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contre-révolution

Publié le 11/02/2013

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1   PRÉSENTATION

contre-révolution, nom donné aux activités menées par les opposants à la Révolution française, entre 1789 et 1799.

La contre-révolution est née en même temps que la Révolution. D’une certaine façon, la charge du Royal-Champagne le 13 juillet 1789 au jardin du Palais-Royal est un acte contre-révolutionnaire, tout comme les tentatives de Louis XVI, réitérées durant tout le mois de juin, pour impressionner les députés de l’Assemblée nationale constituante.

2   L’ÉMIGRATION

À partir du 17 juillet 1789, date à laquelle le roi reconnaît la victoire des émeutiers de la prise de la Bastille, les défenseurs les plus radicaux de l’absolutisme au sein de l’Assemblée constituante doivent se résigner au silence ou à l’émigration. Le terrain parlementaire est désormais impossible à utiliser par ceux que les patriotes nomment les « noirs «. Pour exemple, « Mirabeau-Tonneau « — frère du comte de Mirabeau qui, pour sa part, tente de concilier principes révolutionnaires et monarchie constitutionnelle — quitte la France en septembre 1789.

Les princes du sang — le comte de Provence (futur Louis XVIII) et le comte d’Artois (futur Charles X) — quittent également le territoire ; autour du roi, la contre-révolution est désormais représentée essentiellement par la cour de la reine Marie-Antoinette dont le double objectif, à partir d’octobre 1789, est de fuir Paris et de trouver un appui auprès de son frère l’empereur Joseph II.

Bientôt, les forces principales de la contre-révolution se rassemblent dans l’émigration, dont les trois centres sont Milan, Londres et Coblence. Les émigrés arrivent par vagues successives, entre 1789 et 1794 ; nostalgiques de l’Ancien Régime, prêtres réfractaires et affairistes suspectés se constituent en armée qui, à défaut d’être efficace (comme l’illustre l’échec du débarquement à Quiberon, en juillet 1795), n’en semble pas moins redoutable aux révolutionnaires.

3   LES COMPLOTS

Dès l’hiver 1789-1790, la contre-révolution se concrétise également par des complots dont l’ampleur et la portée sont variables. La conspiration du marquis de Favras (prévoyant l’enlèvement du roi des Tuileries après les journées d’octobre 1789), le rassemblement du camp de Jalès (premier rassemblement contre-révolutionnaire, le 18 août 1790), la conspiration des « chevaliers du poignard « (nouvelle tentative d’enlèvement de Louis XVI, le 28 février 1791) sont quelques exemples de ces tentatives sommairement conçues et rapidement réprimées. Cependant, ces affaires entretiennent dans l’opinion publique l’idée omniprésente d’un vaste « complot « des « noirs «, complot qui reçoit en sous-main l’appui des modérés de l’Assemblée et celui des agioteurs. La stratégie de surveillance systématique des « ci-devant « privilégiés, stratégie promue par la presse révolutionnaire et dans les clubs radicaux, élargit le fossé entre les deux partis.

Depuis l’étranger, les émigrés participent également à des opérations d’espionnage multiples subventionnées en particulier par le Royaume-Uni de Grande-Bretagne (réseau de renseignements du comte d’Antraigues), qui trouve dans ces contre-révolutionnaires des recrues de choix pour l’aider à lutter contre la Révolution. Au total, la stratégie du complot est surtout efficace au moment de la réaction thermidorienne et du Directoire : la relative fragilité du pouvoir durant cette période et sa dépendance vis-à-vis des militaires facilitent la Terreur blanche et les tentatives (avortées) de prise du pouvoir notamment par Charles Pichegru et ses partisans, les « clichyens «.

4   LA PRISE D’ARMES

À l’intérieur du pays, de nombreux opposants à la Révolution, de plus humble condition, s’organisent également. Souvent motivées par leur désaccord à la politique religieuse du gouvernement républicain, des masses populaires se soulèvent contre le régime et prennent les armes, au son du tocsin. Il en est ainsi des insurrections populaires qui, à la levée d’hommes de février 1793 pour défendre la République en guerre contre une coalition européenne, enflamment la Bretagne et la Vendée. La Chouannerie et la guerre de Vendée, si elles font parfois oublier les autres insurrections en France (Lyon, Marseille, Toulon ou Paris), sont deux épisodes capitaux de la contre-révolution.

5   LE MESSAGE IDÉOLOGIQUE

Mais sans doute l’aspect le plus important de la contre-révolution réside-t-il dans l’armature idéologique dont elle se dote progressivement. Très vite, le mouvement contre-révolutionnaire met en place des moyens de propagande, en particulier la presse royaliste emmenée par Suleau, Royou et le comte de Rivarol (les Actes des apôtres). Cette presse se distingue par une grande virulence, comparable à celle de l’Ami du peuple de Jean-Paul Marat.

Si Rivarol a eu un rôle central de pamphlétaire, les thèses de la contre-révolution commencent surtout à se constituer dans l’émigration avec les essais de Sénac de Meilhan et surtout de l’abbé Barruel, qui ne cesse de les affiner, du Patriote véridique (publié en France en 1789) aux Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme (publiés à Hambourg en 1798). La thèse développée par ce contre-révolutionnaire soutient que la Révolution serait une punition divine témoignant de la colère du Créateur face aux errements matérialistes du siècle des Lumières qui auraient heurté l’Ordre éternel ; que le « complot « qui aurait engendré ce nouveau déluge serait l’œuvre des loges maçonniques, des protestants, des juifs, des libertins et des philosophes ; et qu’en définitive, seul le retour à l’Ordre éternel serait censé calmer cette colère divine.

Pour leur part parues en novembre 1790, The Reflections on the French Revolution (les Réflexions sur la Révolution de France) d’Edmund Burke donnent à la contre-révolution une théorie fondée sur l’histoire et le comparatisme. L’idée centrale est que seul l’héritage des siècles peut donner à un pays son ordre et sa Constitution ; le travail des constituants français, qui est fondé sur l’abstraction des philosophes et sur une raison dont Burke réfute la dictature, ne peut être que fondamentalement mauvais et aboutir aux horreurs de juillet et d’octobre 1789.

Trois autres théoriciens donnent sa dimension littéraire à la contre-révolution : Louis de Bonald, Joseph de Maistre et Chateaubriand. Dans leurs écrits, les thèmes précédents sont repris et développés ; la qualité littéraire et l’ampleur prophétique de ces auteurs donnent à la contre-révolution un immense prestige et fascinent nombre de penseurs politiques des XIXe et XXe siècles. La contre-révolution a ainsi été, pour partie, à l’origine de la pensée d’extrême droite en France, de Georges Sorel à Charles Maurras.

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