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CHAPITRE DEUX LE PAYS DE L’OMBRE

Publié le 30/03/2014

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CHAPITRE DEUX LE PAYS DE L’OMBRE

Il restait juste assez de présence d’esprit à Sam pour remettre vivement la fiole dans son sein. « Courez, Monsieur Frodon ! cria-t-il. Non, pas par-là ! C’est à pic par-dessus le mur. Suivez-moi. «

Ils fuirent le long de la route qui partait de la porte. En cinquante pas avec une courbe rapide autour d’un bastion saillant de la colline, elle les emmena hors de vue de la Tour. Ils s’étaient échappés pour le moment. Tapis contre le rocher, ils reprirent haleine, puis ils crispèrent les mains sur leurs coeurs. Perché à présent sur le mur près de la porte en ruine, le Nazgûl lançait ses cris de mort. Toutes les falaises en renvoyaient l’écho.

Terrifiés, ils repartirent en trébuchant. Bientôt, la route décrivit une nouvelle courbe rapide vers l’est, les exposant pendant un moment affreux à la vue de la Tour. Tout en passant, ils jetèrent un regard en arrière et virent la grande forme noire sur le rempart, puis ils plongèrent entre les murs de rocher dans une percée qui descendait en pente rapide vers la route de Morgul. Ils arrivèrent au carrefour. Il n’y avait toujours aucun signe d’orques, ni aucune réponse au cri du Nazgûl, mais ils savaient que le silence ne durerait pas longtemps. La chasse allait commencer d’un instant à l’autre.

« Cela ne peut aller ainsi, dit Frodon. Si nous étions de véritables orques, nous nous précipiterions vers la Tour, nous ne nous enfuirions pas. Le premier ennemi rencontré nous reconnaîtra. Il faut abandonner cette route d’une manière ou d’une autre. «

« Mais nous ne le pouvons pas, dit Sam, pas sans ailes. «

Les faces orientales de l’Ephel Duath étaient à pic, tombant en falaises et en précipices jusqu’à l’auge noire qui les séparait de la chaîne intérieure. Un peu au-delà du carrefour, après une autre pente raide, un léger pont de pierre franchissait le vide et menait la route vers les pentes couvertes d’éboulis et les gorges du Morgai. Par un effort désespéré, Frodon et Sam se ruèrent sur le pont, mais ils en avaient à peine atteint l’autre extrémité qu’ils entendirent commencer le haro. Loin derrière eux et à présent haut au-dessus du flanc de la montagne, se dressait la Tour de Cirith Ungol, dont les pierres rougeoyaient vaguement. Soudain, sa cloche rude retentit de nouveau, pour atteindre une volée fracassante. Des cors sonnèrent. Et à présent des cris répondirent d’au-delà du pont. Perdus dans l’auge sombre, coupés de l’éclat mourant d’Oroduin, Frodon et Sam ne pouvaient rien voir devant eux, mais ils entendaient déjà le pas lourd de pieds ferrés et, sur la route, retentit la battue rapide de sabots.

« Vite, Sam ! Sautons ! « cria Frodon. Ils gagnèrent à quatre pattes le parapet bas du pont. Il n’y avait heureusement plus d’affreuse chute dans le gouffre, car les pentes du Morgai s’étaient déjà élevées presque à hauteur de la route, mais il faisait trop noir pour deviner la profondeur de la dénivellation.

« Eh bien, allons-y, Monsieur Frodon, dit Sam. Adieu ! «

Il lâcha prise. Frodon suivit. Et tandis même qu’ils tombaient, ils entendirent les cavaliers passer en trombe sur le pont, suivis du claquement des pieds des orques qui couraient derrière. Mais Sam aurait ri s’il l’avait osé. Redoutant à moitié un plongeon fracassant sur des rochers invisibles, les hobbits atterrirent avec un bruit mat et un craquement, après une chute d’une douzaine de pieds seulement, dans la dernière chose à laquelle ils se fussent attendus : un fouillis de buissons épineux. Là, Sam resta immobile, à sucer doucement une main égratignée.

Quand le son des sabots et des pieds fut passé, il se risqua à murmurer : « Sapristi, Monsieur Frodon, je ne savais pas qu’il poussait quelque chose en Mordor ! Mais si j’avais su, c’est bien ça que j’aurais imaginé. À les sentir, ces épines doivent bien avoir un pied de long, elles ont transpercé tout ce que j’ai sur moi. Je voudrais bien avoir mis cette cotte de mailles ! «

 

« Les mailles d’orques ne protègent pas de ces épines là, dit Frodon. Même un justaucorps de cuir ne servirait de rien. «

Ils se débattirent pour sortir du buisson. Les épines et les ronces avaient la solidité du fil de fer et elles s’agrippaient comme des serres. Les manteaux des hobbits furent en lambeaux avant qu’ils ne pussent enfin se libérer.

