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Article de presse: Guerre électronique sur la piste Ho-Chi-Minh

Publié le 17/01/2022

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8 février 1971 - La " guerre électronique " a commencé en 1967 et a atteint, depuis, des proportions fabuleuses qui tiennent de la science-fiction. La distance séparant le col de Mu-Gia de la zone démilitarisée est, à vol d'oiseau, de 110 kilomètres, mais le réseau de pistes mesure environ 5 200 kilomètres, c'est ce qu'on appelle la piste Ho-Chi-Minh. Pour perturber le ravitaillement des combattants au Sud-Vietnam, les Américains lancent de nombreuses bombes conventionnelles, mais ils ont aussi mis au point des engins plus sophistiqués. En voici quelques exemples. Le M-36 est une bombe incendiaire contenant cent quatre-vingt-deux bombes-filles. Le BLU-31, mine de 705 livres, s'enterre à l'arrivée au sol. Le PAVE-PAT-II est une bombe de 2 500 livres qui est parachutée elle renferme du propane, explose au contact des arbres et sert en particulier à détruire la jungle. La " dent de dragon ", arme anti-personnelle surtout, peut être larguée à des milliers d'exemplaires par un seul avion. Des engins d'une tonne, comme la bombe guidée au laser et le EO (qui possède une petite caméra de télévision dans son nez), sont utilisés contre les entrées de grottes. Un fantastique dispositif électronique est mis au service de ces engins et des pilotes. Il sert d'abord à détecter les mouvements suspects. Le " Spikebuoy " s'enterre l' " Acoubuoy " reste pendu aux arbres. L' " Adsid " s'enterre aussi, mais possède une petite antenne ressemblant à une plante tropicale. Sa version perfectionnée, l' " Acousid ", peut émettre sur commande. Ainsi, des milliers d'engins transmettent des renseignements ils ne peuvent être repérés par personne, car ils s'autodétruisent si leur enveloppe est fracturée. La " guerre électronique " a pour nom de code : " Igloo White ". Le Laos est survolé par le QU-22B, engin sans pilote, pouvant voler très haut. Les données ainsi recueillies du haut du ciel sont immédiatement transmises au centre de surveillance de l'infiltration, situé en Thaïlande, où les renseignements de chaque appareil électronique sont traités dans un IBM 360-65 S. Des officiers spécialisés " couvrent " des secteurs très précis. Ils ont à leur disposition les données fournies par tous les " renifleurs " au sol, un ordinateur et les avions destinés à intervenir pour des missions de haute précision. Lorsque l'ordinateur " découvre " une activité adverse dans la jungle, il avertit immédiatement l'officier celui-ci voit alors apparaître devant lui, sur un écran, la carte des " pistes " du secteur indiqué. Sur cette carte sont indiqués les emplacements des " renifleurs " l'écran s'éclaire de lumières et il est possible de " suivre " les déplacements de troupes communistes et de camions. Les avions sont alors " contactés ". Les pilotes des F-4 donnent à leurs ordinateurs de bord les renseignements transmis et l'avion prend automatiquement la direction de la cible choisie. Si le temps est mauvais, les ordinateurs déclenchent eux-mêmes le dispositif de largage des engins. Mais le mystère reste entier : comment les Nord-Vietnamiens, petit peuple pauvre, sous-développé, usant de pelles, de pioches, de lents camions, sur un terrain cahoteux, dans un climat éprouvant, parviennent-ils à passer " malgré tout ", à survivre à cette guerre de l'an 2 000, à déclencher leurs offensives mettant en difficulté une armée d'avant-garde qui a à son service la brillante technologie du plus riche pays du monde ? JACQUES DECORNOY Le Monde du 24 mars 1971

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