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Berlin, congrès de

Publié le 11/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Berlin, congrès de, conférence diplomatique tenue à Berlin, du 13 juin au 13 juillet 1878, par les représentants des puissances européennes et de l'Empire ottoman, réunis pour amender les termes du traité de San Stefano signé en mars de la même année.

2   AUX ORIGINES DU CONGRÈS

Depuis le début du xixe siècle, la question balkanique préoccupe les diplomaties européennes, plus encore après le réveil des nationalités en 1848 (voir Révolutions de 1848). L’Angleterre défend l’intégrité de l’Empire ottoman, car elle considère que le démantèlement de ce dernier ouvrirait les portes de la Méditerranée aux Russes (via la mer Égée). L’Allemagne et la France redoutent, pour leur part, les conséquences d’une déstabilisation des Balkans. Enfin, l’Autriche-Hongrie et la Russie, au contact direct de la région balkanique, sont prêtes à tirer profit des faiblesses turques pour s’y implanter.

Au milieu des années 1870, la crise des Balkans puis la guerre russo-turque de 1877-1878 (remportée par la Russie) ouvrent avec urgence le dossier balkanique et la question de l’Empire ottoman. La Russie concrétise alors ses prétentions expansionnistes. Le traité de San Stefano du 3 mars 1878 permet en particulier la création d’une « Grande Bulgarie «, sous autorité russe, dont le territoire ouvre à Moscou la porte de la Méditerranée et coupe l’Europe de l’Ouest des territoires balkaniques plus orientaux.

3   LE CONGRÈS ET SES DÉCISIONS

Redoutant l’expansionnisme russe et mises devant le fait accompli, l’Angleterre et l'Autriche-Hongrie menacent la Russie d’une guerre. Celle-ci, trop mal préparée, accepte la tenue d’une réunion devant régler la question d'Orient. Participent à ce congrès l'Allemagne (représentée par le chancelier Otto von Bismarck), le Royaume-Uni (avec Benjamin Disraeli), l'Autriche-Hongrie (avec le comte Andrássy), la France (avec William Henry Waddington), l'Italie (avec Corti), l'Empire ottoman (avec Karathéodori Pacha) et la Russie (avec le prince Gortchakov).

3.1   Des accords préalables

Avant le congrès, deux accords servent de préalable aux débats : la Russie s’entend avec l’Autriche-Hongrie pour que le territoire bulgare n’aille pas jusqu’à la mer Égée (15 avril 1878) et l’Angleterre obtient la promesse des Russes de ne pas pousser leur conquête plus avant en Asie mineure (1er juin 1878). Les débats de Berlin peuvent donc se focaliser sur la seule question ottomane.

Malgré l’influence du chancelier allemand Bismarck — qui préside aux négociations en cherchant avant tout à préserver ses relations avec la Russie et l’Autriche-Hongrie —, l’acte final amende le traité de San Stefano, au nom de l’équilibre européen, dans un sens défavorable à la Russie et confirme l'ingérence européenne dans les affaires ottomanes. L’Empire turc est pour sa part dépouillé d'une partie de ses possessions balkaniques.

3.2   Une nouvelle partition des Balkans

La Serbie et le Monténégro accèdent à l'indépendance, mais leurs territoires sont amputés et une zone de contrôle ottomane intermédiaire (Novibazar) les sépare, limitant les effets de possibles mouvements rebelles centrifuges. La Bosnie et l'Herzégovine sont occupées militairement et administrées par l’Autriche-Hongrie.

La « Grande Bulgarie « de San Stefano est divisée en trois zones : la principauté de Roumélie demeure intégrée à l'Empire ottoman et devient autonome ; une deuxième zone reste sous suzeraineté ottomane ; la troisième constitue la Bulgarie indépendante.

La Roumanie, soutien de la Russie durant la guerre, doit restituer à cette dernière la Bessarabie méridionale mais obtient en contrepartie son indépendance. De son côté, la Russie obtient donc la Bessarabie, le Batoum (aujourd'hui en Géorgie) et Kars (aujourd'hui en Turquie). Enfin, Chypre est placé sous occupation britannique provisoire.

4   LES LOURDES CONSÉQUENCES DU CONGRÈS
4.1   Un droit des peuples à disposer d’eux-même bafoué

La première conséquence de Berlin est donc double : outre que l’idée d’un inéluctable démembrement de l’Empire turc est acceptée de façon multilatérale, le droit des peuples à l’autodétermination a été négligé et la capacité de déstabilisation de l’Europe par les Balkans mésestimée. Les aspirations nationalistes balkaniques sont renforcées par la multiplication des petites principautés sous contrôle austro-russe.

La Russie se sent flouée par rapport à ses acquisitions du traité de San Stefano. Ses relations avec la Prusse de Bismarck en pâtissent.

4.2   Un accroissement des tensions franco-allemandes

Pour les relations franco-allemandes, le congrès de Berlin marque à l’origine une détente due, pour l’essentiel, au relatif désintérêt de la France pour la question discutée — une France qui, à l’occasion, réintègre le concert des grandes nations.

Néanmoins, la dernière conséquence du congrès de Berlin est d’obliger le chancelier Bismarck à revoir son système d’alliance pour contrer cette renaissance diplomatique française. En préservant l’alliance avec l’Autriche-Hongrie, en réussissant à attirer l’Italie (dans la Triple-Alliance de 1882) et en préservant le lien avec la Russie, le chancelier redistribue les cartes de la diplomatie européenne et laisse la IIIe République française dans un certain isolement, qu’elle rompt en s’associant avec l’Angleterre et la Russie dans la Triple-Entente.

Le congrès de Berlin refaçonne l’Europe centre orientale et met fin au premier système bismarckien. Mais, du gel de la question de nationalités à la mise en place des grands systèmes d’alliance européens, il pose, trente-cinq ans en amont, certaines des conditions préalables au déclenchement de la Grande Guerre de 1914-1918.

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