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Article de presse: Jean Leguay : j'ai fait mon métier

Publié le 22/02/2012

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Mémoire 1978 - Jean Leguay, qui fut le délégué du secrétaire général de la police de Vichy dans la zone occupée, répond ci-dessous à nos questions alors qu'il n'était pas encore inculpé de crimes contre l'humanité. " Que faisiez-vous sous l'occupation ? " -J'étais préfet hors cadre, je me suis trouvé remplir des fonctions qui étaient ce qu'elles étaient. J'étais le représentant à Paris de René Bousquet, secrétaire général de la police, il m'a demandé d'être son adjoint. C'était un poste de secrétariat, je ne disposais d'aucun pouvoir de police en tant que préfet hors cadre. Ce poste était sans existence statutaire. Je ne dis pas cela pour minimiser mon rôle. J'étais le représentant de Bousquet dans les relations avec les Allemands. En 1943, j'ai été relevé de mes fonctions. Les allemands ont exigé mon départ. -Vous êtres resté jusqu'en 1944. -Non, j'étais alors préfet de l'Orne. Dans une situation difficile ... Vous savez que le débarquement a eu lieu en Normandie. Alençon était très loin de Paris. -Les Allemands étaient là. -On se contrôlait soi-même. On faisait ce qu'on pouvait pour aider les gens. A la Libération, j'ai été soumis à une investigation approfondie par toutes les instances administratives et judiciaires, vous pensez bien ! j'ai été révoqué. J'ai fait un recours en Conseil d'Etat. En 1945, le ministère de la production industrielle m'a chargé d'une mission à New-York. Je n'ai sollicité aucun poste. Il faut croire que j'étais considéré comme un fonctionnaire sérieux et compétent. Je ne me sens pas particulièrement coupable. J'ai fait le métier que je devais faire, au mieux. -Dans un ouvrage de la fondation Hoover, vous avez écrit : " Il est inutile de préciser que l'arrestation de vingt mille juifs par la police parisienne n'eut pas lieu. " Vous maintenez ? -C'est un détail. Je crois vraiment que ce n'est pas la peine de rentrer dans les détails. Je me souviens de cet incident. Ce n'est pas le texte exact. Il faut vous y reporter. -Le voici. Est-il tronqué? -Je ne dis rien de pareil. Je transmettais simplement, vous savez, les messages de Vichy aux Allemands, je rendais compte. Je n'avais pas à m'occuper de la police judiciaire ou des renseignements généraux. Je m'occupais d'administration, de gestion du personnel, des passeports, de circulation, de la réglementation. Et puis, des relations avec les préfets de la zone occupée. -Dans un compte rendu d'une réunion en date du mois de juillet 1942, à laquelle vous assistiez, Röthke, adjoint et futur successeur de Dannecker, représentant à Paris d'Eichmann, l'organisateur de la " solution finale ", précise : " Les représentants de la police française ont, à différentes reprises, exprimé le désir de voir les enfants également déportés à destination du Reich ". -Ah ! La question des enfants ! Elle n'a pas été traitée par moi, mais par Laval. -Vous étiez à cette réunion, Laval n'y était pas. -J'étais observateur, je n'ai rien décidé du tout. J'étais l'adjoint de Bousquet et Bousquet n'avait aucune autorité sur la police . Je ne me suis pas occupé de cette affaire. Je n'ai aucune responsabilité dans les rafles. -Mais , le 5 août, en réponse à une lettre du 31 juillet, vous écrivez à Darquier de Pellepoix... -Moi? Certainement pas. -En parlant des convois de déportés, vous lui écriviez : " J'ai pris les dispositions suivantes pour que les départs aient lieu aux dates indiquées. " Suivent les dates. -Toute cette affaire ne peut pas être jugée sur des points précis, mais dans un ensemble. C'était probablement une communication. Je ne vois pas de décision. " Si je n'avais pas été là, ç'aurait été un autre " -Vous êtres l'un des rouages qui ont permis les rafles et les déportations. -Le chef de gare qui faisait partir les trains aussi. Si je n'avais pas été là, ç'aurait été un autre. J'ai probablement signé des lettres. Ce sont mes services qui me les présentaient. Cela touche des juifs étrangers, en zone libre essentiellement. Mon secteur était la zone occupée. C'est incroyable toutes ces archives allemandes... Je ne sais d'ailleurs pas à quel point c'est vrai... -Que devenaient les déportés ? -Il s'agissait de regroupements d'israélites étrangers en Allemagne. Des regroupements..., on ne savait pas. La radio de Londres n'a jamais parlé de camps. -Dans une note de Röthke du 18 août 1942, ont lit : " Leguay fit savoir qu'il avait, de son côté, proposé au gouvernement français de mettre à notre disposition, dès la fin août et pendant les premiers jour de septembre, la totalité des juifs prévus pour le programme de septembre, la zone occupée disposant d'assez de places dans ses camps pour recevoir les juifs à interner dans leur totalité. " -Les Allemands disent ça ! C'est absurde. L'ensemble de mon comportement montre le contraire. Je ne sais pas ce que racontait M. Röthke, mais ça n'a aucun rapport avec la réalité. J'essayais par tous les moyens de contrecarrer les Allemands. -Vous prétendez toujours que " l'arrestation de vingt mille juifs par la police parisienne n'eut pas lieu "? -A l'origine, avant Röthke, il y avait Dannecker, avec qui on ne pouvait pas parler. Je me suis plaint à Bousquet, qui a transmis à Laval. Ils ont mis Röthke. Il n'y pas eu de rafle de vingt mille juifs français. C'étaient des juifs étrangers. -Il y a eu, au minimum, soixante-quinze mille sept cent vingt et un juifs déportés de France. -Ah ! C'est possible, mais il n'est pas dit que les juifs français ont été arrêtés par la police française. Je n'étais pas là avant. Je ne sais pas. -Pour vous, arrêter des juifs étrangers qui se sont réfugiés en France, et leurs enfants, français, c'est moins grave ? -Pour moi, entendons-nous , à l'époque, nous étions dans l'obédience allemande. C'étaient des juifs allemands, polonais. Le gouvernement français défendait ses ressortissants, c'est normal. Les enfants... Propos recueillis par LAURENT GREILSAMER Le Monde du 12 novembre 1978

