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Correspondance, 5 février 1649, REPONSE DE Monsieur DESCARTES A Monsieur MORUS

Publié le 29/07/2010

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descartes

A l’égard de l’erreur que vous semblez vouloir m’attribuer par la comparaison que vous faites de la cire, qui peut bien à la vérité n’être ni carrée, ni ronde, mais qui ne peut pas absolument n’avoir point de figure, faites, s’il vous plaît, attention au principe que j’ai établi, que toutes les qualités sensibles du corps consistent dans le seul mouvement, ou le seul repos de ces petites parties ;  On n’en saurait dire autant de Dieu ni de notre âme, car ni l’un ni l’autre n’est du ressort de l’imagination, mais simplement de l’intellection, et on ne saurait les séparer par parties, surtout en parties qui aient des grandeurs et des figures déterminées.  ainsi, je dis qu’il n’y a d’étendue que dans les choses qui tombent sous l’imagination, comme ayant des parties extérieures les unes aux autres, et qui sont d’une grandeur et d’une figure déterminées, quoiqu’on nomme aussi d’autres choses étendues, mais seulement par analogie.  car dans un espace, quelque vide qu’on se l’imagine, on se figure aisément différentes parties de grandeur et de figure déterminées, et on les peut transférer par un effet de la même imagination les unes dans le lieu des autres, mais on n’en saurait concevoir en aucune manière deux se pénétrer mutuellement ensemble dans le même lieu, parce qu’il répugne au bon sens que cela arrive et qu’aucune partie de l’espace ne soit ôtée.  La seule source de notre erreur vient d’avoir vu que plusieurs membres des bêtes n’étaient pas bien différents des nôtres pour la figure extérieure et les mouvements, et d’avoir cru que notre âme était le principe de tous les mouvements qui sont en nous, et que la même âme donnait le mouvement au corps, et était la cause de nos pensées.

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