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Bismarck, Otto von

Publié le 17/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Bismarck, Otto von (1815-1898), homme politique allemand, chancelier de l'Empire allemand (1871-1890).

Artisan de l'unité allemande, Otto von Bismarck a été, entre 1866 et 1887, l’un des personnages centraux de la vie politique européenne.

2   LES DÉBUTS POLITIQUES D’UN CONSERVATEUR

Né à Schönhausen (près de Magdebourg) dans une famille de la noblesse militaire luthérienne de l’Altmark, le jeune duc de Lauenburg suit des études d’agriculture à Göttingen et de droit à Berlin. Ce querelleur réputé entre dans l’administration pour quelques années puis, à la mort de sa mère en 1839, s’installe dans ses domaines de Poméranie et y cultive sa position d’héritier.

En 1847, année de son mariage avec Johanna von Puttkammer, Otto von Bismarck entre en politique comme délégué au Landtag de Prusse où il siège à l’extrême droite. Durant le « Printemps des peuples « de 1848, il s’affirme radicalement opposé à toute réforme démocratique et fait pression sur Frédéric-Guillaume IV pour réprimer la révolution. En 1851, il est nommé représentant prussien au Parlement fédéral de Francfort, poste qu’il conserve jusqu’en 1859. Progressivement, il gravit les échelons du pouvoir en se faisant le champion de la cause absolutiste et prussienne. Toute son action s’inscrit dans une unique perspective : réaliser l’unité allemande aux dépens de l’Autriche.

Ambassadeur en Russie (1859-1862) puis en France (1862), il est rappelé à Berlin et nommé ministre d’État par Guillaume Ier le 23 septembre 1862. Il affirme sa politique dès le 30 septembre 1862 devant la commission de la Chambre prussienne : « Ce n’est pas par des discours ni par des motions majoritaires […] mais par le fer et par le sang que les grandes questions de notre temps seront résolues. «

Guillaume Ier hésite peu avant de nommer ce charismatique personnage, le 8 octobre suivant, à la présidence du Conseil et de lui offrir le portefeuille des Affaires étrangères. La première mission de Bismarck consiste à réduire l'opposition entre le gouvernement prussien et le Parlement sur les effectifs militaires. À la tête d'une des plus puissantes armées du monde, il entame alors une partie d’échec politico-militaire qui révèle ses talents de stratège et sa détermination.

3   L’ARTISAN DE L’UNITÉ ALLEMANDE

Le projet de l’unité allemande au profit de la Prusse accapare toute la politique de Bismarck. Entre 1864 et 1871, date de la proclamation du IIe Reich, il œuvre sans relâche, « par le fer et par le sang «, à la construction de l’unité allemande, aux dépens de l’Autriche puis de la France.

3.1   L’éviction de l’Autriche

Après avoir aménagé l’union douanière, le Zollverein, en 1864 — aménagement qui dessert l’Autriche —, Otto von Bismarck entraîne cette dernière dans la seconde guerre des Duchés. Au terme du conflit (1864), les duchés de Schleswig et de Lauenburg reviennent à la Prusse tandis que le Holstein est administré par l’Autriche. Otto von Bismarck isole alors l’Autriche en passant des accords avec la France de Napoléon III et l’Italie (respectivement en octobre 1865 et avril 1866), puis prétexte une mauvaise gestion autrichienne du Holstein pour susciter le conflit.

La guerre austro-prussienne de juin-juillet 1866 se clôt sur la victoire de Bismarck à Sadowa, le 3 juillet 1866. Par la paix de Prague du 23 août 1866, la Confédération germanique est dissoute au profit d’une confédération de l’Allemagne du Nord (Norddeutscher Bund) agrégeant les États du Nord autour d’une Prusse hégémonique, qui annexe en outre Hanovre, Nassau et le Hessel-Cassel.

3.2   Une victoire fondatrice contre la France

Nommé chancelier de la Confédération (fonction fédérale) en juillet 1867, Otto von Bismarck, qui vient de construire une entité politique unie et continue depuis les confins polonais jusqu’à la frontière française, entend terminer sa grande œuvre en alliant les États allemands du Sud. Pour ce faire, il parie sur une réaction patriotique et unitaire en entraînant ces derniers dans une guerre contre la France.

Habile tacticien, Bismarck laisse Napoléon III se rendre impopulaire en Allemagne par ce qu’il est convenu d’appeler la politique des « pourboires « — le chef de l’État français suscite rapidement un sentiment francophobe dans l’opinion allemande en marchandant sa neutralité dans le conflit austro-prussien contre des États de langue germanique. À la suite d’une manipulation de Bismarck lors de la dépêche d’Ems, la France napoléonienne se pose en agresseur en déclarant la guerre à la Prusse belliqueuse le 19 juillet 1870 (voir guerre franco-allemande) ; la défaite de Napoléon III, consommée à Sedan le 2 septembre, permet la réalisation du rêve unitaire bismarckien. Le 18 janvier 1871, l'Empire allemand est proclamé dans la galerie des glaces de Versailles — choix symbolique soulignant la puissance bismarckienne.

