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Au procès de Je suis Partout

Publié le 22/02/2012

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Mémoire 1946 - Au moment de Munich, dans un numéro spécial que Rebatet compose seul, " Je suis partout " préconise la politique du recul non par prudence, mais dans l'espoir de voir le nazisme pénétrer les pays d'Europe. La guerre fortifie cet espoir. Je suis partout est interdit en juin 1940, une information est ouverte contre l'hebdomadaire pour menées antinationales. Lesca et Laubreaux sont arrêtés. Un an plus tard, il est autorisé à reparaître en zone occupée. L'équipe a été disloquée par la mobilisation et la défaite, divisée dans ses opinions. On bat le rappel des éléments purement national-socialistes qui se regroupent autour de Brasillach en une équipe homogène, dont celui-ci se retira pourtant en 1943. Je suis partout parut jusqu'aux derniers jours de l'occupation l'hebdomadaire tirait à trois cent mille exemplaires contre quarante mille en 1939. Lucien Rebatet Fils d'un notaire du Dauphiné, Lucien Rebatet est âgé de quarante-deux ans. Ses goûts le portaient plutôt vers les lettres et la musique mais ses opinions et le journalisme le jetèrent bientôt dans l'arène politique. Critique musical de l'Action française, il assure également sous le nom de François Vinneuil une chronique cinématographique remarquée. Il n'avait " jamais eu dans les veines un seul globule de sang démocratique " il s'éloigne cependant bientôt de l' " inaction française ". Plusieurs voyages en Allemagne l'avaient imprégné de ce génie germanique dont il subit intellectuellement l'influence. De Wagner à Nietzsche, il nourrit son esprit à cette mystique du chef dont il regrette que la France ait perdu la notion Lorsque, le 30 juin 1934, Hitler exécute ses lieutenants, " je ne me défendais pas, écrit-il, d'un vif mouvement d'admiration pour le chef qui venait de fondre lui-même du ciel l'arme à la main sur les lieutenants félons. Je n'ai jamais pu relire cette " nuit des longs couteaux " sans entendre les roulements de timbales et les sombres accords de cuivres qui annoncent dans la Tétralogie les vengeances épiques des dieux ". Dans les colonnes de Je suis partout, Rebatet s'acharne contre les israélites. Aux jours de la guerre, il se demande " s'il est bien nécessaire d'avoir la victoire " au matin de l'occupation, il vit " enfin se lever les nuées hermétiques sous lesquelles nous allons à tâtons ". Le salut est dans le fascisme il collabore au Cri du peuple et écrit dans la revue des Waffen SS. Il étale son mépris des Alliés et son admiration de l'Allemagne. Sur les décombres qu'il voudrait voir s'accumuler, Rebatet attend la victoire de ce " mortel de grande espèce " qu'était Hitler ! C'est dans son livre, dédié " aux amis qui me restent ", qu'il a donné la pleine mesure de sa passion haineuse. Rebatet, qui affirmait devant dix mille Parisiens n'être pas un " dégonflé " et qui, en juillet 1944, haranguait les miliciens casernés au lycée Saint-Louis, fuyait à la veille de la libération vers l'Allemagne. Claude Jeantet Claude Jeantet était entré dans le journalisme alors qu'il préparait sa licence de philosophie. On le trouve à l'Action française, à Candide, à Je suis partout, au Petit journal. Il devient en 1933 correspondant diplomatique du quotidien de Doriot, la Liberté . Il adhère au PPF. Réformé en 1939, il se met au service du 2e bureau. Rédacteur en chef du Petit Parisien peu après l'armistice, il démissionne deux fois à la suite d'incidents avec la censure allemande. Jeantet conserva durant toute l'occupation sa collaboration à Je suis partout, dont il était un des principaux actionnaires. Après la libération, il fit reparaître le Petit Parisien sur des presses allemandes et poursuivit la propagande auprès des prisonniers et des travailleurs. Pierre-Antoine Cousteau Pierre-Antoine Cousteau est âgé de quarante ans. Il entre en 1930 au Journal, puis à l'équipe de Je suis partout. Pacifiste de gauche en 1934, munichois en 1938, il fait une guerre honorable. Prisonnier, il est libéré en 1941 grâce aux démarches de Lesca, de Laubreaux et de l'ambassadeur espagnol de Lequerica auprès d'Abetz, qu'il avait lui-même connu avant la guerre. Malgré les adjurations de son père, rallié au général de Gaulle, Cousteau réintégra Je suis partout, le Cri du peuple, Paris-Soir. Il devient directeur politique de Je suis partout après le départ de Brasillach. " Sa propagande fut poursuivie inlassablement avec une verve tantôt sarcastique, mais toujours avec une grande sécheresse de coeur ". Membre actif de la Milice, il est responsable de l'arrestation de trois Français. Replié en Allemagne, il poursuivit sa campagne au micro de Radio-Patrie. Cousteau ne renie rien de ce qu'il a dit ou écrit, et s'étonne qu'on lui reproche d'avoir exprimé avec sincérité ses convictions et d'y être resté fidèle malgré le démenti apporté par les faits. Les trois autres accusés sont en fuite. Charles Lesca, administrateur de Je suis partout, Alain Laubreaux, son critique dramatique, et Henri Poulain collaborèrent à l'hebdomadaire durant toute l'occupation. Le Monde du 17 novembre 1946

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