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Desnos: Coeur Qui Haïssait La Guerre

Publié le 17/01/2022

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Robert DESNOS est un poète français du XXème siècle. Admirateur de Victor Hugo, il a participé au mouvement surréaliste. Durant la Seconde Guerre Mondiale, il s’engagea activement dans la Résistance avant d’être déporté et de décédé au camps de concentration de Térezin en Tchécoslovaquie. L’Honneur des poètes est le titre du premier recueil dans lequel le poème « Ce cœur qui haïssait la guerre… « fut publié. Ce recueil réunit des poèmes parus clandestinement sous différents pseudonymes empruntés par les poètes, dans le cadre de la Résistance. Il fut par la suite repris dans un second recueil, Destinée arbitraire, à  publication posthume. Le poème, d’ailleurs écrit sous le pseudonyme de Pierre Andier, est un texte en prose. L’auteur va y évoquer son avis partager entre deux attitudes à adopter face à l‘ennemi pendant la Seconde Guerre Mondiale : pacifiste ou belliqueuse. Il va aussi insister sur l’importance de la liberté des hommes. Au cours de cette étude, nous nous demanderons si ce poème est pacifiste ou appel au combat. Pour répondre à la question, nous mettrons en évidence l’engagement personnel du poète dans cette guerre. Nous montrerons ensuite que celui-ci soutient un peuple engagé.

 

Pour montrer son engagement dans cette guerre, le poète va d’abord évoquer son désir de paix dans l’expression « Ce cœur «, répétée deux fois. Cette synecdote symbolisant l’âme du poète, siège des émotions et des sentiments, renforce le  fait que celui-ci est avant tout un homme pour la paix et non un monstre guerrier.

Ce point est aussi clairement souligné dans le titre du poème et dans la première phrase : «  Ce cœur qui haïssait  la guerre «. Le verbe « haïr « montre bien que Desnos était hostile à la guerre. 

La phrase « ce coeur ne battait qu’au rythme des marées, à celui des saisons, à celui des heures du jours et de la nuit « décrit le cycle de la vie marquant l’aspect serein et paisible de la nature qui n’était pas bousculée par le combat. Elle souligne le fait que la guerre ne faisait pas partie du quotidien de l‘auteur. 

Enfin, cette animosité pour la guerre est précisé par le terme « besogne « repris ligne 17 et 28. Ce mot précise bien que pour lui c’est un travail pénible et dure, voir écœurant que de s’engager dans la guerre. On retrouve également une notion d’obligation, de nécessité à s’engager pour délivrer son pays.

Le poète va d’ailleurs justifier son engagement pour cette paix qu’il aime tant en opposant les temps de l’imparfait et du présent dans une même phrase. Ce procédé, associé à l’utilisation du terme « voilà «, permet de bien souligner la rupture entre l’idée de paix pour laquelle il lutte:  « Ce cœur qui haïssait la guerre voilà qu’il bat pour le combat et la bataille! «. La phrase exclamative marque bien l’engagement du poète dans cette guerre.

L’expression « Voilà qu’il se gonfle et qu’il envoie dans les veines un sang brûlant de salpêtre et de haine « rappelle aussi ce point. Le terme « se gonfle « fait référence à l’expression «  se gonfler  d’orgueil « et souligne ici l’envie du poète de répliquer face aux exactions des ennemis. La métaphore du sang « brûlant de salpêtre et de haine « vient renforcer l’intensité de ce désir de vengeance. Le salpêtre étant le composant détonant de la poudre noire des balles et des obus, il est certain que si l’on y ajoute un soupçon de haine le résultat donnera le carburant idéal pour alimenter un cœur vengeur.  Cette volonté de se venger est d’ailleurs si forte qu’elle est illustrée dans le champ lexical du bruit : « bruit, les oreilles en sifflent, son d’une cloche, écho «. 

Le ressentiment de Desnos face aux Allemands est précisé par l’hyperbole  aux lignes 9 et 10 où l’auteur dit « qu’il n’est pas possible que ce bruit ne se répande pas dans la ville et la campagne «. Une autre hyperbole est présente à la ligne 14 : «  je l(entends qu’il me revient renvoyé par échos «. 

Nous venons de montrer que l’auteur s’était engagé personnellement dans cette guerre pour défendre une liberté qui lui est cher : la paix. Ses intentions de représailles résonnent « comme le son d’une cloche appelant à l’émeute et au combat «. Ainsi, l’attitude de Desnos montre qu’il est avant tout déterminé à affronter sans peur l’l’ennemi et illustre un appel implicite au combat. 

Mais le poète n’est pas seul dans ce combat, comme le précisent les phrases 15 et 16. Il se bat aux cotés « d’autres cœurs, de millions d’autres cœurs, battant comme le[sien] à travers la France «. Intéressons nous maintenant à ces Français qui, eux aussi sont engagés, et que le poète appel à agir. On remarque d’abord que l’auteur cherche à créer un « effet de masse «. Comme si il cherchait à mobiliser un maximum de combattants, l’auteur va employer à deux reprises «  tout «/ « tous « ( l.17,l.20). Il emploie également le mot quantitatif «  million « aux lignes 15, 20 et 27.  

De plus, la présence du champ lexical du combat très marqué tout au long de ce poème donne une impression de martellement est constitue un appel au combat implicite. 

Nous remarquons la quasi-omniprésence du présent dans cette seconde partie. L’utilisation de ce temps donne au poème une tournure très direct, très « guerrière « et rejoint l’idée précédente. L’emploie du présent ajoute un certains dynamisme aux propos donnant la sensation de devoir agir impérativement, de répondre à une injonction. Cette idée se voit confirmer par l’expression « mot d’ordre «.

Cette énergie, cette ardeur pour le combat se retrouve clairement dans les « millions de cervelles « qui scandent : « Révolte contre Hitler et mort à ses partisans ! «. Cette formule brève et lapidaire, présentée sous forme d’exclamation tel un slogan, est ouvertement un appel au combat. Ce slogan vient renforcer la phrase 19 : «  Leur bruit est celui de la mer à l’assaut des falaises «. Cette métaphore hyperbolique montre à quel point les Français sont déterminés et « déchaînés « dans leur combat contre l’oppression. Desnos appel donc les Français au combat  mais n’oublie pas néanmoins de rappeler pourquoi ils mènent cette lutte.

Il rappelle d’abord que les Français sont des hommes bons qui ont toujours été pacifistes. Cela est exprimé par l’adverbe « pourtant « ligne 23. 

On note cependant au vers 25 la conjonction de coordination « Mais « qui introduit la condition pour laquelle il faut lutter : «  un seul mot : Liberté a suffi à réveiller les vieilles colères «. Desnos rappelle ici une valeur qui est cher à l’homme et pour laquelle il se bat et doit se battre en permanence. Cet élément est précisé par la dernière phrase, « Car ces cœurs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté au rythme même des saisons et des marées, du jour et de la nuit. «. Ces quelques mots suffisent à dire que sans liberté, il n’y a plus de vie. 

 

En conclusion, nous dirons que ce poème appel au combat. Le poète évoque son implication dans la guerre et se donne comme exemple de résistant. Il se présente et présente les Français comme des hommes bons et pacifistes qui se battent, au cour de cette guerre, pour leurs droits. Il ne cesse de rappeler le motif pour lequel il faut se battre : la liberté. Nous pouvons rapprocher ce poème du poème « le Legs «, du même auteur, extrait des mêmes œuvres. De la même manière, l’auteur lance un appel à la Résistance et incite les Français à se battre pour des valeurs bafouées et corrompues pendant la guerre telle que la liberté.

 

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