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En quoi peut-on dire que les premières liasses des Pensées relèvent d'une démarche apologétique ?

Publié le 20/07/2010

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L'apologétique est un champ d'études théologique ou littéraire consistant en la défense systématique d'une position. Un auteur s'engageant dans cette démarche est appelé un « apologiste « ou un « apologète « (ce dernier terme ayant une connotation plus religieuse).    En 1670 paraît la première édition des « Pensées « sous le titre des « Pensées de Mr. Pascal sur la religion et sur quelques autres sujets qui ont été trouvées après sa mort parmi ses papiers «. Œuvre posthume donc, le premier titre nous en révèle directement le contenu, le sujet et le contexte d’écriture. Pourtant, Pascal utilisait le titre d’ « Apologie de la religion chrétienne «, cherchant à ramener les âmes égarées sur le chemin de la religion chrétienne. De ce fait, il serait intéressant de se demander en quoi peut-on dire que les premières liasses des « Pensées « relèvent d’une démarche apologétique. Pour cela, nous analyserons dans un premier temps la démarche initiale de l’auteur, puis l’attitude qu’il adopte vis-à-vis de ses adversaires. Enfin, nous étudierons l’usage du registre polémique dans les fragments.    En premier lieu, analysons la démarche initiale de Pascal.  Tout d’abord, il est important de savoir que, de son vivant, Pascal utilisait le titre d’ « Apologie de la religion chrétienne «. Durant ses cinq dernières années, il cherchait en effet à ramener le plus de libertins et de mondains à la foi chrétienne. Dans le fragment 10 de la liasse « Ordre «, il insiste sur la nécessité de « rendre la religion aimable, vénérable et [d’]en donner le respect «. Le titre insistait donc sur la visée de l’œuvre dont Pascal a été lui-même l’expérimentateur : quelques années plus tôt, véritable libertin de mœurs et d’esprit, il a eu ses deux « révélations « lorsqu’il fréquentait les jansénistes de Port-Royal qui l’ont amené au christianisme dont il a voulu faire l’apologie.  Toutefois, il convient de préciser que cette démarche s’est inspirée de celle de Montaigne.  Ce dernier défendait en effet la « Théologie naturelle « de Raymond Sebond en montrant « l’inanité, la vanité et la dénéantise de l‘homme « à ceux qui la critiquent. Pascal l’imitera, bien que ce soit dans un tout autre esprit, celui de démontrer et convertir.  Pour cela, il analyse tout d’abord l’âme humaine, en montrant la double nature de l’homme, à la fois positive et négative, grande et infime. C’est pourquoi Dieu est relativement absent : son existence, tout comme celle de la religion chrétienne, ne sera démontrée que plus tard. Mais l’objet de cette démarche apologétique, s’il n’est pas le centre des premières liasses, est tout de même mentionné. Ainsi, dans le fragment 72, Pascal interprète les vanités comme des punitions auxquelles les hommes sont soumis par Dieu suite au péché originel. L’homme doit donc s’y soumettre pour obéir à Dieu.    Mais si sa démarche initiale s’inspire de celle d’un de ses adversaires, il n’en est pas moins vrai que Pascal adopte un certain comportement vis-à-vis de ses adversaires.  De prime abord, il suit la même stratégie que ses adversaires qui placent tous la raison au centre de leur doctrine. En effet, elle est le seul moyen pour les dogmatiques d’atteindre la vérité mais demeure impuissante pour les sceptiques. Ces thèses sont pourtant les références dans le « monde «. Elles deviennent donc des thèses adverses pour Pascal qui a pour objectif de ramener un maximum d’athées à la religion chrétienne. Pour cela, il va montrer les LIMITES de la raison dans la recherche de la vérité.  Pourtant, à la simple lecture des notes de Michel Le Guern, il nous apparaît comme évident que Pascal s’est encore une fois inspiré de Montaigne : la majorité de ces notes font référence aux célèbres « Essais «. L’auteur le prend comme texte de base tout simplement parce qu’il figure parmi LES textes de référence des milieux mondains et libertins. Il se sert donc du scepticisme mais pour limiter la portée de la raison, et prouver qu’elle doit être complétée par l’intuition et la foi. Il reprend aussi certaines notions cartésiennes comme les impressions erronées de l’enfance à propos du coffre vide dans le fragment 41 : « c’est une illusion de vos sens, fortifiée par la coutume, qu’il faut que la science corrige «. Le corps humain est aussi vu comme une « machine « dans le fragment 23 où l’homme se plie en deux, accoutumé au respect face au roi.  Mais si Pascal adhère sur certains points aux théories de ses adversaires, ce n’est que pour mieux les critiquer. Dans le fragment 77 par exemple, il blâme ouvertement Descartes : « ceux d’entre deux, qui sont sortis de l’ignorance naturelle et n’ont pu arriver à l’autre [(l’ignorance savante)], ont quelque teinture de sotte science suffisante et font les entendus. Ceux-là troublent le monde et jugent mal de tout «. Pascal fait ici référence au parcours spirituel qu’a emprunté Descartes et retranscrit dans son « Discours de la méthode «, contemporain de l’époque de Pascal. Montaigne se voit lui aussi être critiqué, mais seulement au travers de son appartenance philosophique. Tel est le cas du fragment 100 de la liasse ‘Grandeur’ dont l’intitulé « contre le pyrrhonisme « ne laisse aucune surprise quant à la suite.    