Chantiers de jeunesse

Chantiers de jeunesse, organisation créée le 30 juillet 1940 par le gouvernement de Vichy, pour encadrer la jeunesse.

L'un des soucis premiers du gouvernement de Vichy, au lendemain de l'armistice de 1940, est — dans le but d'asseoir la révolution nationale dans l'esprit de la population — de multiplier les organes d'encadrement, auprès de la jeunesse en particulier. Ainsi, aux côtés de la Légion française des combattants (qui regroupe les anciens combattants), sont créés les Compagnons de France, chargés de transformer les jeunes de la zone sud en une « avant-garde de la révolution nationale «, et surtout les Chantiers de jeunesse.

À la tête des Chantiers de jeunesse, le général d'artillerie et ancien scout, La Porte du Theil, se voit confier la mission d'occuper les quelque cent mille jeunes recrues qui n'ont pas été versées en 1940 dans les unités combattantes de l'armée. L'arrivée de Georges Lamirand au secrétariat général à la Jeunesse, en septembre 1940, transforme cependant l'expérience ponctuelle en une véritable institution censée apprendre aux jeunes les vertus de l'effort, du travail et de l'obéissance. Disciple de Lyautey, Lamirand entend par le biais des Chantiers de jeunesse propager une doctrine — « servir et commander « — et un esprit civique fortement teinté de catholicisme et plus encore de maréchalisme, afin de fonder « un ordre nouveau construit dans le calme et la paix sur la justice et la solidarité «. Convaincu qu'il existe « un élément d'ordre civique et politique qu'il appartient à l'État de fournir «, il obtient des autorités allemandes de transformer les Chantiers de jeunesse en un véritable service militaire d'une durée de huit mois et obligatoire pour tous les jeunes de vingt ans, vivant en zone libre, à partir de janvier 1941. Ces derniers sont installés loin des villes et consacrent leur journée pour partie aux travaux d'utilité publique, en particulier forestiers, et à des cours sur l'ordre social et sur l'histoire de France. Mais le succès de l'endoctrinement reste très limité. Ainsi les Chantiers de jeunesse d'Afrique du Nord rallient-ils la dissidence en novembre 1942, au lendemain du débarquement allié. Les défections se multiplient à partir de l'instauration en 1943 du Service du travail obligatoire (STO) auquel les Chantiers de jeunesse sont soumis. La Porte du Theil, impuissant à empêcher les ralliements au maquis, est déporté en décembre 1943 ; les Chantiers de jeunesse sont dissous en 1944.