Devoir de Philosophie

« Dans la vie, on ne regrette que ce qu'on n'a pas fait. » Jean Cocteau

Publié le 22/07/2010

Extrait du document

cocteau

Jean Cocteau attestait « Dans la vie, on ne regrette que ce qu’on n’a pas fait«. Le commun des mortels passe à côté d’énormément d’opportunités, de possibilités. Une simple rencontre ratée, une petite occasion omise et la vie peut prendre une tournure totalement différente, parfois bien pire que celle espérée. Les regrets se tournent-ils vraiment toujours sur des actions loupées ou se peut-il d’être pris par des remords pour des faits commis mais injustifiés, illégitimes ?    Tout d’abord, d’un point de vue lexical, il est possible de discuter de la nuance entre le mot remord et regret. Effectivement, d’aucuns affirment que le regret est le déplaisir de n’avoir pas fait quelque chose tandis que le remord est le mécontentement d’avoir réalisé une chose. Si cette logique est considérée, la phrase de Jean Cocteau perd son sens puisque tellement logique, elle en devient totalement inutile et grotesque ; « on ne regrette que ce qu’on n’a pas fait « oui, par définition même du regret.  Mais difficile il serait de penser que cette phrase philosophique se borne au sens propre du mot et ne cache pas quelque chose de plus profond. De plus le dictionnaire n’est pas d’accord avec cette horde qui revendique avec ferveur cette nette différence entre remord et regret puisqu’il décrit : « Regret : Déplaisir d'avoir fait ou ne n'avoir pas fait une chose. Regret de ses erreurs, chagrin d'avoir perdu ou de n'avoir pu obtenir un bien. Regret du temps passé... « Confère « Le Petit Robert 1977 «.  Ensuite, oubliant ce conflit linguistique et préférant la version Robert du regret, cette phrase reste tout de même fortement à nuancer. Elle parait parfaite pour quelqu’un de secondaire, qui réfléchit énormément à ce qu’il doit faire, ce qu’il doit dire. A force de trop réfléchir, cette personne n’agit plus ou très peu et regrette très souvent d’être restée trop passive par rapport à un évènement, par rapport à sa vie en générale… Ce genre de caractère peut être considéré comme un atout majeur dans le sens où les manœuvres réalisées sont mûrement réfléchies et font preuves d’un recul extrêmement efficace dans certaines situations. Mais bien souvent ces individus considèrent la phrase de Jean Cocteau comme le principal manque de leur vie : l’inactivité, le regret de ne pas avoir agi, réagi, d’être secondaire, de trop réfléchir… Elle prend alors tout son sens car ils ne regrettent jamais ou presque ce qu’ils ont fait : ils ne font quand même rien. Non, cette locution est exagérée, mais leurs rares agissements sont parfaitement adaptés et judicieux.  Après, les individus primaires n’affectionnent que très peu cette phrase ; le genre de personne qui agit sans réfléchir et regrette après ce qu’il a dit ou fait. Ne possédant pas tous les vices du monde, ces gens sont des esprits rapides, des personnes d’action qui savent prendre des décisions quand il faut la prendre, peut-être pas toujours les bonnes certes mais quelque chose est fait en temps et en heure. Bien souvent leurs paroles et actes fougueux, vifs peuvent faire l’objet de critique, n’ayant pas beaucoup réfléchi aux conséquences de leurs actes, ils agissent selon leurs instincts et dans ce cas, regrettent ce qu’ils ont fait.  Enfin, il est très facile de démonter cette phrase en bonne et due forme par quelques contre-exemples simples, clairs, nets, précis, concis, niveaux rhétos : « J’ai joué au poker dans l’arrière salle d’un bar sicilien, j’ai parié ma femme et j’ai perdu. « « J’ai critiqué le régime communiste d’Ernesto Guevara. Je suis en prison, j’attends mon exécution prévue demain sur la place publique. « « J’ai essayé la drogue une fois. Depuis je suis dépendant. Une overdose est vite arrivée. Je ne suis plus là pour le raconter «. Une petite liste non-exhaustive de cas où Jean Cocteau est complètement dépassé. Bien sur, ce point ne fait pas spécialement référence aux gens primaires, tout le monde peut être atteint par ces délires, ces folies.    En conclusion, cette phrase, bien trop restrictive, ne s’applique qu’à certains types de sujets : les individus très réfléchis, qui ne prennent que très peu de risques, qui voient la vie comme un danger permanent : Les mous, les amorphes, les casaniers, les peureux, les timides… Sans risque, il peut être considéré que Jean Cocteau faisait partie de ce type d’individu parce qu’un être si intelligent ne peut, sans être dans le cas, débiter une telle connerie en une seule phrase.

Liens utiles