« -Le chef de gare qui faisait partir les trains aussi.

Si je n'avais pas été là, ç'aurait été un autre.

J'ai probablement signé deslettres.

Ce sont mes services qui me les présentaient.

Cela touche des juifs étrangers, en zone libre essentiellement.

Mon secteurétait la zone occupée. C'est incroyable toutes ces archives allemandes...

Je ne sais d'ailleurs pas à quel point c'est vrai... -Que devenaient les déportés ? -Il s'agissait de regroupements d'israélites étrangers en Allemagne.

Des regroupements..., on ne savait pas.

La radio deLondres n'a jamais parlé de camps. -Dans une note de Röthke du 18 août 1942, ont lit : " Leguay fit savoir qu'il avait, de son côté, proposé au gouvernementfrançais de mettre à notre disposition, dès la fin août et pendant les premiers jour de septembre, la totalité des juifs prévus pour leprogramme de septembre, la zone occupée disposant d'assez de places dans ses camps pour recevoir les juifs à interner dansleur totalité.

" -Les Allemands disent ça ! C'est absurde.

L'ensemble de mon comportement montre le contraire.

Je ne sais pas ceque racontait M.

Röthke, mais ça n'a aucun rapport avec la réalité.

J'essayais par tous les moyens de contrecarrer les Allemands. -Vous prétendez toujours que " l'arrestation de vingt mille juifs par la police parisienne n'eut pas lieu "? -A l'origine, avant Röthke, il y avait Dannecker, avec qui on ne pouvait pas parler.

Je me suis plaint à Bousquet, qui a transmisà Laval.

Ils ont mis Röthke.

Il n'y pas eu de rafle de vingt mille juifs français.

C'étaient des juifs étrangers. -Il y a eu, au minimum, soixante-quinze mille sept cent vingt et un juifs déportés de France. -Ah ! C'est possible, mais il n'est pas dit que les juifs français ont été arrêtés par la police française.

Je n'étais pas là avant.

Jene sais pas. -Pour vous, arrêter des juifs étrangers qui se sont réfugiés en France, et leurs enfants, français, c'est moins grave ? -Pour moi, entendons-nous , à l'époque, nous étions dans l'obédience allemande.

C'étaient des juifs allemands, polonais.

Legouvernement français défendait ses ressortissants, c'est normal.

Les enfants... Propos recueillis par LAURENT GREILSAMER Le Monde du 12 novembre 1978. »

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