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Delumeau, Jean

Publié le 13/04/2013

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Delumeau, Jean (1923- ), historien français, spécialiste de l’histoire religieuse de l’Occident moderne.

Né à Nantes, élève de l’École normale supérieure (1943), Jean Delumeau est engagé volontaire en décembre 1944 et obtient l’agrégation d’histoire en 1947. Sa brillante carrière universitaire le mène ensuite du lycée Alain-Fournier de Bourges, où il a commencé à enseigner (1947-1948), au Collège de France, où il occupe la chaire d’histoire des religions à partir de 1974. Auparavant, il est successivement membre de l’École française de Rome, professeur de khâgne à Rennes, détaché au CNRS, professeur d’histoire moderne à l’université de Rennes, puis à Paris-I, et directeur de recherches à l’École pratique des hautes études. Il a également dirigé le Centre armoricain de recherches historiques de 1964 à 1970 et publié les Documents de l’histoire de la Bretagne (1971).

Sa thèse de doctorat, soutenue en 1955, porte sur la Rome du xvie siècle dans une approche essentiellement économique et sociale (Vie économique et sociale de Rome dans la seconde moitié du xvie siècle, Paris, 1957-1959). Il faut attendre sa Civilisation de la Renaissance (1967) pour voir ses recherches se spécialiser dans le domaine de l’histoire religieuse. La Renaissance lui paraît, tout au moins chez les élites, moins païenne qu’on ne la considère souvent. Suivent deux ouvrages consacrés respectivement à la Réforme protestante et à la Réforme catholique. Ils établissent les thèmes et la problématique que Jean Delumeau suivra dans le reste de son œuvre. Selon des méthodes qui doivent beaucoup à Fernand Braudel et à l’influence des Annales, ses recherches ultérieures poursuivent en effet trois objectifs majeurs. Premièrement, introduire l’étude du discours théologique dans les sciences humaines en articulant les formulations doctrinales et l’expression des attentes collectives. Deuxièmement, faire du « chrétien quelconque « de l’Ancien Régime le personnage central des recherches historiques ; Jean Delumeau s’inscrit là contre une histoire qui ne considère que les grands noms. Troisièmement, rendre manifeste qu’au-delà des conflits le catholicisme tridentin et le protestantisme ont poursuivi un but commun : la christianisation. Attentif aux tensions que cette dernière implique, l’historien a beaucoup étudié les résistances qu’elle suscita. La peur et la culpabilité, instruments plus que conséquences naturelles de la christianisation, sont au centre de ses plus célèbres études. Les titres de ses principaux ouvrages rendent explicitement compte de ces orientations : Naissance et affirmation de la Réforme (1965), le Catholicisme entre Luther et Voltaire (1971), la Peur en Occident (1978), le Péché et la Peur : la Culpabilisation en Occident (1983).

La documentation qu’il utilise est des plus variées. De l’iconographie aux manuels de confession, des journaux de curés aux ex-voto, elle permet à Jean Delumeau, selon ses propres termes, « en se situant au ras du sol et dans la longue durée, d’étudier sous toutes ses formes le vécu religieux quotidien et d’entreprendre une lecture neuve de l’histoire chrétienne de l’Occident moderne «.

Son œuvre d’historien est solidaire d’une foi personnelle qu’il ne cache pas : s’il a souligné les convergences de but et de méthode du catholicisme et du protestantisme dans la « christianisation «, Jean Delumeau, inlassable avocat de la cause de l’œcuménisme, est aussi le témoin vigilant d’une déchristianisation contemporaine qu’il veut analyser en remontant à ses origines.

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