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COMMENTAIRE COMPOSE DON QUICHOTTE: la « bataille contre les moulins à vent ».

Publié le 20/07/2010

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Le roman de Don Quichotte est un roman d’aventures qui fait connaître un nouveau genre : le picaresque dans lequel un héros part seul et connaît une succession d’aventures. L’aventure des moulins à vent est la plus connue puisqu’elle caractérise parfaitement le personnage central Don Quichotte. En effet, celui-ci ne renonce pas à ses illusions et se réfugie dans un monde imaginaire malgré les efforts déployés par Sancho Pança pour le faire revenir à la réalité. Outre l’apparence fantaisiste et légère du texte, il faut y voir une portée plus profonde en accord avec l’époque. Comment, Don Quichotte s’inscrit-il à la frontière du Moyen-âge et de l’époque moderne ? Nous verrons, dans un premier temps, que ce récit correspond parfaitement aux archétypes des récits médiévaux. Puis, nous analyserons la portée comique de ce passage, parodie plus qu’imitation des récits médiévaux. Enfin, nous étudierons le contexte marquant de l’époque baroque.    Ce passage nous fait parfaitement ressortir l’atmosphère d’un récit médiéval. En effet, il rappelle deux thèmes propres à ce genre. Dans un premier temps, il correspond à l’épopée. Le titre imite les épisodes du Moyen-âge. Il raconte ce qu’il se passe dans la suite du texte : « Du beau succès que le valeureux Don Quichotte eut en l’épouvantable et jamais imaginée aventure des moulins à vent, avec d’autres événements dignes d’heureuse ressouvenance «. C’est un résumé des différentes aventures qui seront expliquées dans la suite du chapitre.  Si le thème de l’épopée correspond parfaitement, le héros va donc accomplir un exploit : terrasser des ennemis effrayants. Il s’attaque seul à une armée de géants. D’une part, on note la présence du merveilleux avec les « géants «. D’autre part, le vocabulaire lié à la guerre est très présent : « combat «, « dépouilles «, « ôter les vie «, « guerre «… Cela ne fait qu’accentuer l’imitation de l’épopée puisque le combat en est le thème central, et que la violence était la caractéristique principale de ces combats. Dans ce chapitre, Cervantès appuie également sur cette violence : « une furieuse […] bataille «, « le vent la fit tourner avec une telle violence qu’elle mit la lance en pièces «. Dans l’épopée, l’amplification épique était aussi requise. Elle fait partie intégrante du genre. A nouveau, Cervantès se sert de ce point pour ancrer son texte dans le récit médiéval. Il utilise hyperboles, exagérations mais aussi démesure propre au personnage de Don Quichotte. Comme dans l’épopée, Cervantès se plaît à dépeindre les qualités propres au chevalier Don Quichotte : la bravoure, l’audace, le courage, le mépris de la lâcheté : « Ne fuyez pas, couardes et viles créatures, car c’est un seul chevalier qui vous attaque «. Enfin, Don Quichotte comme les soldats du Moyen-âge met sa foi en Dieu. On retrouve l’esprit des croisades de l’épopée, où le chevalier se bat pour une guerre sainte, c’est-à-dire tout ce qui menace l’Eglise et Dieu : « c’est faire grand service à Dieu d’ôter une si mauvaise semence de dessus la face de la terre «.  Après avoir repris les thèmes de l’épopée, Cervantès imite le récit courtois. Le chevalier se bat pour la dame de ses pensées. Les pensées de Don Quichotte vont vers Dulcinée. Elle même doit le protéger : « Il se recommanda de tout son cœur à sa dame Dulcinée, lui demandant qu’elle le secourût en ce danger «. Ainsi, par l’épopée et le récit courtois, Cervantès ancre son roman, ou du moins, ce chapitre, dans l’atmosphère du récit médiéval. Cependant, l’auteur ne se contente pas de l’imiter. Il va beaucoup plus loin, en le parodiant.    Sous la plume de Cervantès, la scène épique que vit Don Quichotte devient vite comique. Il annonce déjà par le titre, le ton ironique du passage. L’auteur utilise une antiphrase. Il parle d’un « valeureux « chevalier et d’ « un beau succès «, alors que la scène se termine par une défaite et un Don Quichotte blessé. De plus, certains termes du titre ne vont pas ensemble. Comment un épisode tragique, une aventure « épouvantable et jamais imaginée « peut-elle provoquer « une heureuse ressouvenance « ? Ce décalage montre une tragédie burlesque qui va se dessiner. Le titre sert donc à annoncer l’ironie du texte, la scène terrible et comique qui va se dérouler.  