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Article de presse: Terreur à Munich

Publié le 17/01/2022

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5 septembre 1972 - Depuis le cessez-le-feu sur le canal de Suez et la visite de M. Brandt à Moscou, le monde s'était pris petit à petit à croire à la paix. La tragédie du Biafra avait été vite oubliée. La guerre indo-pakistanaise n'avait duré que quelques jours. Les voyages de M. Nixon en Chine et en URSS mettaient le point final à la guerre froide. Restait bien le Vietnam, mais des rumeurs de compromis circulaient périodiquement. C'est dans cette atmosphère que s'étaient ouverts les Jeux olympiques. L'expulsion de la Rhodésie avait bien rappelé que la politique n'en était pas absente. Mais les délégations arabes avaient accepté sans difficulté de prendre place à côté de celle d'Israël. L'Allemagne de l'Est, la grande ignorée de jadis, avait prouvé, par la valeur de ses représentants, la réalité de son existence. M. Brandt pouvait espérer faire de Munich, dont le nom évoque de si lourds souvenirs, le symbole, sous l'invocation de la fraternité sportive, d'un début de réconciliation universelle. Cette paix, cette réconciliation, c'est précisément ce dont ne veulent pas les hommes de Septembre noir. Survivants du massacre de leurs frères par les troupes jordaniennes, ils sont prêts à tout pour éviter qu'on n'en vienne à oublier que, maintenant qu'Israël a retrouvé un territoire et un Etat, il existe un autre peuple qui s'en trouve privé. Persuadés qu'ils n'ont rien à attendre des grandes puissances, voyant que le roi Hussein s'achemine de plus en plus vers une paix de facto avec le sionisme abhorré, se méfiant de M. Sadate, ils ne voient de salut que dans la violence et le crime. Nous sommes, hélas! dans un monde où trop de gouvernements, parmi ceux qui s'indignent de l'attentat de Munich, admettent que la fin justifie les moyens. Israël, qui dénonce aujourd'hui le terrorisme, y a eu recours naguère pour parvenir à l'indépendance, comme tant d'autres peuples depuis la guerre. Certes, on ne saurait dire que le massacre n'ait pas eu de conséquences : les terroristes ont fait parler d'eux. Provisoirement, au moins, ils ont brouillé les cartes entre Israël et le gouvernement de Bonn, dont l'indiscutable bonne volonté ne saurait faire oublier la rare maladresse. Ces résultats comptent peu cependant en regard de la réprobation universelle que l'attentat vaut à ses auteurs. Jamais la France ou la Yougoslavie, par exemple, n'avaient réagi aussi énergiquement. Les pays arabes savent bien qu'ils risquent, eux aussi, de faire les frais de cette réprobation. Et c'est bien pourquoi plusieurs d'entre eux se désolidarisent ouvertement de l'action des hommes de Munich. Les desperados palestiniens n'ont jamais été aussi isolés. Sans doute vont-ils continuer de semer la terreur, y compris sous nos latitudes.(7 septembre 1972.) BULLETIN DE L'ETRANGER Le Monde du 7 septembre 1972

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