Article de presse: La menace des mégalopoles
Publié le 22/02/2012
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14 août 1984 - L'évolution démographique actuelle donne au problème des mouvements de population une particulière acuité en raison de l'exode rural dans les pays en voie de développement, du départ à l'étranger de nombreux travailleurs en quête d'une meilleure situation ou simplement d'un emploi. L'urbanisation et l'émigration vont ainsi être les problèmes des années 80, soulignait Rafaël Salas, directeur général du fonds des Nations unies pour les activités en matière de population.(FNUAP) Dans les pays en voie de développement, de plus en plus de ruraux sans terre ou sans travail quittent leur village pour la grande ville. Ces migrations viennent renforcer l'augmentation naturelle d'une population urbaine déjà importante, alors que la croissance des villes est pratiquement arrêtée dans les pays industrialisés. Ainsi, dans le tiers-monde, la population urbaine va augmenter d'un tiers d'ici à l'an 2 000.
La Conférence a simplement invité les Etats à " promouvoir un développement régional plus équitable et à créer des réseaux de petites villes et de villes moyennes ", et à améliorer la situation des zones rurales. En effet, les experts sont partagés sur les effets de l'urbanisation: selon le dernier rapport de la Banque mondiale, en Afrique, au sud du Sahara, 66 % des habitants des villes sont approvisionnés en eau potable, contre 10 % seulement des ruraux; les avantages de la ville ne tiennent que jusqu'à 150 000 habitants.
Au-delà, une véritable course de vitesse s'engage entre l'accroissement du nombre d'habitants et la construction de logements, la voirie, l'alimentation en eau, les services d'hygiène. Le coût des infrastructures dépasse les moyens des pays pauvres. Or ce sont surtout les mégapoles qui vont se gonfler dans les quinze prochaines années: selon l'ONU, le nombre de villes de plus de 4 millions d'habitants va passer de trente-cinq en 1980 à soixante-sept en l'an 2 000, celui des villes de plus de 10 millions d'habitants de trois (Londres, New-York, Shanghai) à vingt-quatre, dont dix-sept dans le tiers-monde.
L'extension des " cités perdues "
Les effets de cette urbanisation galopante sont particulièrement visibles en Amérique latine, où 69 % des populations résident déjà dans des villes (contre 73 % en Europe) et 22 % dans des villes de plus de 4 millions (28 % en l'an 2 000): croissance anarchique, multiplication des bidonvilles (favelas de Rio ou de Sao-Paulo, poblaciones de Santiago-du-Chili), où s'accumulent de nouveaux squatters, pollution, difficultés de transport malgré les autoroutes ou les grandes avenues qui les traversent, équipements insuffisants.
Caractéristique est le cas de Mexico, déjà la première ville du monde (de 15 à 17 millions d'habitants selon les évaluations) et qui en comptera plus de 30 millions d'ici dix-sept ans. Mexico, bruyante et polluée, particulièrement dans le nord industriel et pauvre, est entouré d'une ceinture de " cités perdues " (les ciutades esperidas) satellites : ainsi Netzahualcoyotl, bidonville qui se transforme en vraie cité avec des magasins, voire des cinémas, approche aujourd'hui le million d'habitants. Pour faire simplement face à l'augmentation du nombre de véhicules, déclarait il y a trois ans M. Guzman, gouverneur du district fédéral de Mexico, il faudrait construire 1 000 à 1 200 kilomètres de rues par an.
L'Asie et l'Afrique auront aussi leurs mégapoles, avec leur cortège de misères : d'ici à l'an 2000, Calcutta, par exemple, doit passer de 9,5 à 16,6 millions d'habitants, Bombay de 8,5 à 16 millions, Le Caire de 7,3 à 13,2 millions.
GUY HERZLICH
Le Monde du 16 août 1984
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