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Comment Comprenez-Vous Cette Affirmation Dans Les Pensées De Pascal, "L'Homme Est Un Roseau Pensant" ?

Publié le 21/07/2010

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pascal

Les fragments qui constituent Les Pensées de Pascal sont des notes rédigées par le moraliste avant sa mort en 1662. Ces quelques huit cents fragments formaient le projet d’apologie de la religion chrétienne que Pascal laisse inachevé. Dans la liasse nommée Grandeur, faisant écho à celle nommée Misère, il qualifie l’homme de "roseau pensant" Ainsi, comment faut-il comprendre cette métaphore ? Tout d’abord, il s’agira de montrer le caractère misérable de la condition humaine, puis, nous verrons que Pascal de persiste pas dans ce pessimisme, et montre que finalement, la grandeur de l’homme.    Dans un premier temps, comme l’affirme Pascal dans le fragment 66, "si notre condition était véritablement heureuse, il ne faudrait pas nous divertir d’y penser".  D’abord, nous explorerons la petitesse de l’homme. En effet, celui-ci prend une place infime dans "l’infinie immensité des espaces qu’[il] ignore et qui [l’]ignorent". Nous sommes comparés à des points que l’univers engloutit. Les allusions explicites ou implicites à notre petitesse sont redondantes au long des liasses étudiées, c’est pourquoi nous pouvons parler d’isotopie. Par ailleurs, Pascal souligne notre faible durée de vie dans le fragment 64, durée "absorbée devant l’éternité précédant et suivant". En outre, la possibilité de ne pas exister est évoquée au fragment 125. Pascal montre ici que notre naissance dépend du hasard, ce qui nous rend non nécessaires pour l’humanité. Ainsi, l’homme ne prend guère une grande place dans le monde, mais au contraire, se trouve bien petit face à l’infini.  Par ailleurs, la vanité humaine est mise en relief par le moraliste. Tout d’abord l’homme est vain du fait de son rapport au divertissement. Effectivement, c’est une activité prenante qui nous empêche de penser au caractère de notre condition. De plus, nous pensons trouver le bonheur dans la diversion alors qu’au final, celui-ci est ailleurs. La vanité humaine s’explique de même par l’inconséquence de l’homme. Nous sommes des êtres de contradiction, incapables de nous comprendre nous-mêmes, comme l’affirme Pascal par une phrase lapidaire dans le fragment 121 "[...] jusqu’à ce qu’il comprenne / qu’il est un monstre incompréhensible". En outre, notre raison est dirigée par des puissances trompeuses telles que l’imagination. L’homme est donc vain, par son inconséquence et par la place primordiale que prend le divertissement dans son existence.    Par conséquent, notre condition peut être qualifiée de misérable puisque nous sommes vains et petits. Cependant Pascal ne se campe pas sur cette position.    Ainsi, dans un second temps, il nous explique en quoi l’homme est grand.  Tout d’abord, comme l’explicite l’expression "roseau pensant", il est doté de la faculté de penser. En effet, celle-ci lui permet de prendre conscience de sa condition. Ainsi, de la misère va naître la grandeur puisque "la grandeur de l’homme est grande en se qu’il se connaît misérable", fragment 105. Le fragment 113, dans lequel Pascal explore l’idée du cercle sans fin, explique parfaitement cette idée. Par ailleurs, l’homme peut se concevoir alors qu’un animal n’en a pas la possibilité, car de même que l’affirme Pascal dans le fragment 125, "le moi consiste dans ma pensée". Le fragment 102, quant à lui, exprime l’idée que c’est sa conscience, son pouvoir de pensée qui fait qu’un homme est un homme et non "une pierre ou une brute", idée semblable à celle de Descartes. Conséquemment, le fait qu’il soit doté d’une conscience rend l’homme grand dans sa misère.  Puis, Pascal ne perd pas sa visée apologétique, puisque la grandeur de l’homme réside aussi dans son rapport avec Dieu. Cette relation est très important dans Les Pensées, comme nous pouvons le remarquer lorsque le moraliste nous compare à des rois dépossédés dans les fragments 107 et 108. En effet, comme eux, l'être humain se souvient de ce qu'il était avant. En ce qui le concerne, il a souvenir de son état avant le pêché originel. L'homme est conscient qu'il a perdu la grâce en commettant cette faute irréparable qu'est le pêché originel. De plus, nous devrions rechercher notre bonheur non pas dans le divertissement, comme nous l'avons noté toute à l'heure, mais avec Dieu. En effet, nous possédons une âme, "quelque chose d'immatériel", comme remarqué dans le fragment 99. Il y a donc quelque chose en nous qui fait de nous des êtres grands malgré notre condition misérable, il s'agit de la dimension divine. Par là, entendons que nous sommes capables de charité, c'est-à-dire, de l'amour chrétien. Ainsi, l'homme peut être grand par le rapport qu'il a avec Dieu.    Un roseau est fragile, se plie, mais ne casse pas. Il en est de même pour l'être humain, il est petit, vain, misérable mais possède tout de même une certaine grandeur. Ceci s'explique par sa faculté de penser. Celle-ci lui permet de se rendre compte de sa condition, de la mort, du temps. En outre, le rapport étroit qu'il entretient avec Dieu, non seulement par la faute que constitue le pêché originel et le souvenir de la grâce qu'il possédait avant cet événement, mais aussi par le fait qu'il a en lui une certaine dimension divine qu'est la charité, permet aussi d'affirmer la grandeur de sa condition. Cependant, un autre aspect de cette dernière nous éloigne de Dieu, il s'agit de l'imagination.

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