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Corée, guerre de

Publié le 05/04/2013

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1   PRÉSENTATION

Corée, guerre de, conflit militaire disputé sur la péninsule coréenne de juin 1950 à juillet 1953.

Né de l’invasion de la Corée du Sud (République de Corée) par la Corée du Nord (République populaire démocratique de Corée), le conflit a pris, dans le contexte de la guerre froide, la tournure d’une guerre internationale localisée, impliquant notamment les États-Unis et la Chine. Contrairement aux craintes qu’il a pu provoquer dans un premier temps, il n’a pas débouché sur une Troisième Guerre mondiale en raison de la volonté des États-Unis et de l’Union soviétique de ne pas s’engager dans un face-à-face.

2   ORIGINES DU CONFLIT

Après la défaite du Japon (2 septembre 1945), à la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Corée (sous domination japonaise depuis 1910) est partagée en deux zones d’occupation, au niveau du 38e parallèle : la zone soviétique au nord, et la zone américaine au sud. Cette partition n’étant considérée comme définitive par aucune des parties concernées, des tentatives de réunification de la péninsule sont menées par les États-Unis et l’Union soviétique dès 1946, mais n’aboutissent pas, dans un climat d’hostilité croissante entre les deux superpuissances. Deux États antagonistes voient alors le jour : au sud, la République de Corée, présidée par Syngman Rhee et soutenue par le gouvernement américain et les Nations unies, est proclamée le 15 août 1948 ; au nord, la République populaire démocratique de Corée, présidée par Kim Il-sung et soutenue par le gouvernement soviétique, est proclamée dix jours plus tard. Dès la fin de l’année 1948, les troupes soviétiques ont quitté la péninsule coréenne, les contingents américains leur emboîtant le pas en juin 1949. Corée du Nord et Corée du Sud concentrent dès lors leurs forces le long du 38e parallèle et, dès l’été 1949, des incidents éclatent à la frontière — provoqués pour la plupart par la Corée du Sud selon des archives américaines. Un an plus tard, le 25 juin 1950, la Corée du Nord saisit le prétexte fallacieux d’une escarmouche de l’armée sud-coréenne pour franchir le 38e parallèle.

Les motifs qui persuadent Kim Il-sung de l’opportunité d’une telle offensive restent incertains, de même que l’appui dont il aurait bénéficié. Compte tenu de l’impopularité croissante du régime de Syngman Rhee, son homologue nord-coréen pense pouvoir être accueilli par une majorité de Sud-Coréens comme le libérateur capable de le renverser et de réunifier les deux Corées. Face aux réticences de Joseph Staline, qui doute du succès de l’entreprise et craint ses conséquences sur les relations américano-soviétiques, il se dit également assuré d’une victoire éclair et de l’impossibilité d’une intervention américaine rapide. Il obtient finalement l’aval de Joseph Staline et, même si l’approbation qu’il reçoit de la Chine (devenue communiste en 1949) n’est pas historiquement établie, il apparaît peu probable que Mao Zedong n’ait pas été informé de ses plans ; la Chine, tout en redoutant une riposte militaire des États-Unis qui viendrait contrecarrer ses projets d’annexion de l’île de Taïwan, semble prête à intervenir en cas d’internationalisation du conflit.

Ambiguë, la position des États-Unis à la veille de l’offensive nord-coréenne semble plutôt pencher en faveur d’une intervention militaire en cas d’attaque contre la Corée du Sud. En effet, dans un Extrême-Orient où la présence française est menacée par la guerre d’Indochine, la Corée du Sud (comme le Japon, très affaibli) constitue un bastion stratégique pour la politique américaine d’endiguement du communisme. L’Union soviétique, pour sa part, aurait perçu l’intérêt d’une intervention américaine coûteuse provoquant la mobilisation de troupes ; depuis le mois de janvier précédent, elle boycotte en outre le Conseil de sécurité de l’ONU en raison du refus américain d’y admettre la Chine et avec l’intention, sans doute aussi, de montrer que l’ONU est en réalité un instrument du gouvernement américain.

3   OFFENSIVE NORD-CORÉENNE ET EXTENSION DU CONFLIT

Le dimanche 25 juin 1950, à l’aube, l’armée nord-coréenne franchit le 38e parallèle et envahit la Corée du Sud. Si les deux camps sont alors numériquement comparables, l’armée nord-coréenne bénéficie des équipements lourds laissés par l’Union soviétique et d’une plus grande expérience sur le champ de bataille (en particulier celle des milliers de soldats tout juste rentrés de Chine où ils ont combattu auprès des communistes). Face à une armée sud-coréenne n’opposant guère de résistance, les troupes nord-coréennes parviennent à prendre Séoul, la capitale de la Corée du Sud, le 28 juin.

