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Cours: LA VIOLENCE (a de g)

Publié le 22/02/2012

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INTRODUCTION

1) Définition de la violence

- Nous avons vu, dans le cours sur le pouvoir, que la violence semblait inhérente au pouvoir et à sa genèse et qu’elle constituait un mode dur par excellence. Mais qu’est exactement la violence ?

- On parle d’un homme d’un caractère violent, c’est-à-dire d’un homme qui a tendance à user et à abuser de sa force; on dit qu’un vent est violent pour désigner un vent d’une grande force; un désir est qualifié de violent lorsque sa force est telle qu’on ne peut lui résister.

- L’origine étymologique (violence vient du latin « violentia «, de « vis «, la force, la puissance, la vigueur, mais aussi l’essence d’une chose, ou encore la ressource d’un corps pour exercer sa force) signifie à la fois la force, la puissance. Au coeur de la notion de violence se trouve l’idée d’une force, d’une puissance naturelle dont l’exercice contre quelque chose ou quelqu’un fait le caractère violent : la force devient violence lorsqu’elle dépasse la mesure ou perturbe un ordre.

- La violence passe aussi pour l’effet de la force humaine ou animale; elle désigne aussi un mouvement contre nature : Aristote en fait le principe de ce qui affecte une chose de l’extérieur, contrairement à sa nature. La violence s’exerce également contre la nature intérieure, comme l’indique l’expression “se faire violence”. Elle résulte alors de l’effort volontaire contre l’instinct ou l’impulsion. La violence évoque également le renversement et la destruction d’obstacles ; elle est alors brutale et spontanée. Mais elle peut être bien entendu le produit de la volonté délibérée quand elle est préméditée.

- Si le langage courant nous invite à établir une relation entre force et violence, il convient de distinguer ces deux notions.

- La force, en son sens philosophique fondamental, est énergie et maîtrise de soi (exemple de la fermeté stoïcienne). Principe de puissance et d’action, déploiement de la volonté souveraine, la force se distingue de la violence entendue comme puissance déchaînée, non maîtrisée par la raison et le discours.

- La violence désigne, en effet, une puissance corrompue, à base de colère, une impatience dans la relation à autrui, puissance par laquelle j’exerce une contrainte sur autrui, de telle sorte qu’il exécute et réalise ce qui est cependant contraire à sa volonté et à ses fins. A la différence de la force qui est maîtrise de la volonté, la violence refuse de convaincre par persuasion pour contraindre l’interlocuteur ; elle fait partie, nous l’avions vu, des moyens « durs « du pouvoir. « La violence est cette impatience dans le rapport avec autrui, qui désespère d’avoir raison par raison et choisit le moyen court pour forcer l’adhésion…La violence se situe à l’opposé de la force, car l’énergie qu’elle met en oeuvre n’est que l’énergie du désespoir « (G. Gusdorf, La vertu de force).

- La violence naît souvent d’un effort pour compenser un sentiment d’infériorité, effacer une frustration (la violence du coléreux), alors que la force est le pouvoir effectif d’exercer une action sur quelque chose ou sur quelqu’un. La force morale, par exemple, est une puissance souveraine, un principe d’action qui implique la maîtrise de soi. La violence apparaît alors comme l’expression d’une faiblesse secrète.

- Il faut aussi distinguer, selon Julien Freund (in Qu’est-ce que la politique ?), la force publique, dont dispose le pouvoir, et la violence : « dès que la force est contestée naît la violence «. Alors que la force contraint, la violence opprime : la violence consiste dans un emploi de la force pour nier l’autonomie, l’intégrité physique, voire la vie de l’autre. En ce sens, la violence est une contrainte physique ou morale tendant à faire réaliser par un individu ou un groupe ce qui est contraire à leur volonté.

2) Problématisation du sujet (exercice  de classement de sujets de dissertation)

* Problème de la nature de la violence (la violence est-elle toujours avouée ? Où commence, où finit la violence ? N’y a-t-il de violence que physique ?)

·       Ces sujets invitent à ne pas assimiler, comme le fait souvent la pensée commune, la violence à ses manifestations extérieures et spectaculaires, et à bien distinguer la violence visible de l’agression, et la violence invisible de l’oppression, etc. Ne pas se contenter de la conception confuse de la violence mais tenter de définir clairement la violence.

* Problème de la nécessité de la violence (les relations avec autrui peuvent-elles être exemptes de conflits ? La guerre est-elle fatale ?)

·       Ces sujets portent soit sur la violence en général, soit sur sa forme institutionnalisée et organisée, la guerre. Le même problème parcourt tous ces sujets : les relations humaines sont-elles nécessairement violentes ? On peut ici expliquer que si les relations humaines sont telles, c’est parce qu’elles dérivent d’une agressivité naturelle. Biblio : Hobbes, Léviathan, Freud, Essais de psychanalyse, Konrad Lorenz, L’agression. On peut aussi faire dériver la violence des différences entre les hommes (Lévi-Strauss, Race et histoire) ou d’une condition humaine impliquant un rapport conflictuel avec autrui (Hegel, Phénoménologie de l’esprit ou Sartre, L’Etre et le Néant).

* Problème de la valeur morale de la violence (la violence est-elle toujours condamnable ? La violence peut-elle avoir raison ? ).

·       il s’agit ici de savoir : si la violence est moralement un mal, n’est - elle pas politiquement un moyen indispensable ? N’y a-t-il pas alors une contradiction entre les  nécessités politiques et les exigences morales ? On peut caractériser la violence comme un mal sinon comme le mal absolu (Ricoeur, Finitude et culpabilité). On peut aussi la penser  comme une nécessité politique et historique (Engels, Le rôle de la violence dans l’histoire).

* Problème de la relation de la violence et de réalités antagonistes (La raison est-elle génératrice de violence ?).

·       Savoir s’il faut opposer raison et violence comme le fait Eric Weil dans Logique de la philosophie. N’y a - t- il pas une violence de la raison comme le pense Marcuse dans L’homme unidimensionnel ou Foucault dans  Histoire de la folie.

- D’où vient donc la violence ? Quelle est sa racine ultime ? Tient-elle à l’être même de l’homme ou à sa situation dans le monde ? Est-elle naturelle ou représente-t-elle un phénomène culturel ? En quoi la violence peut-elle être légitime, c’est-à-dire à quelle condition la violence est-elle acceptable ? La violence, enfin, peut-elle être supprimée? La non-violence est-elle un moyen de lutter contre la violence ? Ou n’est-ce pas dans la raison qu’il convient de chercher le remède efficace ? Bref, comment penser la violence : y a-t-il un emploi légitime de la violence ou est-elle par nature illégitime ? 

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