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Auteurs: HOBBES

Publié le 22/02/2012

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Comme la plupart de ses contemporains, Hobbes est influencé par la pensée mécaniste de son temps. Chez lui, ce modèle d'analyse, découvert dans la physique et le mouvement animal, est étendu à notre activité intellectuelle, à nos " discours et nos désirs ", et permet un traitement scientifique de la morale et de la politique. Né en 1588, il fait de bonnes études à Oxford, puis entre au service d'une famille toute puissante du Devonshire. Les seuls événements marquants de son existence sont trois voyages en France et en Italie, ainsi qu'un long séjour à Paris où il fréquente les personnalités marquantes de son époque. Dans ses voyages comme dans ses méditations, il s'intéresse aux questions politiques auxquels il est sensibilisé par la guerre civile qui fait rage dans son pays, ainsi qu'aux problèmes mathématiques et physiques. Il contribue également à la diffusion de textes anciens en langue vernaculaire en traduisant Thucydide. Son premier texte politique, Elements of Law, circule sous le manteau, en 1640. Mais c'est seulement dix ans plus tard que paraissent ses grands ouvrages : le Léviathan en 1651, qui résume son anthropologie et sa théorie de l'État ; puis les trois parties successives d'une grande somme philosophique, dont le De Cive en 1642. Après cette période, Hobbes ne publie plus que quelques textes polémiques. Il reste en retrait de la vie intellectuelle jusqu'à sa mort, en 1679. La philosophie de Hobbes est plus préoccupée de physique que de métaphysique. Le monde y est conçu comme un pur mécanisme peuplé de corps en mouvement ou en repos, définis par l'étendue, qui sont alternativement actifs et passifs. Ces principes mécanistes permettent de décrire le mouvement vital, qui repose sur la circulation sanguine et se développe comme désir (conatus). Le désir, à son tour, s'exprime en volontés et en passions, ainsi qu'en sensations et en imaginations. Les pensées elles-mêmes sont l'effet de mouvements externes qui s'impriment en nous sous forme de sensations, d'images et de souvenirs. Cette anthropologie mécaniste sert de base à l'objectif principal de Hobbes : une science de la morale et de la politique. Dans l'état de nature, où les hommes sont mus par le désir de vivre et de conserver leur être, chacun tend à s'emparer de tout ce qui peut assurer sa subsistance, et à détruire tout ce qui peut la mettre en péril. L'état primitif est donc un état de guerre de tous contre tous, où le seul privilège reconnu est celui de la supériorité physique, acquise par la force et la ruse. Y règne un équilibre dans l'égale menace de mort qui pèse sur tous, une communauté d'insécurité et d'inculture, qui définit une vie bestiale et solitaire où " l'homme est un loup pour l'homme ". Ce sont donc à la fois la crainte permanente de la mort, ainsi que l'envie de satisfaire ses désirs, qui permettent d'élaborer un compromis, pour assurer à chaque individu la sécurité. Si l'égalité naturelle est un leurre, seule une inégalité artificielle garantira un ordre constant. La rançon de la paix est lourde : c'est de sa liberté que chacun doit payer, en transférant par un contrat tout son pouvoir naturel aux mains d'un seul et même homme, qui est ainsi constitué souverain unique et absolu. Unique, car il est le seul dépositaire du droit à se gouverner dont chacun s'est dépouillé ; et absolu, car, si tous ont contracté en sa faveur, lui-même n'est lié par aucun contrat avec ses sujets. Le Léviathan est donc au-dessus de tous les pouvoirs, et tire sa légitimité de cette toute-puissance. Il n'a que des fonctions et point de devoirs. Seule cette absoluité l'assure de ne rencontrer aucune opposition, d'être indivisible et, par suite, de maintenir un ordre pacifique et stable dans l'État. Hobbes nous fait ainsi passer du mécanisme naturel et chaotique à un mécanisme artificiel et rigoureux, dont le " Dieu mortel ", qu'est le prince, est maître. Toutefois, le Léviathan n'est pas une apologie du Tyran. La conservation de la vie individuelle demeure la pierre angulaire du système politique : tout citoyen menacé dans son existence par le fonctionnement de l'État a le droit de se défendre par tous les moyens. Ce droit permanent à la révolte agit comme une régulation du pouvoir absolu, qui a tout avantage à s'exercer de façon non abusive pour ne pas susciter la contestation toujours possible et légitime. Ainsi, la philosophie mécaniste, qui règne dans la nature comme dans l'État, a suscité de nombreuses interprétations selon lesquelles Hobbes est paradoxalement interprété comme un tenant du despotisme absolu qui défend le droit individuel de rébellion. Par ailleurs, le thème de la rationalité absolue de l'État, repris sous d'autres formes, refleurira chez Hegel et dans le marxisme. L'exigence de totalité, qui imprègne la pensée politique moderne, est donc peut être née dans la figure mythique du Léviathan.

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