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Article de presse: La réforme du système des paiements extérieurs

Publié le 17/01/2022

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11 août 1957 - Le journal Officiel du 11 août publie trois décrets, six arrêtés et deux avis de l'Office des Changes qui modifient profondément la réglementation du commerce extérieur. Cette réforme, décidée par Felix Gaillard, ministre des finances, vise a rétablir l'équilibre de la balance des comptes et éviter ainsi une dévaluation. Le système mis en place consiste, en gros, à soumettre tous les achats de devises étrangères pour le règlement des importations et autres opérations à un " prélèvement " de 20 %, et à faire bénéficier les exportations visibles et invisibles d'un " versement " de 20 %, la compensation étant faite par le Fonds de stabilisation des changes. Il répond, entre autres préoccupations, à celle de simplifier le régime actuel. Les taxes temporaires de compensation sur les importations, d'une part, les diverses formes d'aide à l'exportation, d'autre part, constituant une réglementation compliquée. Nous en étions venus pratiquement à un système de changes multiples, qui gênait souvent les échanges, donnait lieu à des fraudes et soulevait des protestations de la part des pays étrangers. Le prélèvement ou versement uniforme de 20 % remplacera ce fouillis de taxes et de subventions, et aura l'avantage de la simplicité. Le nouveau régime a pour but, d'autre part, de remédier à la disparité entre les prix français et étrangers et de rétablir l'équilibre de la balance des paiements. Le prix des importations se trouvera en somme augmenté de 20 % et celui des exportations diminué de 20 %. Ce chiffre a été choisi parce qu'il correspond à peu près à la disparité des prix. C'est aussi à peu près le même écart qu'enregistraient les changes sur les marchés parallèles. Le renchérissement des importations tendra à les freiner, en même temps que les exportations (visibles ou invisibles) seront favorisées. L'opération devrait avoir aussi une autre conséquence, de la plus grande importance pour l'avenir immédiat. Les spéculations contre le franc, qui ont accéléré ces derniers temps les pertes de devises, provenaient de la croyance de plus en plus répandue que les rapports actuels des prix et des changes ne pourraient plus être maintenus longtemps et qu'un ajustement d'ordre monétaire s'imposerait à brève échéance. L'ajustement n'est pas celui qu'on attendait, mais il corrige les déséquilibres à peu près dans la mesure généralement prévue. Peut-être même le taux de 20 % est-il supérieur à la disparité réelle, si bien que le franc apparaîtra légèrement sous-évalué. Ce résultat aurait pu être obtenu par une dévaluation. Mais celle-ci aurait été très dangereuse dans les circonstances actuelles. Elle aurait risqué d'accélérer à l'intérieur la hausse des prix et des salaires. En plus de ses effets psychologiques, elle aurait automatiquement élevé le prix de tous les objets importés. Le système adopté permet d'exempter de cette hausse les produits énergétiques et les matières premières, soit les objets les plus essentiels, qui représentent 40 % des importations. La hausse devrait donc être limitée. Les déséquilibres de prix et des changes se trouvent corrigés, la spéculation contre le franc devrait logiquement cesser. La prime versée aux exportateurs est même de nature à amener rapidement des rapatriements de devises. La question est de savoir si, à l'intérieur et à l'extérieur, l'opinion considérera comme solide et stable la nouvelle base de nos échanges. MARCEL TARDY Le Monde du 13 août 1957

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