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Épuration

Publié le 21/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Épuration, terme désignant la répression, à partir de 1944, d’actes commis par des Français accusés ou soupçonnés de collaboration avec les Allemands, soit par le bras de la justice (rendue par des juridictions d’exception), soit par une justice populaire (rendue de manière expéditive).

2   DES JURIDICTIONS D’EXCEPTION

Le principe de l’épuration apparaît dans le programme du Conseil national de la Résistance (CNR) en mars 1944, avant d’être codifié dans des ordonnances prises par le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) du général de Gaulle. Après que Pierre Pucheu, secrétaire d’État à l’Intérieur de Vichy, a été jugé et fusillé à Alger (20 mars 1944), tel un premier exemple de l’épuration, les ordonnances du GPRF mettent en place des juridictions d’exception dont les jurés sont des membres de la Résistance.

L’ordonnance du 26 juin 1944 organise ainsi les cours départementales de justice, qui devront juger les faits « révélant l’intention de favoriser les entreprises de l’ennemi « commis entre le 16 juin 1940 et la Libération.

Une Haute Cour de justice est créée par l’ordonnance du 18 novembre 1944 afin de juger les hauts responsables — « chef de l’État, chef du gouvernement, ministres, secrétaires d’État, commissaires généraux, résidents généraux, gouverneurs généraux et hauts-commissaires « — du gouvernement de Vichy.

L’ordonnance du 26 décembre 1944 crée enfin des chambres civiques dont la fonction est de juger « tout Français qui, même sans enfreindre une règle pénale existante, s’était rendu coupable d’une activité antinationale caractérisée «. Les condamnés sont frappés d’« indignité nationale «, avec pour conséquence la perte de tous les droits civiques et politiques, l’exclusion des emplois publics, l’incapacité d’être administrateur de société et d’exercer une profession libérale.

3   UNE JUSTICE POPULAIRE

Parallèlement à l’action des tribunaux légaux, une justice populaire règle des comptes, bien souvent sans contrôle. La presse résistante publie des listes « noires « de personnes à éliminer, tandis que fonctionnent des cours de justice clandestines. Entre l’automne 1943 et juin 1944, près de 2 500 personnes sont abattues. À la Libération, la vengeance éclate contre les zélateurs de Vichy, les délateurs, les miliciens, les commerçants enrichis et les femmes accusées de « collaboration horizontale «. Les estimations des exécutions sommaires, qui ont alors lieu, vont de 30 000 à 105 000.

4   LE BILAN DE L’ÉPURATION

Pour mettre fin aux débordements, les autorités gaullistes se substituent aux résistants et procèdent rapidement à l’arrestation des suspects. Environ 57 000 personnes sont déférées devant les cours, qui prononcent 6 763 condamnations à mort, dont 3 910 par contumace, 2 777 peines de travaux forcés à perpétuité et 37 000 peines privatives de liberté. Les chambres civiques condamnent quant à elles 48 273 personnes à l’indignité nationale.

La Haute Cour de justice instruit 108 affaires, et condamne à mort 18 accusés, dont le maréchal Philippe Pétain (15 août 1945), Pierre Laval et Joseph Darnand. Des écrivains et des journalistes, Georges Suarez, Robert Brasillach, Henri Béraud (grâcié), Paul Chack, Jean-Hérold Paquis, Jean Luchaire et Lucien Rebatet (grâcié), sont aussi condamnés à mort. Charles Maurras est condamné à la réclusion perpétuelle.

Cependant, la sévérité s’atténue avec le temps. Certains, comme François Mauriac, appellent à la clémence, et le général de Gaulle commue 1 303 peines capitales, dont celle de Philippe Pétain, mais refuse les grâces de Pierre Laval, Robert Brasillach et Joseph Darnand. 767 accusés sont effectivement exécutés.

Des comités d’épuration ayant enquêté dans l’administration, les sanctions sont nombreuses également dans la police, l’armée, la magistrature et l’Éducation nationale, ainsi que dans le secteur privé. Coupables de collaboration industrielle, les entreprises Renault et Berliet sont nationalisées. Malgré tout, l’épuration économique reste discrète.

Après le départ du général de Gaulle (janvier 1946), les gouvernements de la IVe République prennent des mesures de grâces individuelles ou d’amnistie, jusqu’à ce que le Parlement vote une amnistie générale des condamnations à l’indignité nationale en août 1953.

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