâce à la création de la Communauté charbon-acier.Restait la souveraineté politique : l'entrée de l'Allemagne dans la Communauté de défense lui assurait, dans toute la mesurecompatible avec la présence des Russes en zone orientale et à Berlin, la disparition du statut d'occupation, remplacé par un" contrat ".

Ainsi Conrad Adenauer avait-il réussi, sans plus " finasser " cette fois, ce que Stresemann avait fait mine autrefois defaire à Locarno.

L'Allemagne rompait avec la tradition de la contre-assurance avec l'Est pour retrouver sa vocation de" gardienne de l'Occident " face à la barbarie asiatique. Le contraste entre la prospérité régnant à l'Ouest et la force grandissante de la communauté occidentale, d'une part, la misère etla terreur sévissant à l'Est, d'autre part, obligerait tôt ou tard les Russes à céder sous une sorte de pression à la fois morale etmatérielle et à évacuer leur zone.

Y croyait-il vraiment ? Le résultat des élections générales de 1953, qui allaient manifester pour la première fois l'étendue de la popularité du chancelier,prouve en tout cas que les doutes sur l'avenir de l'unité du pays étaient relégués par les premiers signes du retour de la prospéritéà l'arrière-plan de la conscience des électeurs.

Le scrutin du 6 septembre 1953 donna 42,2 % des voix au Parti chrétien-démocrate, contre 28 % aux socialistes.

Avec 244 sièges, le parti du chancelier disposait de la majorité absolue au Parlement. C'est pourquoi le rejet de la CED par le Parlement français, le 30 août 1954, fut une cruelle déconvenue pour ConradAdenauer et pour un très grand nombre d'Allemands.

Cependant, grâce à la conférence de Londres, le chancelier put présenterla solution de remplacement (entrée de la République fédérale dans l'Organisation atlantique, création d'une Union européenneoccidentale chargée de contrôler plus ou moins le réarmement de l'Allemagne) comme une nouvelle victoire pour l'Allemagne.

LaRépublique de Bonn n'entrait-elle pas de plein droit dans l'OTAN sur un pied d'égalité avec les autres nations ? Les accords surle statut européen de la Sarre, signés avec Mendès France le 23 octobre 1954, ne constituaient, comme la suite des événementsdevait le prouver, qu'une contrepartie révisable.

Le retour de la Sarre à l'Allemagne en 1957 permettait à la République fédéraled'effacer à l'Ouest les traces de la guerre. Mais il n'en était pas de même à l'Est.

Le jour même où les accords de Paris étaient signés, Moscou envoyait aux puissancesoccidentales une nouvelle note qui en récusait à l'avance les conséquences et proposait de réunir une conférence à quatre.

Elle setint au cours de l'hiver 1954 à Berlin, sans apporter aucune modification dans les positions soviétiques.

Le 7 juin 1955, ConradAdenauer était officiellement invité en URSS.

Les conférences se succédaient à Genève (...).

Bon gré mal gré, il fallut aller àMoscou, ce qui pour le chancelier prit figure de Canossa. Un avenir brillant Après avoir proclamé que l'échange d'ambassadeurs proposé par le Kremlin ne serait accepté par son gouvernement que sousconditions, il lui fallut l'accepter sans qu'aucune de ces conditions eût été remplie.

Bonn ouvrit à Moscou une ambassade à côtéde celle de la RDA (République démocratique allemande).

Du moins le chancelier put-il faire libérer dix mille prisonniersallemands encore retenus en URSS. Bien que sur le plan parlementaire son autorité ait paru amoindrie à la suite de la rupture de la coalition gouvernementale quequittèrent successivement le bloc des réfugiés, puis les libéraux, et à laquelle seul le petit Parti allemand resta fidèle, le vieuxchancelier, qui allait fêter au début de 1958 son quatre-vingt deuxième anniversaire, parut à l'approche du combat retrouver denouvelles forces.

Son éloquence plus familière et incisive que jamais fit merveille.

Son leitmotiv était simple : " Regardez autour devous, disait-il aux électeurs, Craignez de perdre tout ce que je vous ai donné.

" Et de rapporter sans cesse à ses auditeurs l'état. »

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