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Article de presse: Souvanna Phouma : l'unificateur

Publié le 22/02/2012

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21 mars 1956 - Il était né à Louang-Prabang, la capitale royale, en 1901. Comme tant d'autres personnalités du Sud-Est asiatique, Souvanna Phouma doit peut-être aux Japonais d'être entré dans l'action politique. Les Nippons trouvèrent un allié à Louang-Prabang en la personne du prince Petsarath, qui allait proclamer l'indépendance du royaume. Souvanna Phouma entra en 1945 dans le gouvernement, le cabinet " Lao Isara " ( " Laos libre " ). Son demi-frère, Souphanouvong, déjà lié à Ho Chi Minh, contribuait à donner à cette équipe une orientation de gauche. Les mots " Pathet Lao " ( " Etat du Laos " ) apparurent alors dans le vocabulaire politique. Cependant, après les hostilités, les Français reviennent en force. Paris place le pays sous la direction nominale du roi de Louang-Prabang, souverain constitutionnel. Mais la tutelle coloniale n'est pas levée. La plupart des leaders laotiens se réfugient à Bangkok. Souphanouvong et ses amis optent pour la lutte armée. Souvanna Phouma va se rallier à l'Union française : le 19 juillet 1949, le Laos devient un Etat associé. Souvanna Phouma rentre alors à Vientiane. Ministre des travaux publics en 1950, Souvanna Phouma remporte à la tête de son parti progressiste les élections de 1951. Le roi le nomme alors chef du gouvernement. Le 22 octobre 1953, le royaume accède à l'indépendance totale. L'indépendance n'est pas la paix en ces temps de déchirements et alors que, tout près de la frontière laotienne, a commencé le siège de Dien-Bien-Phu. Le régime de Vientiane glisse à droite, alors que le Pathet-Lao cherche à se faire reconnaître sur les bords du lac Léman comme le représentant du pays. Il n'y parvient pas, mais la gauche devra progressivement être intégrée à la vie politique du royaume. En fait, le Pathet-Lao se voit accorder l'administration de deux provinces avec, comme arrière-pays, la Chine et le Vietnam du Nord communistes. A l'automne de 1954, Souvanna Phouma se démet de ses fonctions : son neutralisme proclamé ne peut s'accommoder du jeu américain qui se développe dans le Saigon de Ngo Dinh Diem, à Bangkok comme à Manille, où est signé le traité de l'OTASE. Le Pathet Lao se transforme en parti, le Néo Lao Haksat, ou Front patriotique laotien, pour faciliter les négociations politiques et la réunification du royaume. A la fin de 1955, le parti de Souvanna Phouma a remporté les élections le prince reprend la tête du gouvernement; au printemps de 1956, un accord est finalement signé avec la gauche Pékin et Moscou s'engagent à respecter la neutralité du régime. Le compromis ne va pas durer : les clans de droite soutenus par les Américains réagissent, contraignent, en juillet, Souvanna Phouma à la démission et placent à la tête du gouvernement Phoumi Sananikone, qui emprisonne aussitôt plusieurs chefs de la gauche, dont Souphanouvong, et ouvre toutes grandes les portes aux " conseillers " américains En mai 1960, Souphanouvong s'évade et rejoint ses troupes. Apparaît alors sur la scène politique un jeune capitaine de parachutistes, Kong Le, qui se réclame de la politique de neutralité définie par les accords et prend le pouvoir avant qu'en août le roi nomme, une fois encore, Souvanna Phouma à la tête du gouvernement. C'est compter sans l'action américaine. En décembre, Souvanna Phouma doit se sauver à Phnom-Penh, laissant le champ libre aux partisans de la lutte à outrance contre les communistes et les neutralistes. A la suite de compromis très provisoires entre les Grands, les trois princes laotiens se rencontrent en avril-mai 1961 : il s'agit de Souvanna Phouma-au " centre ",-de Souphanouvong et de Boun Oum, prince féodal du Sud. De cette rencontre sortira la conférence de Genève, mais il faut attendre le 23 juillet 1962 pour que le traité international soit signé. Une fois encore, Souvanna Phouma apparaît comme l'unificateur, l'homme du centre. C'est lui qui dirige le gouvernement de coalition. JACQUES DECORNOY Le Monde du 11 janvier 1984

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