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Commentaire Composé Dom Juan Acte 5 - Scène 5 Et 6

Publié le 21/07/2010

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juan

Vers la fin de l'année 1664, Molière décide d'écrire Dom Juan alors que sa pièce, le Tartuffle vient d'être censurée. Il reprend dans cette pièce un mythe qui parcourt toute l'Europe, même encore de nos jours, et qui est bien connu du public à cette époque. A la fin de l'acte IV, Dom Juan lance un défi à la Statue du Commandeur d'aller souper avec lui. Depuis ce rendez-vous, il fait figure d'un condamné, où les forces d'en haut ainsi que les personnages le mettent en garde sur ce qui risque de lui arriver s'il ne change pas son comportement de libertin. Les deux dernières scènes annoncent le dénouement où Dom Juan subit alors la sanction de tous ses libertinages. Nous pouvons donc alors nous demander en quoi le dénouement fait de cette pièce une comédie tragique. Nous verrons en première partie une fin surnaturelle et baroque. Puis en deuxième partie nous verrons les aspects comiques et tragiques de ces deux dernières scènes et ceux qui font que Dom Juan n'a pas changé.  Tout d'abord, apparaît un spectre qui prend ici une forme de femme voilée. Le spectre représente un personnage invoqué par le Ciel car nous remarquons la présence du champ lexical du religieux « miséricorde « (l. 2) « repent « (l.3) « perte « (l.3) « diable « (l.9). Il s'adresse à Dom Juan a la troisième personne du singulier « Dom Juan n'a plus « « et s'il « (l. 1 et 2) ce qui donne un aspect solennel et une étrangeté surnaturelle a la scène. Sa première apparence de femme voilée est loin d'être anodine car c'est un rappel de toutes les femmes que Dom Juan a bafouées. Il croît d'ailleurs reconnaître la voix du spectre «je crois reconnaître cette voix « (l. 5 et 6), signe qu'elle représente un lourd passé. Le spectre est ici une figure de mis en garde pour Dom Juan « s'il ne se repend ici sa perte est résolue « (l.3).  Ce premier avertissement est une figure chargée de toucher la conscience de Dom Juan.  Ensuite, le spectre change de figure et prend la forme du temps avec sa faux qu'il tiens dans la main. Nous voyons apparaître ici une allégorie du temps qui passe grâce a sa forme et qui conduit finalement a la mort connoté par la présence de la faux. C'est une apparition furtive et brève mais qui à son importance car elle marque la fin proche de Dom Juan qui ne veut toujours pas se repentir. Il ne comprend pas d'ailleurs le but de cette présence. Il brave l'apparition et ne croit pas la scène « rien n'est capable de m'imprimer de la terreur « (l.15 et 16). Il refuse catégoriquement de capituler et insiste même par la négation « non, non « (l.15).  Voyant donc que le spectre n'incite pas de réaction quelconque de la part de Dom Juan, la Statue du Commandeur entre scène ce qui marque l'ouverture de cette dernière.  En troisième lieu, la statue du Commandeur apparaît mais qui, contrairement au spectre ne lui délivre pas un ultime avertissement mais prononce un jugement qui conduira à sa mort « l'endurcissement au péché traine une mort funeste « (l.29 et 30). Et puis en opposition au spectre, elle n'a rien d'immatérielle. Sa consistance, la pierre, contraste ici avec l'être de chair qu'est Don Juan. Nous pouvons d'ailleurs faire ici le rapport avec le titre Dom Juan ou le festin de pierre. Egalement, le geste qui signe la fin de ce personnage est une main donnée qui est emblématique du lien. C'est le contrat que Dom Juan a repoussé tout au long de la pièce et qui va l'entraîner vers la mort.  Ces trois apparitions du spectaculaire font de ces deux scènes finales un passage typique du style baroque.  En plus du style baroque, nous remarquons clairement que le dénouement est partagé entre le comique et le tragique, ainsi que les marques qui font que Dom Juan est toujours le même.  {text:soft-page-break} Tout d'abord, Sganarelle fait ressortir un coté comique aux deux dernières scène en utilisant le comique de mots. Fidèle a lui-même, il est toujours peureux, matérialiste et superstitieux « Ah! « apparaît deux fois et marque sa surprise et sa peur ainsi que l'interjection « Ô ciel ! « (l.13). De plus, nous avons comme un jeu de mots entre les deux personnages. Sganarelle est apeuré et veut mettre en garde son maître tandis que Dom Juan ne comprend pas la gravité de la situation. Il veut même « voir ce que c'est « (l. 9 et 10). Cela donne un aspect de contraste entre les deux personnages. La peur de Sganarelle s'oppose ici au courage et à l'affront de Dom Juan. De même, la superstition du valet contraste avec le rationalisme de son maître. La dernière réplique de Sganarelle atténue la mort de tragique de Dom Juan. Il apparaît comme une victime exclusive, dindon de la farce renforcé par le refrain matérialiste comique « mes gages, mes gages « (l.38 et 43). Nous pouvons également voir une certaine ironie du sort dans cette fin. Sganarelle fait une énumération de toutes les victimes des vices de Dom Juan qui seront, elles, satisfaites de cette mort « un chacun satisfait « (l. 39), « tout le monde est content « (l. 41 et 42) alors que le pauvre Sganarelle aura perdu son maître et sera « moi seul de malheureux «(l.42).  Mais mis à part la farce, le côté dramatique est lui aussi présent.  Le tragique n'apparaît pas tout de suite. Le lecteur est mis en garde de ce qui va advenir grâce à la gradation que fait remarquer Sganarelle au moment de l'apparition des deux formes de spectres. Il ne prononce qu'un simple « Ah ! « pour l'arrivée du premier puis un « Ôh Ciel ! « plus marqué pour celle du deuxième. Le sors que va subir Dom Juan se rapproche de plus en plus jusqu'à ce que Sganarelle lui donne un dernier avertissement. Un compte à rebours est lancé et les brèves répliques créent une tension dramatique jusqu'à l'ultime dénouement. Dom Juan n'a alors, pas le temps de réagir face au Commandeur qui le foudroie « un feu invisible me brûle, je n'en puis plus « (l. 32 et 33). « Il sort de grands feux de l'endroit où il est tombé « (l. 36 et 37). Le feux connote ici l'enfer, lieu où les personnes ayant péchés se retrouvent après la mort ainsi que l'évocation de « la terre s'ouvre « (l. 36).  En plus de cette fin tragi-comique, Dom Juan garde même dans ces deux dernières scènes les marques de son personnage de libertin. Il est toujours rationnel et ne croit que ce qu'il voit « je veux voir « (l. 11 et 10). Son sens du défit est également présent car il veut engager un combat avec le spectre « je veux éprouver avec mon épée « (l.16). Il cherche également un preuve concrète « si c'est un corps ou un esprit « (l. 18 et 19). Mais il est trompé par le surnaturel. C'est une autre défaite comme la scène avec le pauvre. De plus, sa détermination a gagner coûte que coûte est encore présente. Il ne réagit pas sur le contenu des paroles prononcées mais surtout sur le fait que quelqu'un ose lui adresser la parole « qui ose ? « (l.5). Son orgueil est mis en jeu, il refuse de se soumettre à la moindre autorité ainsi qu'à l'évidence et continu de repousser les avertissements. Dom Juan ne supporterais pas de donner une image négative de lui. Il montre sa fierté, son orgueil irréductible. La négation « il ne sera pas dit « (l.22) montre qu'il a conscience du mal mais cette phrase est prononcée sur un ton de défi qui approfondi l'endurcissement du personnage.  Dom Juan refuse donc catégoriquement de se repentir et préfère garder sa fierté jusqu'au bout plutôt que de renoncer a ses idées.  Nous pouvons donc conclure sur le fait que le dénouement était prévisible dès l’acte 3, mais il se fait attendre et est précipité en 2 scènes. Ceci est contraire au dénouement classique car tous les personnages ne sont pas réunis sur scène et leur sort n’est pas fixe. Mais il garde une part de traditionnel avec la mort tragique du héros éponyme par une apparition divine. Sganarelle laisse une dimension comique a cette scène et Dom Juan a tout de même été sanctionné pour tous ses blasphèmes. Le spectateur finira cette pièce soulagé.

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