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Ben Laden : un antiaméricanisme absolu au service du Djihad islamique

Publié le 17/01/2022

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11 septembre 2001 « Je me bats, donc je peux mourir en martyr et aller au paradis rencontrer Dieu. Notre lutte maintenant est contre les Américains », déclarait, il y a quelques années, au journal Al Qods al Arabi, Oussama Ben Laden. L'Amérique, dont il fut l'allié durant le djihad contre l'Union soviétique en Afghanistan, est devenue pour Oussama Ben Laden l'ennemi numéro un. Aucune de ses rares interventions publiques n'omet de mentionner « la guerre sainte » contre Washington. La haine de Ben Laden contre les Etats-Unis remonte à la guerre du Golfe et à l'invitation du roi Fahd d'Arabie saoudite aux troupes étrangères, principalement américaines, à venir défendre le royaume et reconquérir le Koweït envahi par l'Irak. Ben Laden, dont la famille a fait fortune dans la construction des palais royaux, avait plaidé en personne auprès du roi Fahd pour ne pas permettre l'invasion de troupes « infidèles sur le sol sacré d'Arabie qui abrite les deux lieux les plus sacrés de l'Islam, La Mecque et Médine ». Ben Laden venait alors de rentrer d'Afghanistan, où il avait été impressionné par la victoire des moudjahidins, « grâce à leur foi islamique », contre l'occupant soviétique. L'homme avait à peine trente ans. Pieux depuis son jeune âge, fils de l'une des familles les plus fortunées d'Arabie, il aurait pu jouir tranquillement de cette manne familiale. Mais il en fera une arme au service de ce qui est devenu pour lui une obsession : la défaite américaine. En 1992, harcelé par les services saoudiens, il s'installe au Soudan. C'est là, semble-t-il, qu'il développe sa propre infrastructure et crée son organisation, Al Qaida. Khartoum est alors le grand lieu de rendez-vous de tous les islamistes politiques. Ben Laden voit beaucoup de monde. Les Etats-Unis s'intéressent de plus en plus à lui et, en 1994, l'Arabie saoudite lui retire sa nationalité. En 1996, soumis aux pressions de plus plus fortes de Riyad, Khartoum pousse Ben Laden au départ. Il se rend en Afghanistan dans les zones contrôlées par le président Burhanuddin Rabbani. INTELLIGENT ET CHARISMATIQUE L'introduction de Ben Laden auprès de Mollah Omar, le chef suprême des talibans, ne se fait que plus tard. En Afghanistan, Ben Laden retrouve nombre de soldats perdus du djihad antisoviétique, arabes principalement, ainsi que des chefs d'organisations islamistes recherchés dans leur pays, comme Ayman Al Zawahri, chef d'Al Jihad (égyptien), condamné à mort en Egypte pour l'assassinat d'Anouar el-Sadate le 6 octobre 1981. Préoccupés par la conquête du pays, les talibans s'intéressent peu à ces étrangers qui s'organisent librement. Intelligent, déterminé, charismatique, Ben Laden rassemble autour de lui une nébuleuse de personnalités dont l'objectif avoué est le triomphe de la révolution islamique et la défaite de la principale puissance qui s'y oppose, les Etats-Unis. L'Afghanistan est un terrain rêvé. Le fondamentalisme extrême développé par les talibans sied aux soldats purs et durs de l'Islam. Financés par Ben Laden, les camps d'entraînement pour les jeunes recrues arrivant des pays arabes du Golfe, puis d'Ouzbékistan, puis de Tchétchénie, fleurissent. On y apprend les rudiments de l'art de la guerre ou les méthodes terroristes les plus modernes. A cette époque, les vétérans du djihad contre l'Union soviétique sont formés à la meilleure école de la CIA américaine : pendant près de dix ans, entre 1979 et 1989, la centrale américaine a initié - avec l'aide de l'Inter service intelligence (ISI), les services secrets pakistanais - toute une génération de combattants au maniement des armes, des explosifs ou des missiles. Nombre de camps actuels des fidèles de Ben Laden ont été construits alors avec l'assistance des Etats-Unis. L'Afghanistan est devenu progressivement le haut lieu de l'islamisme militant, et Ben Laden sa figure emblématique. REPRÉSAILLES INEFFICACES Accusé par les Etats-Unis pour le premier attentat contre le World Trade Center en 1993, Ben Laden l'est aussi pour les explosions meurtrières (224 morts) contre les ambassades américaines à Nairobi et Dar es-Salam en 1998. Puis pour l'attentat-suicide contre le destroyer américain USS Cole à Aden (17 morts), en 2000. Dans un poème qu'il avait lu en février lors du mariage de son fils, Ben Laden avait vanté le succès de l'opération. Le FBI a mis 5 millions de dollars sur sa tête et le département d'Etat estime qu'il est l' « un des sponsors les plus importants de l'islamiste extrémiste dans le monde ». Toutes les tentatives américaines, notamment les sanctions décidées par l'ONU pour obtenir son extradition, se sont heurtées au refus des talibans qui considèrent Ben Laden comme leur « hôte » et affirment que les Etats-Unis n'ont jamais prouvé son implication dans des actes terroristes. Après les bombardements américains sur l'Afghanistan en août 1998, en représailles aux attentats du Kenya et de Tanzanie, les talibans avaient affirmé avoir pris des mesures pour contrôler les activités de Ben Laden. Celles-ci impliquaient le retrait des moyens de communications ultramodernes utilisés par celui-ci, l'interdiction de donner la moindre interview ou d'apparaître publiquement, la promesse qu'il ne se livrerait pas à des activités terroristes à partir de l'Afghanistan. Bien qu'officiellement désavoué par sa famille, Ben Laden a gardé un contact régulier avec elle. Ben Laden est aussi apparu à trois reprises depuis novembre sur des écrans de télévision arabe. Disposant d'une maison à Kandahar, où vit Mollah Omar, le chef suprême des talibans, Ben Laden se déplace régulièrement dans la région de Jalalabad où il utilise une ferme servant de base à ses fidèles. Il ne reste jamais longtemps à la même place et est entouré par une garde prétorienne arabe en permanence. Dans les moments de danger, il se retire dans des caches des montagnes afghanes. Au fil des années, l'influence de Ben Laden sur Mollah Omar a grandi et, avec elle, l'importance de la mouvance arabe dont l'objectif est de faire de l'Afghanistan non seulement un sanctuaire pour les militants islamistes mais aussi une base de lancement de la Révolution. Au grand dam de beaucoup d'Afghans, y compris au sein du mouvement taliban, les Arabes se comportent de plus en plus en terrain conquis. Au printemps, lors d'une grande réunion d'activistes islamistes tenue à Peshawar au Pakistan, Ben Laden avait, dans un message lu par un participant, invité la prochaine génération à se préparer au Jihad en Afghanistan. « J'appelle la jeune génération à se tenir prête pour la Guerre Sainte et à s'y préparer en Afghanistan parce que le djihad, en ces moments de crise pour les musulmans, est une obligation », avait affirmé le message.

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