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Compagnies des Indes orientales

Publié le 09/02/2013

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1  PRÉSENTATION 

 

Compagnies des Indes orientales, associations de marchands d’Europe occidentale, fondées au cours des xviie et xviiie siècles afin de promouvoir le commerce avec les Indes orientales.

 

La découverte en 1498 de la route du cap de Bonne-Espérance par le navigateur portugais Vasco de Gama permet le développement des compagnies commerciales. Elles reçoivent de leur gouvernement respectif des privilèges les autorisant à acquérir (à conquérir) des territoires, et à y exercer diverses fonctions gouvernementales. Elles ont le droit de légiférer, de battre monnaie, de négocier des traités, de faire la guerre et de rendre la justice. Ces compagnies détiennent le monopole du commerce des produits des territoires qu’elles gèrent.

 

2  COMPAGNIE HOLLANDAISE DES INDES ORIENTALES 

 

La Compagnie hollandaise des Indes orientales naît de la fusion de plusieurs petites compagnies, par décision des États généraux des Provinces-Unies en 1602. En 1619, Jan Pieterszoon Coen, considéré comme le fondateur de l’Empire colonial hollandais aux Indes orientales, crée la ville de Batavia, sur l’île de Java (aujourd’hui Jakarta, en Indonésie). Le monopole commercial hollandais se développe dans tout l’archipel malais, en Chine, au Japon, aux Indes, en Iran et jusqu’au cap de Bonne-Espérance. À la suite de la guerre entre l’Espagne et les Pays-Bas (1605-1665), le Portugal est rattaché à l’Espagne de 1580 à 1640, et la Compagnie récupère toutes les possessions portugaises des Indes orientales ; elle s’installe dans pratiquement toute l’Indonésie actuelle et la péninsule malaise, sur l’île de Ceylan (aujourd’hui le Sri Lanka), sur la côte indienne de Malabar et au Japon. Au cours de la même période, elle réussit également à chasser ses rivaux anglais de l’archipel malais et des Moluques. En 1652, la Compagnie hollandaise des Indes orientales fonde le premier établissement européen en Afrique du Sud, au cap de Bonne-Espérance.

 

Au faîte de sa puissance en 1669, la Compagnie possède 40 vaisseaux de guerre, 150 navires marchands et 10 000 soldats. Entre 1602 et 1696, les dividendes annuels versés par la Compagnie ne sont jamais inférieurs à 12 %, atteignant parfois 63 %. La charte de la Compagnie est renouvelée tous les vingt ans, en échange de concessions financières au gouvernement hollandais.

 

Au xviiie siècle, des désordres internes et l’essor des puissances commerciales britannique et française amorcent le déclin de la Compagnie hollandaise. Incapable de payer le moindre dividende après 1724, elle ne survit qu’en taxant durement les populations locales. Elle ne peut résister à l’attaque britannique contre ses possessions en 1780. En 1798, la Compagnie hollandaise des Indes orientales est liquidée, et le gouvernement hollandais reprend à son compte ses responsabilités, ses dettes et ses possessions.

 

3  COMPAGNIE BRITANNIQUE DES INDES ORIENTALES 

 

La Compagnie britannique des Indes orientales est à l’origine de l’Empire colonial britannique. La charte originelle est octroyée par la reine Élisabeth Ire, le 31 décembre 1600.

 

La Compagnie obtient le monopole du commerce avec l’Asie, l’Afrique et l’Amérique, à la seule restriction de ne pas empiéter sur les droits commerciaux antérieurs « de n’importe quel prince chrétien «. La Compagnie est dirigée par un gouverneur et vingt-quatre directeurs choisis parmi ses actionnaires. En 1610 et 1611, ses premiers comptoirs sont installés en Inde, dans les provinces de Madras et de Bombay.

 

La Compagnie reçoit une nouvelle charte, perpétuelle, accordée en 1609 par le roi Jacques Ier. Elle commence à concurrencer le monopole commercial hollandais dans l’archipel malais, mais après l’affaire d’Ambon, elle cède aux Hollandais la région qui prend le nom d’Indes néerlandaises. En 1650 et 1655, pendant le Commonwealth et le Protectorat d’Oliver Cromwell, elle absorbe des compagnies concurrentes. En 1657, Cromwell ordonne qu’elle soit réorganisée comme la seule société par actions ayant le droit de commerce avec les Indes. Sous le règne de Charles II, la Compagnie acquiert des droits de souveraineté en plus de ses privilèges commerciaux. En 1689, avec l’établissement de districts administratifs (appelés présidences) dans les provinces indiennes du Bengale, de Madras et de Bombay, elle entame sa longue emprise sur la péninsule indienne. Elle convoie de la soie, des épices, du coton et de l’indigo.