Cervantès se plaît également à développer le comique de caractère. Sancho et Don Quichotte n’ont pas le même caractère. Le comique vient donc de l’opposition entre les deux caractères. D’un côté, Sancho Pança est le bon sens populaire qui ne comprend pas la folie de Don Quichotte. Il est obstiné par le raisonnement : « Regardez […] que ceux qui sont paraissent là ne sont pas des géants, mais des moulins à vent et ce qui me semble des bras sont les ailes, lesquelles, tournées par le vent, font mouvoir la pierre du moulin «. Au contraire de Sancho, Don Quichotte, lui, est enfermé dans sa folie.  En plus de l'opposition des caractères de Don Quichotte et de son valet, Cervantès utilise également le comique de situation. En effet, comme l'annonçait le titre, le chapitre devait raconter un exploit qu'on puisse se remémore avec plaisir. Mais, il s'agit surtout d'une situation cocasse, dans laquelle le héros « valeureux «, annoncé dès le départ va finir sur une défaite. De plus, on a une désacralisation de l'emblème de l'héroïsme chevaleresque. En effet, la lance, tout comme l'épée, est un objet sacré pour le chevalier. On se souvient bien d'Escalibur, l'épée du Roi Arthur qui a une valeur magique. Dans le passage, la lance est brisée: « la lance en pièces «, et c'est d'ailleurs la pire chose pour un chevalier. Ainsi, par sa parodie, Cervantès dégage l'image d'un anti-héros.    Cervantès illustre bien l'exubérance et la fantaisie. D'abord, par le choix du sujet, c'est un couple mal assorti. De plus, l'auteur fait preuve d'une imagination débordante. Le héros se bat contre des moulins. C'est une scène qui manque de rigueur et de sobriété, pleine de rebondissements et qui crée des effets de surprise. Dès la première ligne « ils découvrirent «, marque les rebondissements à suivre dans la scène. De nombreux verbes d'action contribuent à faire basculer la scène d'un registre épique à un registre comique: « le vent la fit tourner avec une telle violence qu'elle mit la lance en pièces, emmenant après soi le cheval et le chevalier, qui s'en furent rouler un bon espace parmi la plaine «. Don Quichotte fait donc au début l'action puis la subit. En plus du thème de la fantaisie, Cervantès traite le thème clef, celui de l'illusion et de la folie.  Don Quichotte est l'incarnation même du thème de la folie puisqu'il est prisonnier de sa folie. De plus, il est persuadé d'être logique. C'est la logique du fou. D'ailleurs, les nombreux connecteurs logiques montrent que Don Quichotte raisonne. Chaque personnage tente de convaincre l'autre et de défendre sa vision de la réalité. Mais Don Quichotte fait preuve d'un raisonnement perverti. Il ne peut s'empêcher de rapporter ce qu'il voit aux cas rencontrés dans les romans. La mise en pièces de sa lance n'est pas pour lui, le signe de sa malchance en tant que chevalier. Au contraire, il montre par un exemple romanesque, que cela peut arriver même aux plus grands héros.  En outre, on trouve dans le passage le jeu de l'être et du paraître: « Regardez, qui paraissent, ne sont pas, ce qui semble «. Don Quichotte est vraiment hermétique au monde extérieur. Ainsi, enfermé dans ses illusions, et dans ses livres, Don Quichotte provoque des aventures jusqu'à faire de sa vie un roman.    Il s'agit donc d'un texte en apparence léger et fantaisiste mais qui s'inscrit bien dans son époque baroque par les thèmes du rêve et de l'illusion. De plus, c'est un texte fondateur, qui s'inspire des textes du Moyen-âge e qui va également inspirer d'autres oeuvres par son approche parodique de l'épopée. C'est donc un roman moderne qui a permis d'introduire une série de thèmes liés à l'action, à la conscience, à la personnalité et de les traiter de manière problématique: la mauvaise foi (ne pas voir ce qu'on voit), les rapports entre folie et raison, l'incidence de la littérature dans notre compréhension du monde et la relativité des jugements moraux.

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