Répondant à la volonté de Bismarck, le traité de Francfort du 10 mai 1871 assujettit la France à une lourde contribution de guerre et donne au nouveau Reich l’Alsace et une partie de la Lorraine — qui engendre la durable question de l’Alsace-Lorraine entre la France et l’Allemagne.

4   LE CHANCELIER DU REICH

Ancien chancelier fédéral (1867-1871), Otto von Bismarck cumule dorénavant les fonctions de chancelier impérial et de président du Conseil de Prusse ; il détient de facto le pouvoir décisionnel en Allemagne, avalisé par l’empereur Guillaume Ier jusqu’à la mort de celui-ci en 1888. Le bref règne de Frédéric III (mai-juin 1888) n’entrave pas les pouvoirs de Bismarck, contrairement à celui de l’empereur Guillaume II avec lequel Bismarck entretient des relations conflictuelles (à partir de juin 1888). Néanmoins, triomphant sur la scène européenne jusqu’à sa chute en 1890, le « chancelier de fer « entame une politique assimilatrice au sein de l’empire, politique qui suscite quelques mécontentements.

4.1   Succès et revers en politique intérieur

Dès son arrivée à la chancellerie, Otto von Bismarck applique une politique autoritaire et unitaire dans l’empire, ce qui éveille de tenaces rancœurs. À partir de 1872, le luthérien impose l’assimilation religieuse, en défendant le Kulturkampf (« combat pour la culture «) : suppression de l’ordre de la Compagnie de Jésus, obligation du mariage civil, etc. L’opposition des milieux catholiques ne tarde pas, de même que celle des populations de langues française, polonaise et danoise refusant la politique d’assimilation linguistique. Conservateur, Bismarck combat également le socialisme naissant en promulguant une loi antisocialiste en 1878. Ne pouvant endiguer les progrès de cette opposition de gauche, il cherche à lui retirer une partie de son électorat en mettant en place l'une des premières législations sociales européennes : assurance maladie, assurance accident et assurance vieillesse (1883-1884).

Sur le plan économique, Otto von Bismarck s’inspire du libéralisme et pratique un premier temps le libre-échangisme avant d’imposer, à partir de 1879, une politique protectionniste nationaliste, ce qui soulève l’hostilité des industriels. Son objectif unitaire lui inspire l’instauration d’une monnaie unique ayant cours dans tout le Reich, le mark (1873), et la création d’une banque impériale (1875). Sa politique est en définitive dynamique et payante, notamment dans le domaine industriel et dans celui des infrastructures.

4.2   Les systèmes bismarckiens

Après 1871, Otto von Bismarck cherche à maintenir un statu quo européen isolant la France et favorisant un réseau d’alliance autour de l’Allemagne. Il gère successivement deux systèmes dits « bismarckiens «.

Le premier, fondé sur la stratégie d’isolement de la jeune République française, consiste en une alliance avec l’Autriche-Hongrie et la Russie (« Entente des trois empereurs «, 1872), pour contrebalancer la puissance anglaise et gêner le relèvement français. Mais cette alliance est rapidement dissoute faute d’accord entre la Russie et l’Autriche-Hongrie sur la question des Balkans.

Au congrès de Berlin de 1878 — qu’il domine —, Otto von Bismarck préserve l’alliance austro-allemande (la Duplice). Néanmoins, ce second système risque d’imploser sous l’effet d’une hypothétique alliance franco-russe, même après l’arrivée de l’Italie dans la Duplice (Triple-Alliance, 1882). L’Entente des trois empereurs (renouvelée en 1887, comme la Triple-Alliance) renaît cependant grâce au maintien des relations russo-allemandes. La France reste isolée et Bismarck joue sur deux tableaux, avec l’Italie et l’Autriche d’une part, avec la Russie de l’autre. L’apogée de ce système est atteint en 1887, grâce aux liens noués avec l’Angleterre. L’Allemagne domine alors l’Europe de toute son envergure.

4.3   De l’Europe bismarckienne à la chute du « chancelier de fer «

Sur le plan colonial enfin, le chancelier Bismarck accepte le protectorat sur le Togo et le Cameroun (1884), et la fondation du Sud-Ouest africain (1885), mais sa légitime prudence l’oppose au nouvel empereur Guillaume II (notamment en ce qui concerne la Weltpolitik). Conjugué au refus d’améliorer la législation sociale et à son rejet obstiné d’une légalisation de l’opposition ouvrière de gauche, ce conflit détermine la déliquescence de son système et sa retraite : Bismarck donne sa lettre de démission puis se retire le 20 mars 1890.

Le chancelier Otto von Bismarck reste la grande figure de la politique européenne des années 1860-1890, dont il a livré le souvenir dans des Mémoires clairvoyantes. Mais, sans responsabilité, le vieil homme, retiré dans ses terres poméraniennes, perd toute autorité et meurt en 1898, quatre ans après une illusoire réconciliation avec Guillaume II et sans avoir jamais cessé de dénoncer farouchement son successeur, le comte von Caprivi.

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