 

En 1698, sous un régime parlementaire favorable au libre-échange, des commerçants n’appartenant pas à la Compagnie peuvent fonder une nouvelle société commerciale : la Nouvelle Compagnie (ou Compagnie anglaise). La Compagnie des Indes orientales prend toutefois le contrôle de sa concurrente. En 1708, une loi votée au Parlement les réunit toutes les deux en une « Compagnie réunie des marchands d’Angleterre commerçant avec les Indes orientales «. La charte est renouvelée à plusieurs reprises au xviiie siècle, chaque fois moyennant des concessions financières à la Couronne. Les victoires de Robert Clive, officier de la Compagnie, sur les Français à Arcot (1751) et à Plassey (1757), puis la défaite des Français à Pondichéry (1761) confirment la suprématie de la Compagnie britannique en Inde.

 

En 1773, le Parlement britannique établit un gouvernement général aux Indes, diminuant le contrôle exercé par la Compagnie ; il est confié au gouverneur du Bengale, Warren Hastings. En 1784, la Loi indienne crée un ministère chargé de l’administration politique, militaire et financière des affaires indiennes de la Compagnie. En 1813, le monopole de la Compagnie sur le commerce avec les Indes est aboli, et en 1833, elle perd celui sur le commerce chinois. Son dividende annuel de 10,5 % devient une charge fixe sur les revenus des Indes. La Compagnie poursuit ses fonctions administratives jusqu’à la révolte des cipayes (1857-1858).

 

En 1858, la Loi sur un meilleur gouvernement de l’Inde supprime la Compagnie, et cède à la Couronne ses responsabilités gouvernementales. Ses forces militaires, au nombre de 24 000 hommes, sont incorporées à l’armée britannique. La Compagnie est effectivement dissoute le 1er janvier 1874, lorsque de l’entrée en vigueur de la Loi sur la restitution des actions de la Compagnie des Indes orientales.

 

4  COMPAGNIE FRANÇAISE DES INDES ORIENTALES 

 

En 1664, Jean-Baptiste Colbert, ministre des Finances de Louis XIV, crée cinq compagnies de commerce à charte, et parmi elles, la Compagnie française des Indes orientales. Celle-ci installe son premier comptoir à Surat en 1675. L’année suivante, elle établit sa base principale en Inde à Pondichéry, sur la côte de Coromandel. La Compagnie prospère et étend ses opérations vers la Chine et la Perse (Iran). Elle couvre une grande partie de l’océan Indien et concerne le commerce des cotonnades, des soieries, du thé et des épices. Pour protéger le monopole français face aux compagnies étrangères, Colbert instaure le « régime de l’Exclusif « (tout le commerce des territoires acquis doit être l’exclusivité de la France).

 

En 1719, la Compagnie française des Indes orientales est réorganisée avec les Compagnies coloniales françaises d’Amérique et d’Afrique, sous le nom de Compagnie des Indes. Cette dernière, dirigée par le financier écossais John Law, pâtit de l’échec du projet de commerce dans la région du Mississippi. En 1730, elle perd le commerce des esclaves avec l’Afrique, l’année suivante, son commerce général avec la Louisiane et, en 1736, son commerce du café avec les Amériques. Au cours du xviiie siècle, elle connaît plusieurs dissolutions et reconstitutions. La Compagnie prospère toutefois aux Indes, sous les gouverneurs Benoît Dumas (de 1735 à 1741) et Joseph François Dupleix (de 1742 à 1754). Ce dernier dirige la résistance désespérée des Français contre la mainmise britannique sur les Indes. Avec la prise d’Arcot en 1751 par les Britanniques, puis celle de Pondichéry en 1761, les Français perdent le contrôle de l’Inde méridionale. Les opérations de la Compagnie sont finalement suspendues par décret royal en 1769, et, l’année suivante, elle restitue son capital de plus de 500 millions de livres à la Couronne.

 

En 1785, une nouvelle compagnie reçoit des privilèges commerciaux, mais elle est abolie par décret en 1790 sous la Révolution française, en vertu du principe de la liberté de commerce pour tous les citoyens.

 

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