Et pour lutter contre ses adversaires, Pascal ne peut qu’utiliser le registre polémique. Analysons donc l’usage que l’auteur en a.  Comme nous l’avons vu précédemment, Pascal attaque directement les thèses adverses. Dans le fragment 122 par exemple, il se livre à une argumentation ad hominem dès la première phrase : « les principales forces des pyrrhoniens, JE LAISSE LES MOINDRES, sont que… «. Dans ce même fragment, les dogmatistes sont eux aussi visés, ayant « l’UNIQUE fort […] qu’en parlant de bonne foi et sincèrement, on ne peut douter des principes naturels «.  De plus, Pascal utilise certains procédés propres au registre polémique. Ainsi, il fait des philosophes ses victimes dans le fragment 56 : « cette belle philosophie «, « ces âmes fortes et clairvoyantes «, « nous voilà bien payés «… Le vocabulaire dépréciatif est aussi de rigueur : dans le fragment 77 où il critique Descartes, l’auteur utilise la gradation « inutile et incertain et pénible «.  Enfin, Pascal aborde d’autres sujets afin de dénoncer d’autres idées reçues et d’autres préjugés : dans le fragment 17 il critique la richesse, dans le 28 la légitimité du pouvoir royal, dans le 41 ou 46 la légitimité des lois…    Au terme de cette analyse, il apparaît donc clairement que la démarche de Pascal constitue une démarche apologétique, non seulement de par l’idée initiale qu’il avait, mais aussi grâce à l’adaptation et la critique dont il fait preuve par rapport à ses adversaires. Enfin, le registre polémique reste présent au fil des fragments, toujours doublé d’une recherche du « beau langage «.    Fr 71 : conséquences du libertinage religieux (« l’h sans dieu «) sur la cond humaine = impuissance et malheur.    FR 101 ! le livre de pascal « nous « peut transmettre la foi par la raison, en attendant que dieu la donne par le cœur.    Un but apologétique ( "L'apologétique est la partie de la théologie qui a pour but de défendre la religion chrétienne contre les attaques" Littré)      Pascal n'entend pas démontrer l'existence de Dieu, c'est impossible, mais il veut montrer l'excellence de la religion chrétienne, la seule qui convienne à l'homme, et la défendre : " le grand amour et l'estime singulière qu'il avait pour la religion faisait que non seulement il ne pouvait souffrir qu'on la voulût détruire et anéantir tout à fait, mais qu'on la blessât et qu'on la corrompît en la moindre chose. De sorte qu'il voulait déclarer la guerre à tous ceux qui en attaquent ou la vérité, ou la sainteté : c'est-à-dire non seulement aux athées, aux infidèles et aux hérétiques qui refusent de soumettre les fausses lumières de leur raison à la foi, et de reconnaître les vérités qu'elle nous enseigne ; mais même aux chrétiens et aux catholiques, qui, étant dans ce corps de la véritable Église ne vivent pas néanmoins selon la pureté des maximes de l'Évangile, qui nous y sont proposées comme le modèle sur lequel nous devons régler et conformer toutes nos actions."    Fragment 64 : homme miséreux sans dieu. Aucun repère. Seul Dieu décide de mettre un homme « ici plutôt que là, […] à présent plutôt que lors «. « Qui m’y a mis ? « = question rhétorique.    Composer une structure logique pour organiser les fragments de la liasse Ennui.    Le fragment 73 sert à décrire l’homme par rapport à ce qui l’entoure et à en montrer la complexité : il est dépendant et refuse de l’être. A côté de cela, il a des besoins qui le rendent aussi dépendant et dont son désir d’indépendance fait partie. L’orgueil est une des « qualités essentielles à l’homme « qui lui crée des besoins à satisfaire.  Ainsi, dans le fragment 72, on voit que sa curiosité n’est en fait qu’un prétexte à l’orgueil : l’homme voyage non pas pour voyager, mais pour dire « j’ai voyagé «. Cette vanité crée en lui le besoin de communiquer plus que le besoin de satisfaire sa curiosité. Ses actes sont alors dépourvus de sens, le seul but étant de montrer aux autres qu’on sait et qu’on leur est supérieur, ce qui est finalement assez ennuyant et plat. Ceci justifie la présence du fragment dans cette liasse.  Dans le fragment 74, l’homme a besoin de distraction dont il devient presque dépendant : « le voilà misérable s’il retourne à sa première occupation «. Il connaît l’ennui quand il revient à la vie de tous les jours, bien qu’il soit à la base heureux en ménage. Il est donc inconstant et complexe, ce qui nous ramène au fragment 73.    De ce fait, je mettrais le fragment 73 en première : il est à la fois la présentation et la conclusion de toute chose. Ensuite viendrait le fragment 74 qui montre bien la complexité de l’homme tout en soulignant l’ennui qui l’habite quand il change d’occupation. Ce serait donc une bonne transition avec le dernier fragment, le 72, où la confusion qui règne en l’homme est moins mise en valeur et où la notion d’ennui est plus subtile. Le fragment 73 est alors à mettre au début et non à la fin, car les deux fragments s’y rapportent, comme les hommes se rapportent tous à une même base, et que tout commence à l’origine et non pas à la fin.