Dès le 27 juin, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni en urgence, en l’absence de l’Union soviétique, et a pris une résolution soutenue par les États-Unis mettant en place des sanctions militaires contre la Corée du Nord. Le Conseil de sécurité décide la constitution d’une armée formée par seize nations, dont la France, qui envoie un bataillon commandé par le général Monclar. Le même jour, le président des États-Unis, Harry Truman, ordonne aux forces aériennes et navales du Pacifique de se porter au secours des armées de la Corée du Sud et de protéger l’île de Taïwan.

Le 30 juin, le président Truman ordonne le déploiement en Corée des forces de combat terrestres américaines stationnées au Japon et une attaque aérienne au Nord. Au mois de juillet, les forces américaines et sud-coréennes ainsi que les autres contingents internationaux sont placés sous un commandement unifié de l’ONU, dirigé par le général américain Douglas MacArthur. Dans les semaines qui suivent, l’armée nord-coréenne (environ 70 000 hommes au front) inflige défaite sur défaite aux troupes onusiennes et sud-coréennes (92 000 hommes dont 47 000 Américains), repoussées dans une bande de terre autour de la ville portuaire de Pusan au sud-est de la péninsule, large de 80 km d’est en ouest (de Pohang à Daegu) et longue de 110 km du nord au sud (jusqu’à la région de Jinju). Les armées coalisées parviennent cependant à tenir ce périmètre, en dépit des assauts répétés des Nord-Coréens (dont les effectifs approchent alors les 100 000 hommes) et grâce aux renforts américains (près de 40 000 supplémentaires), à la supériorité de leur artillerie et à un important appui aérien.

4   CONTRE-OFFENSIVE ONUSIENNE ET AVANCÉE VERS LE NORD

Le 15 septembre 1950, le général MacArthur lance une brillante invasion sous-marine derrière les lignes ennemies, débarquant quelque 80 000 marines à Inchon, cité portuaire de la côte ouest de la Corée du Sud, à 40 km environ à l’ouest de Séoul. Coordonnant leur attaque, les forces de l’ONU réussissent à sortir de la poche de Pusan. Face à l’ampleur de la contre-offensive, les Nord-Coréens sont contraints à une retraite inévitable. Le 26 septembre, ils évacuent Séoul et, le 30, ils sont repoussés au-delà du 38e parallèle.

Le président Truman décide alors de tirer parti de la situation pour faire régresser l’expansion communiste en renversant le régime nord-coréen. Convaincu de l’absence de réaction de la part des gouvernements soviétique et chinois, il approuve l’ordre de franchissement du 38e parallèle par les forces de l’ONU avec l’objectif de repousser l’ennemi au-delà du fleuve Yalu séparant la Corée du Nord de la Chine. Les forces onusiennes entrent en Corée du Nord le 7 octobre et s’emparent de Pyongyang, sa capitale, le 18. Le 26 octobre, certaines unités avancées atteignent le Yalu, où elles entrent en contact avec des « volontaires « chinois. Après des combats acharnés au cours desquels les unités de MacArthur sont repoussées, les Chinois se retirent mais MacArthur continue son offensive vers le Yalu tout au long du mois de novembre.

La menace américaine à la frontière mandchoue, mais surtout la volonté des dirigeants chinois de contrer la stratégie des États-Unis et de porter secours à ses alliés nord-coréens, convainquent la Chine d’intervenir.

5   ENTRÉE EN GUERRE DE LA CHINE

Les troupes chinoises, sous les ordres du général Lin Piao, contre-attaquent à la fin du mois de novembre 1950. Les armées de l’ONU, trop éparpillées, inférieures en nombre et mal équipées pour combattre dans le rude hiver coréen, doivent rapidement battre en retraite. Le 26 novembre, les Chinois coupent la route à quelque 40 000 soldats et marines américains au nord-est de la Corée, qui parviennent à se dégager et seront évacués plus tard du port de Hungnam. Les communistes occupent à nouveau Pyongyang le 4 décembre et, entrés en Corée du Sud, s’emparent de Séoul le 4 janvier 1951. Toutefois, leurs lignes de ravitaillement étant trop étendues et leur puissance de feu inférieure, ils sont incapables de pousser plus loin leur avantage. L’offensive communiste est stoppée le 15 janvier, sur un front situé bien au sud de Séoul.