« Et maintenant, descendons, Sam, murmura Frodon. Dans la vallée, vite, et puis on tournera vers le nord aussitôt que ce sera possible. «

Le jour reparaissait dans le monde extérieur, et loin au-delà de l’obscurité du Mordor, le Soleil montait au-dessus de l’horizon oriental de la Terre du Milieu, mais ici, tout était aussi sombre que la nuit. Les feux de la Montagne s’éteignirent peu à peu. Le rayonnement disparut des escarpements. Le vent d’est qui soufflait depuis le départ d’Ithilien parut alors complètement tombé. Lentement, péniblement, les hobbits descendirent à tâtons, trébuchant, jouant des pieds et des mains parmi les rochers, les ronces et le bois mort, à l’aveuglette dans les ombres, plus bas, toujours plus bas, jusqu’à ne pouvoir aller plus loin.

Ils finirent par s’arrêter, et ils s’assirent côte à côte, le dos contre un gros bloc de pierre. Tous deux transpiraient abondamment. « Si Shagrat en personne m’offrait un verre d’eau, je lui serrerais la main «, dit Sam.

« Ne dis pas pareilles choses ! répliqua Frodon. Cela ne fait qu’empirer ce qui est. « Puis il s’étira, saisi d’étourdissement et de fatigue, et il ne parla plus durant un moment. Enfin, prenant grandement sur lui, il se releva, et il vit avec stupéfaction que Sam était endormi. « Réveille-toi, Sam ! dit-il. Allons ! Il est temps de faire un nouvel effort. «

Sam se remit péniblement sur pied. « Par exemple ! dit-il. J’ai dû m’assoupir. Ça fait longtemps que je n’ai pas dormi convenablement, Monsieur Frodon, et mes yeux se sont simplement fermés d’eux-mêmes. «

Frodon prit alors la tête, en direction du nord pour autant qu’il pût le deviner, parmi les rochers et les pierres roulées qui gisaient en grande quantité au fond du grand ravin. Mais il ne tarda pas à s’arrêter de nouveau.

« C’est inutile, Sam, dit-il. Je ne peux le supporter. Cette cotte de mailles, je veux dire. Pas dans mon état actuel. Même ma cotte de mithril paraissait lourde quand j’étais fatigué. Celle-ci l’est beaucoup plus. Et à quoi bon ? Ce n’est pas en combattant que nous obtiendrons le passage. «

« Mais nous aurons peut-être tout de même à nous battre, dit Sam. Et il y a des poignards et des flèches perdues. Ce Gollum n’est pas mort, pour commencer. Je n’aime pas à penser que vous n’auriez rien d’autre qu’un bout de cuir pour vous protéger d’un coup de poignard dans le noir. «

« Écoute, Sam, mon gars, dit Frodon : je suis fatigué, las, il ne me reste aucun espoir. Mais je dois poursuivre ma tentative d’arriver à la Montagne tant que je pourrai bouger. L’Anneau suffit. Ce poids supplémentaire me tue. Je dois m’en débarrasser. Mais ne me crois pas ingrat. Je déteste la pensée de l’immonde tâche que tu as dû accomplir au milieu des corps pour me le trouver. «

« N’en parlez pas, Monsieur Frodon. Miséricorde ! Je vous porterais sur mon dos, si je le pouvais. Laissez la tomber, alors ! «

Frodon enleva son manteau, retira la cotte de mailles d’orque et la jeta. Il eut un léger frisson. « Ce qu’il me faudrait en réalité, c’est quelque chose de chaud, dit-il. Le temps s’est rafraîchi, ou bien j’ai pris froid. «

« Vous pouvez prendre ma cape, Monsieur Frodon «, dit Sam. Il enleva le paquet de son dos et en retira la cape d’elfe. « Que pensez-vous de ceci, Monsieur Frodon ? dit-il. Serrez ce chiffon d’orque autour de vous et mettez la ceinture par-dessus. Et ceci pourra recouvrir le tout. Ce ne sera pas tout à fait à la mode orque, mais cela vous tiendra plus chaud, et je suis sûr que cela vous protégera mieux que tout autre équipement. Ç’a été fait par la Dame. «

Frodon prit la cape et fixa la broche. « Voilà qui va mieux ! dit-il. Je me sens beaucoup plus léger. Je peux continuer, maintenant. Mais cette obscurité épaisse semble m’envahir le coeur. Tandis que j’étais en prison, Sam, j’essayais de me rappeler le Brandevin, le Bout des Bois et l’Eau courant au travers du moulin à Hobbitebourg. Mais je ne puis les voir à présent. «

« Allons, Monsieur Frodon. C’est vous qui parlez d’eau, cette fois-ci ! dit Sam. Si seulement la Dame pouvait nous voir ou nous entendre, je lui dirais : « Madame, tout ce qu’il nous faut, c’est simplement de la lumière et de l’eau : juste de l’eau pure et la simple lumière du jour, plutôt que des joyaux, sauf votre respect. « Mais la dorien est loin.

Sam soupira et agita la main en direction des hauteurs de l’Ephel Duath, qui ne se distinguaient plus que par un noir plus profond sur le ciel noir.

Ils repartirent. Ils n’étaient pas encore allés bien loin que Frodon s’arrêta. « Il y a un Cavalier Noir au-dessus de nous, dit-il. Je le sens. Nous ferions mieux de ne pas bouger pendant un moment. «

Ils restèrent tapis sous une grande pierre, dos à l’ouest, et ne parlèrent pas durant quelque temps. Puis Frodon eut un soupir de soulagement. « Il a passé «, dit-il. Ils se relevèrent et alors tous deux écarquillèrent les

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