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Article de presse: La Grande-Bretagne instaure un salaire minimum

Publié le 17/01/2022

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18 juin 1998 - Promise lors de la campagne électorale du printemps 1997 par les travaillistes, l'instauration d'un salaire minimum national de 3,60 livres l'heure (environ 36 francs) à partir de 1999 a été annoncée le jeudi 18 juin par le ministre du commerce et de l'industrie, Margaret Beckett. Les jeunes âgés de dix-huit à vingt ans ne seront payés que 3,20 livres l'heure, comme l'avait proposé la commission ad hoc Low Pay Commission sur les bas revenus. " Un moyen pour les bas salaires d'échapper au piège de la pauvreté " : c'est ainsi que Mme Beckett a qualifié la décision de son gouvernement. La ministre a justifié la limite d'âge par l'existence du programme d'aide aux jeunes le Welfare to Work, qui vise à favoriser le retour à l'emploi des personnes dépendant de l'aide sociale. Deux millions de personnes, soit 9 % de la population active, devraient profiter du futur SMIC. Les syndicats réclamaient un niveau proche de 4,3 livres l'heure, le patronat 3,5 et les Chambres de commerce 3. Une fois n'est pas coutume, le premier ministre, Tony Blair s'est montré plus sensible aux arguments des milieux d'affaires, très influents dans son entourage, qu'à ceux des syndicats appuyés par Mme Beckett et l'aile gauche du Labour. La Confédération des industries britanniques, le CBI, avait évoqué les risques de licenciements de travailleurs les moins qualifiés, en particulier les femmes employées dans les services. Par ailleurs, aux yeux de l'équivalent du CNPF, un SMIC trop élevé aurait pu indirectement entraîner des pertes d'emplois qualifiés. Face à l'inflation salariale, qui atteint déjà 5 %, la Banque d'Angleterre aurait pu être amenée à resserrer encore davantage le loyer de l'argent, porté le 4 juin, à 7,5 %, prenant ainsi à la gorge des industriels dont la compétitivité est actuellement fortement pénalisée par la surévaluation de la livre sterling. Dans son dernier rapport sur l'inflation, publié en mai, l'institut d'émission, désormais indépendant du pouvoir politique, avait estimé que le montant proposé par la Commission ajouterait 1 % à la hausse des salaires dans le privé. Ce cri d'alarme n'a pas manqué d'inquiéter le chancelier de l'Echiquier, Gordon Brown, qui s'est fixé 2,5 % comme objectif d'inflation en 1998-99. Face aux syndicats, Tony Blair a tranché en faveur de l'opinion du CBI, soutenu par le ministre des finances. Le Premier ministre entend protéger le " modèle social britannique " en matière d'emploi hérité par les conservateurs, cocktail doux-amer de flexibilité du travail et de modération fiscale. MARC ROCHE Le Monde du 20 juin 1998

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