« 17 il critique la richesse, dans le 28 la légitimité du pouvoir royal, dans le 41 ou 46 la légitimité des lois… Au terme de cette analyse, il apparaît donc clairement que la démarche de Pascal constitue une démarcheapologétique, non seulement de par l'idée initiale qu'il avait, mais aussi grâce à l'adaptation et la critique dont il faitpreuve par rapport à ses adversaires.

Enfin, le registre polémique reste présent au fil des fragments, toujours doubléd'une recherche du « beau langage ». Fr 71 : conséquences du libertinage religieux (« l'h sans dieu ») sur la cond humaine = impuissance et malheur. FR 101 ! le livre de pascal « nous » peut transmettre la foi par la raison, en attendant que dieu la donne par lecœur. Un but apologétique ( "L'apologétique est la partie de la théologie qui a pour but de défendre la religion chrétiennecontre les attaques" Littré) Pascal n'entend pas démontrer l'existence de Dieu, c'est impossible, mais il veut montrer l'excellence de la religionchrétienne, la seule qui convienne à l'homme, et la défendre : " le grand amour et l'estime singulière qu'il avait pourla religion faisait que non seulement il ne pouvait souffrir qu'on la voulût détruire et anéantir tout à fait, mais qu'onla blessât et qu'on la corrompît en la moindre chose.

De sorte qu'il voulait déclarer la guerre à tous ceux qui enattaquent ou la vérité, ou la sainteté : c'est-à-dire non seulement aux athées, aux infidèles et aux hérétiques quirefusent de soumettre les fausses lumières de leur raison à la foi, et de reconnaître les vérités qu'elle nous enseigne; mais même aux chrétiens et aux catholiques, qui, étant dans ce corps de la véritable Église ne vivent pasnéanmoins selon la pureté des maximes de l'Évangile, qui nous y sont proposées comme le modèle sur lequel nousdevons régler et conformer toutes nos actions." Fragment 64 : homme miséreux sans dieu.

Aucun repère.

Seul Dieu décide de mettre un homme « ici plutôt que là,[…] à présent plutôt que lors ».

« Qui m'y a mis ? » = question rhétorique. Composer une structure logique pour organiser les fragments de la liasse Ennui. Le fragment 73 sert à décrire l'homme par rapport à ce qui l'entoure et à en montrer la complexité : il est dépendantet refuse de l'être.

A côté de cela, il a des besoins qui le rendent aussi dépendant et dont son désir d'indépendancefait partie.

L'orgueil est une des « qualités essentielles à l'homme » qui lui crée des besoins à satisfaire.Ainsi, dans le fragment 72, on voit que sa curiosité n'est en fait qu'un prétexte à l'orgueil : l'homme voyage non paspour voyager, mais pour dire « j'ai voyagé ».

Cette vanité crée en lui le besoin de communiquer plus que le besoinde satisfaire sa curiosité.

Ses actes sont alors dépourvus de sens, le seul but étant de montrer aux autres qu'onsait et qu'on leur est supérieur, ce qui est finalement assez ennuyant et plat.

Ceci justifie la présence du fragmentdans cette liasse.Dans le fragment 74, l'homme a besoin de distraction dont il devient presque dépendant : « le voilà misérable s'ilretourne à sa première occupation ».

Il connaît l'ennui quand il revient à la vie de tous les jours, bien qu'il soit à labase heureux en ménage.

Il est donc inconstant et complexe, ce qui nous ramène au fragment 73. De ce fait, je mettrais le fragment 73 en première : il est à la fois la présentation et la conclusion de toute chose.Ensuite viendrait le fragment 74 qui montre bien la complexité de l'homme tout en soulignant l'ennui qui l'habitequand il change d'occupation.

Ce serait donc une bonne transition avec le dernier fragment, le 72, où la confusionqui règne en l'homme est moins mise en valeur et où la notion d'ennui est plus subtile.

Le fragment 73 est alors àmettre au début et non à la fin, car les deux fragments s'y rapportent, comme les hommes se rapportent tous à unemême base, et que tout commence à l'origine et non pas à la fin.. »

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