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Charte 77

Publié le 05/04/2013

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1   PRÉSENTATION

Charte 77, mouvement dissident qui a milité en faveur des droits de l’homme en Tchécoslovaquie, de 1977 à 1990.

2   UN CONTRECOUP DU PRINTEMPS DE PRAGUE

Le 21 août 1968, en réaction aux réformes libérales du premier ministre Alexander Dubček, les forces militaires soviétiques, polonaises, est-allemandes, hongroises et bulgares envahissent la Tchécoslovaquie et mettent fin au printemps de Prague. La répression est sanglante. En 1969, les dirigeants du « bloc soviétique « accueillent avec soulagement la nomination de Gustáv Husák et l’instauration, imposée par l’URSS, d’un statut de souveraineté limitée. Husák pratique une politique orthodoxe, autoritaire, commandée en sous-main par Moscou. Définie par le XIVe congrès du Parti communiste tchèque en mai 1971, cette politique met en avant les principes de « normalisation « (procès politiques) et de répression systématique de l’opposition.

Une forte diaspora intellectuelle, artistique et politique se produit. Mais les opposants sont assez nombreux et déterminés pour s’organiser. Un mouvement pluraliste, la Charte 77, est fondé. Il tire son nom d’un document demandant au gouvernement tchèque d’adhérer à trois accords internationaux relatifs aux droits de l’homme : l’acte final de la conférence d’Helsinki sur la sécurité et la coopération en Europe (1975) et deux conventions de l’ONU.

Basée sur le souvenir sanglant de la répression de 1968, la raison d’être de la Charte consiste donc en un refus définitif du mépris des droits de l’homme dans les régimes communistes. Rassemblant initialement 243 signataires (universitaires, intellectuels, artistes, responsables religieux), le document fondateur de la Charte est publié le 1er janvier 1977. Il permet de fédérer une partie importante de l’opposition tchécoslovaque, qui, non contente de cette première provocation, crée dans la foulée le VONS (comité de défense des personnes injustement poursuivies).

3   LE TEMPS DE LA DISSIDENCE

L’objectif des frontistes, inévitablement considérés comme de dangereux dissidents, consiste à essayer d’alerter l’opinion internationale sur la violation des libertés démocratiques à l’Est (libre opinion, droit de réunion et de contestation, liberté de la presse, etc.). Selon leurs propres termes, ils souhaitent « entrer dans un dialogue constructif avec les autorités politiques et gouvernementales « tchèques. Mais la réponse de l’État est pétrie d’intolérance. Le gouvernement refuse tout dialogue. Il harcèle les signataires de la Charte.

Au mieux marginalisés, au pire persécutés, privés d’emploi voire emprisonnés, les premiers signataires de la Charte et ceux qui les ont rejoints (800 pétitionnaires au total) vivent une dissidence célébrée par les intellectuels de l’Ouest européen et soutenue financièrement par les réfugiés politiques de l’Ouest, mais difficile à supporter en Tchécoslovaquie. Les membres du mouvement, parmi lesquels Jan Patocka (philosophe), Václav Havel (dramaturge), Jiri Hajek (enseignant et ancien ministre des Affaires Étrangères de Dubček), sont contraints de se rencontrer et de travailler dans la clandestinité. Pour autant et par choix, le mouvement demeure non violent. Respectant la légalité afin de mieux mettre en lumière l’hypocrisie du régime, la Charte 77 œuvre pour le moyen terme et profite d’une couverture médiatique sans cesse croissante à l’Ouest, ce qui l’aide à lever progressivement la chape de peur qui paralyse la société tchécoslovaque depuis 1968.

4   LA CHARTE 77 AU CŒUR DE LA « RÉVOLUTION DE VELOURS «

Au début des années quatre-vingt, derrière l’URSS chancelante, les régimes de l’Est entament leur lente désagrégation. Les réformes introduites par Mikhaïl Gorbatchev, président de l’Union soviétique, puis l’affaiblissement du communisme en Pologne, en République démocratique allemande (RDA), favorisent une réaction protestataire en Tchécoslovaquie. Le projet de la Charte 77 innerve ce mouvement social. À partir de 1985-1987, des centaines de milliers de manifestants réclament sporadiquement une réforme démocratique. Début 1989, à l’occasion de l’anniversaire de la mort de Jan Palach, martyr du printemps de Prague (il s’est immolé par le feu en 1969), les protestations s’amplifient en dépit de la répression.

La manifestation monstre de Prague, le 17 novembre 1989, inaugure la « révolution de Velours «. Après la naissance du Forum démocratique qui fédère l’opposition autour de la Charte (19 novembre 1989), les communistes s’inclinent et quittent le pouvoir (8 décembre). Václav Havel, un des leaders de la Charte 77, leur succède. Symbole vivant de la résistance au régime, auréolé de son statut de martyr, d’intellectuel écrivain et dramaturge de renommée internationale, il est élu président de la République le 29 décembre.

Dissous en 1990, le mouvement de la Charte 77 a donc joué un rôle clef dans la survie de l’opposition tchèque, jusqu’à la révolution de 1989, puis dans l’installation de la démocratie et, au-delà, dans l’action du président Havel.

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