Truman redéfinit une fois de plus la politique américaine en Corée. Ne voulant pas s’engager dans un conflit ouvert avec la Chine, qui risque d’entraîner une guerre mondiale impliquant l’Union soviétique et d’effrayer ses propres alliés européens, le président américain abandonne son objectif de réunification militaire de la Corée. Il poursuit alors son premier but : mettre un terme à l’agression communiste en Corée du Sud.

L’offensive est lancée le 21 janvier 1951, et le commandement de l’ONU tout entier monte l’attaque connue sous le nom d’opération Killer, le 21 février. Sous la pression d’une puissance de feu supérieure, les Chinois se retirent lentement de la Corée du Sud. Séoul est reprise par les troupes sud-coréennes le 14 mars. Le 22 avril, les forces de l’ONU occupent des positions un peu au nord du 38e parallèle, le long d’une ligne qui, malgré quelques légères variations, reste stable jusqu’à la fin de la guerre.

Entre-temps, le 11 avril, le général MacArthur, qui avait publiquement défendu une stratégie militaire très agressive visant à prolonger le conflit jusqu’en Mandchourie, a été relevé de son commandement et remplacé par le lieutenant-général Matthew Ridgway.

6   STABILISATION DES FRONTS ET NÉGOCIATIONS DE PAIX

À partir de l’été 1951, le conflit prend une nouvelle tournure, avec la poursuite des combats le long du 38e parallèle et de tortueuses négociations de paix. En effet, des combats terrestres et aériens se poursuivent et, si les troupes communistes n’auraient probablement pas pu soutenir une autre offensive d’envergure, la maîtrise de leurs positions rend la stratégie de défense active de l’ONU très coûteuse en vies humaines. Le conflit prend la forme d’une guerre de tranchées, dont les batailles les plus acharnées ont lieu sur les collines dites d’Old Baldy, Capital, Pork Chop, T-Bone et Heartbreak Ridge.

Le 23 juin 1951, alors que le conflit s’est transformé en guerre de position, le représentant soviétique aux Nations unies propose l’ouverture de discussions entre les belligérants afin de parvenir à un accord de cessez-le-feu. Les négociations commencent le 10 juillet, à Kaesong (Corée du Nord) ; menées dans un climat de défiance, elles aboutissent cependant au règlement de toutes les questions principales mais achoppent sur la question des prisonniers de guerre nord-coréens et chinois ne souhaitant pas être rendus à leur armée et retomber sous le joug communiste. Elles s’interrompent en octobre 1952 et ne reprennent qu’en avril 1953 : sans doute la mort de Joseph Staline (en mars) permet-elle largement de rouvrir le dialogue.

À la fin du printemps 1953, les deux parties parviennent à un accord : les prisonniers qui ne souhaitent pas retourner dans leur propre pays seront placés sous la garde d’une commission neutre pour une durée de 90 jours après la signature d’une trêve. Durant cette période, chaque nation pourra essayer de persuader ses ressortissants de retourner chez eux.

7   ARMISTICE ET CONSÉQUENCES DE LA GUERRE

Le 27 juillet 1953, l’armistice est signé à Panmunjom (village situé sur la ligne de démarcation), entre les représentants de l’ONU, ceux de la Chine et ceux de la Corée du Nord. La Corée du Sud, opposée à un texte reconnaissant la partition de la Corée, ne le signe pas. Alors qu’aucun traité de paix ne sera signé ultérieurement, la ligne de cessez-le-feu, sensiblement au nord du 38e parallèle, devient la nouvelle frontière entre les deux États, soit à peu de chose près la même que celle d’avant le conflit. Ainsi la guerre laisse la péninsule dévastée et toujours divisée.

Extrêmement meurtrière, la guerre de Corée aurait fait quatre millions de morts, dont deux-tiers de civils victimes des bombardements.

La guerre de Corée, par l’ampleur des moyens matériels et humains mobilisés des deux côtés, par sa durée, par les risques d’embrasement auxquels elle a confronté un monde coupé en deux blocs, a été l’un des événements paroxysmiques de la guerre froide. Elle a eu une conséquence économique décisive : les États-Unis, qui avaient fait du Japon leur base arrière, ont donné au vaincu de 1945 l’occasion d’entamer un processus de développement qui allait en faire la troisième puissance économique mondiale dès les années 1960.

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