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Croisade des enfants

Publié le 07/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Croisade des enfants, nom donné aux mouvements populaires nés en Allemagne et en France en 1212, qui rassemblèrent des milliers de personnes d’origine paysanne derrière de jeunes prophètes, se proclamant élus de Dieu, pour aller délivrer Jérusalem et le Saint-Sépulcre des païens. Ces mouvements ont suscité la méfiance des autorités tant laïques que cléricales.

2   DES APPELS DIVINS

Le mouvement naît en Allemagne, dans la région de Cologne, en 1212, entre Pâques et la Pentecôte (25 mars-13 mai). Un brasseur de Cologne, prénommé Nicolas selon les chroniqueurs de l’époque, aurait déclaré avoir eu la vision d’un ange l’appelant à délivrer le Saint-Sépulcre des musulmans. Des milliers de personnes répondent à cet appel prétendument divin et se mettent spontanément en marche vers Jérusalem. Les pèlerins se dirigent vers l’Alsace, franchissent les Alpes en Autriche et gagnent Gênes, où le mouvement se disperse rapidement. Quelques-uns embarquent néanmoins pour la Terre sainte. Une minorité revient finalement en Allemagne.

Le mouvement s’étend à la France en juin 1212, après qu’un jeune berger vendômois, prénommé Étienne, eut fait part de sa vision du Christ, lui étant apparu sous les traits d’un pèlerin affamé détenant une lettre pour le roi de France. Quelque trente mille personnes, peut-être, affluent de toute le royaume et font route vers Saint-Denis où Étienne aurait accompli de nombreux miracles. Philippe II Auguste, après avoir consulté les maîtres des écoles de Paris, disperse le mouvement et renvoie les pèlerins chez eux.

3   CHRONIQUES ET HISTORIOGRAPHIE

La légende de la Croisade des enfants s’est constituée vers 1250-1252, quand des chroniqueurs ont relaté l’histoire d’un rassemblement d’enfants, venus de toute l’Allemagne et de toute la France, autour d’un jeune prophète. Ils narrent une expédition menée par des enfants jusqu’en Terre sainte, pour laquelle Dieu fend les eaux de la Méditerranée, leur permettant de traverser à pied sec. Après cet épisode rappelant la sortie d’Égypte du peuple juif mené par Moïse, les enfants auraient été kidnappés par des brigands et vendus sur les marchés d’esclaves.

La Croisade des enfants a alimenté une abondante littérature populaire et historique, entretenant la légende d’enfants jetés sur les routes par la ferveur chrétienne entourant les croisades au Moyen Âge.

L’historiographie de la seconde moitié du XXe siècle, avec notamment les travaux de Philippe Ariès et Georges Duby, a fait la part de la légende et de la réalité. La Croisade des enfants n’a pas été celle de jeunes mineurs mais plus probablement celle de paysans marginalisés par les transformations économiques du XIIe siècle, désignés par le terme latin pueri, renvoyant à des personnes en situation de dépendance ou de servilité.

Si elle s’inscrit dans le contexte des croisades menées par les chrétiens d’Occident contre les musulmans, la Croisade des enfants se distingue de la guerre sainte des chevaliers au service de l’Église puisqu’il ne s’agit pas, dans ce cas, d’une expédition militaire. Le mouvement de 1212 se différencie également des croisades populaires précédentes, caractérisées par une grande violence. Si la croyance au millénium — l’apparition d’une Jérusalem céleste sur Terre après le Jugement dernier — n’est pas absente de la Croisade des enfants, cette dernière porte essentiellement les aspirations de la réforme religieuse ayant débuté au XIIe siècle et préconisant le retour à la pauvreté des premières communautés chrétiennes. Cette dimension explique sans doute pourquoi les chroniqueurs ont magnifié le mouvement et insisté sur l’innocence des participants, représentés par les enfants.

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