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Enjeu De L'Affrontement Dans « Les Justes » D'Albert Camus; « Antigone » De Jean Anouilh; Jean-Paul Sartre : « Les Mains Sales ».

Publié le 20/07/2010

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camus

Après avoir défini l’enjeu de l’affrontement dans chacun des trois textes, vous direz en vous justifiant lequel vous semble le plus intense.    Ce corpus regroupe trois textes théâtraux appartenant au mouvement prédominant aux alentours de la seconde guerre mondiale : le théâtre de l’absurde. Ils traitent du thème de l’affrontement, du conflit entre plusieurs personnages. Dès lors, nous nous interrogerons sur les enjeux de l’affrontement dans chaque texte, puis nous déterminerons lequel est le plus intense.    Le premier texte est issu de l’acte I de la pièce « les justes « d’Albert Camus. Ce texte est un dialogue qui oppose Stepan et Kaliayev, comme on le voit grâce aux didascalies : « se dominant « (avant ligne 18) ; « éclatant « (avant ligne 27) ; « violemment « (avant ligne 30) . Cet affrontement a pour but de déterminer qui aura « l’honneur de lancer la bombe contre l’oncle du tsar « (didascalie en bas de page) . L’enjeu pour Stepan est de réussir à prouver à Kaliayev que c’est à lui que devrait revenir cette tâche, car il n’a pas du tout confiance en Kaliayev, comme on le note lorsque Stepan lui dit « je n’ai pas confiance en toi « (l. 16-17). Kaliayev quant à lui défend l’idée qu’ils ont à tuer cet homme ensemble « Tu le tueras avec nous et au nom du peuple russe « (l.31-32) Chacun met donc son honneur en jeu dans cet affrontement.    Le second texte oppose Ismène et Antigone, personnages tirés d’ « Antigone « de Jean Anouilh. L’enjeu de cet affrontement est de déterminer s’il faut ou non aller enterrer le corps de leur frère malgré l’interdiction de leur oncle Créon. L’enjeu, pour Ismène, qui considère sa sœur comme une « folle « (l.3), est de la dissuader de courir à sa perte, essayant de lui faire entendre raison «Je suis l’aînée. Je réfléchis plus que toi. Toi c’est ce qui te passe par la tête tout de suite, et tant pis si c’est une bêtise «(l.15-16-17). Mais rien n’y fait car Antigone « la sale bête, l’entêtée, la mauvaise « (l.26-27), comme elle se qualifie elle-même, ne veut pas se laisser dicter sa conduite. Pour Antigone, l’enjeu de cet affrontement est de convaincre sa sœur qu’il faut à tout prix aller enterrer leur frère, même si cela leur coûtait la vie. Elle se moque donc de mourir pour aller l’enterrer « il doit nous faire mourir, et nous, nous devons aller enterrer notre frère « (l.8-9). Ismène ne veut pas l’accompagner et mourir « je ne veux pas mourir « (l.12) , tout en ne voulant pas la laisser y aller seule, c’est pourquoi elle cherche à la dissuader.    Le dernier texte du corpus est un texte de Jean-Paul Sartre : « Les mains sales « . Ici, le conflit se trouve entre Hugo et Hoederer . Hoederer sait que Hugo a pour mission de le tuer mais il veut lui prouver qu’il n’a pas l’étoffe d’un assassin. L’enjeu pour Hoederer est de dissuader Hugo de l’assassiner. Ainsi Hoederer affirme pendant tout le texte l’incapacité d’Hugo à tuer afin de lui faire assimiler cette idée « tu ne pourrais pas faire un tueur « (l.1). Hugo quant à lui répond que « n’importe qui peut tuer «, banalisant ainsi cet acte. L’enjeu de ce texte est donc, pour Hoederer de se sauver lui-même en convainquant Hugo qu’il n’est pas un tueur par divers arguments tels que « Avant même de presser sur la détente, tu aurais déjà vu toutes les conséquences de ton acte « (l.26-27) ou encore « si tu n’y pensais pas avant, tu n’aurais pas trop de toute ta vie pour y penser après « (l.33-34). Hugo quant à lui risque de s’attirer les foudres du parti s’il n’obéit pas.    Après avoir étudié les enjeux des affrontements dans les trois textes, celui qui me semble être le plus intense est celui entre Hoederer et Hugo, dans la pièce « Les mains sales « de Jean-Paul Sartre. En effet, dans ce texte-ci, Hoederer tente de sauver sa propre vie en convainquant Hugo qu’il n’est pas un tueur. Ici, le personnage principal, Hoederer, ne souhaite aucunement mourir et défend donc sa cause en essayant de faire assimiler à l’autre personnage, Hugo, qu’il se montrerait incapable de devenir un meurtrier. On note donc une opposition avec les deux autres textes : dans celui d’Albert Camus, les deux personnages montrent une volonté farouche de se sacrifier pour l’honneur de leur parti. Dans la pièce de Jean Anouilh, Antigone a déjà pris sa décision d’aller enterrer son frère, allant ainsi à l’encontre des interdictions de son oncle, Créon. Ismène, quoi qu’elle fasse, ne pourra rien n’y faire. Dans ces deux textes, les personnages expriment donc clairement une volonté de mourir. Dans la pièce de Jean-Paul Sartre, Hoederer doit être assassiné par Hugo, un personnage fanatisé par le parti, simplement parce qu’il est directeur de ce dernier et que certains le jugent trop « modéré « (didascalie). Ainsi, on voit bien que dans « les mains sales «, l’intensité de l’enjeu est beaucoup plus importante car Hoederer peut sauver sa vie dans son dialogue avec Hugo. Il a donc une chance d’en réchapper, contrairement aux personnages des deux autres textes qui ont décidé de leur sort.    Dans ce corpus de texte, des personnages s’affrontent afin de satisfaire une cause, un but, personnellement ou malgré eux. Ces enjeux sont d’intensité plus ou moins forte selon leur nature.

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