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Article de presse: Le rire a tué la mini-jupe

Publié le 17/01/2022

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1966 - Que les censeurs et les moralistes, un instant alarmés, se rassurent : la mini-jupe n'aura vécu qu'une saison. Lancée par Pierre Cardin voici deux ans, l'ancêtre de la mini-jupe faisait partie d'un ensemble de sports d'hiver, porté avec un manteau à mi-mollet, des bas et un chandail dans le même cachemire imprimé, le tout terminé par des bottillons à talons plats. Depuis, ce style s'est généralisé, mais en réalité plus dans la publicité que dans la rue. C'est ainsi qu'au dernier Salon du prêt-à-porter les fabricants ont présenté à la presse des modèles ultra-courts tout en spécifiant bien qu'ils seraient livrés " au genou ". Il est en effet curieux de constater à quel point ce désir apparent de choquer à outrance ne correspond pas aux réalités commerciales, puisque pour avoir écrit qu'un certain style hardi importé d'Angleterre ne pouvait convenir qu'aux boutiques d'avant-garde, j'ai reçu une mise au point du fabricant britannique me précisant qu'il livrait en fait à la longueur " européenne ". La plupart des grands magasins français n'en ont pas commandé et, dans les boutiques où j'ai mené cette enquête, ce style n'était proposé que pour la plage. G. Pasquier, l'un des plus importants " jupiers " de Paris avec huit cents dépositaires en province, livre ses créations " au genou ". Un seul fabricant de nouveautés, Harry Lans, a lancé les siennes à Paris, où six mille mini-kilts ont été vendus, ce qui ne représente que 25 à 30 % de sa production du printemps dernier. Alors pourquoi cette publicité folle ? Certaines stylistes et modélistes du prêt-à-porter espèrent toujours obtenir ainsi des achats d' " impulsion ". Pour elles, les femmes veulent conserver toute l'année l'atmosphère de leurs vacances, mais c'est là seulement que la mini-jupe trouve sa vraie vocation... qui est de remplacer le short. Ainsi, abandonnées à la ville, verra-t-on les mini-jupes de Saint-Tropez à Morgat, seyantes, en tissu éponge ou en crépon de coton et dans tous les coloris vifs, allongeant les jambes bronzées et portées avec des nu-pieds. NATHALIE MONT-SERVAN Le Monde du 14 juillet 1966

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