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Bonheur et vertu

Publié le 30/03/2014

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Ainsi la stabilité que nous cherchons appartient à l'homme heureux et il demeurera tel toute sa vie. Car toujours, ou presque, il fera et contemplera les choses conformes à la vertu ; quant aux vicissitudes de la fortune, il les sup¬portera en toute beauté, sans la moindre fausse note, s'il est homme véritable¬ment bon [...]. D'ailleurs les accidents de la fortune sont multiples et diffèrent de grandeur : les petits, qu'ils soient heureux ou malheureux, ne pèsent guère dans la balance de la vie ; les grands, et répétés, s'ils sont favorables, rendront la vie plus heureuse (car, par nature, ils en sont l'ornement et leur usage est beau et vertueux) ; mais dans le cas contraire, ils restreignent et gâtent le bon¬heur, car ils apportent avec eux les chagrins et font obstacle à maintes activités. Pourtant, c'est à travers ces maux que brille la beauté de l'âme, lorsqu'on sup¬porte avec une humeur douce des infortunes nombreuses et graves, et non par insensibilité, mais par noblesse et grandeur d'âme [...]. S'il en est ainsi, il est impossible que l'homme vertueux soit jamais misérable. Et pourtant il ne sera

 

pas non plus heureux, bien sûr, s'il tombe dans les malheurs de Priam ! Mais en tout cas, il ne sera ni variable, ni inconstant. Il ne se laissera pas facilement tirer du bonheur, ni par les premiers revers venus ; il y faudra de grandes et nombreuses infortunes [...]. Pourquoi ne dirions-nous pas qu'est heureux celui qui agit conformément à la vertu, et qui est suffisamment pourvu de biens exté¬rieurs, non pendant quelque temps, mais durant sa vie entière ?

Aristote, Éthique à Nicomaque, livre I, chap. H, 1100b18 - 1101a16,

Vrin, 1982.

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