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étudiant, mouvement

Publié le 05/04/2013

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1   PRÉSENTATION

étudiant, mouvement, mouvement de contestation politique, sociale et culturelle, qui a éclaté au milieu des années soixante dans le milieu universitaire américain, avant de se propager en Allemagne, en France et en Italie.

Réclamant d’abord une réforme démocratique de l’enseignement supérieur, puis une restructuration de la vie sociale et un socialisme démocratique, il a finalement exigé l’abolition de toutes les structures de pouvoir et de domination.

2   UN MOUVEMENT QUI DÉMARRE AUX ÉTATS-UNIS

Aux États-Unis, le mouvement, dont le foyer principal est l’université de Berkeley (Californie), prend essentiellement la forme d’une action politique pacifiste et non-violente, déclenchée par les premiers envois de contingents américains au Viêt Nam (1964). Sa dimension culturelle repose sur une forte composante de transgression et d’opposition à la société de consommation. Il est fortement engagé dans le mouvement en faveur des droits civiques et défend les droits de la population afro-américaine.

3   UN MOUVEMENT QUI SE PROPAGE EN EUROPE

En Europe, la contestation explose au sein d’établissements universitaires surchargés, où l’élargissement de l’accès à l’enseignement supérieur dissimule des mécanismes d’exclusion plus subtils : le nombre pléthorique d’étudiants crée dans la plupart des cas des motifs de frustration et des situations de rejet de l’archaïsme des structures et de l’autorité du corps enseignant. En Allemagne, le mouvement de forte ampleur de la fin des années soixante se prolonge dans des groupes contestataires qui s’engagent dans la voie du terrorisme. En Italie, le mouvement étudiant connaît sa durée de vie la plus longue, mais, victime d’une politisation extrême, il se décompose en petits groupes de contestation dépourvus d’un véritable poids politique. En France, spontanéité et créativité caractérisent un mouvement puissant qui, quoique de courte durée, se révèle capable de faire vaciller le pouvoir.

4   LA RÉVOLTE ÉTUDIANTE EN ALLEMAGNE

En Allemagne, le mouvement se concentre d’abord à Berlin-Ouest. L’Association socialiste allemande des étudiants (Sozialistischer Deutscher Stundentenbund, SDS), fondée en 1946, y joue un rôle prépondérant. Le mouvement étudiant, qui se réclame des thèses d’Herbert Marcuse, se considère comme faisant partie de l’Opposition extraparlementaire (außerparlamentarische Opposition, APO) à la grande coalition que forment en 1966 les chrétiens-démocrates de la CDU-CSU et les sociaux-démocrates du SPD. Son action protestataire s’élève notamment contre l’approbation de la guerre du Viêt Nam.

La visite à Berlin-Ouest du vice-président américain Hubert H. Humphrey, en avril 1967, est à l’origine des premières manifestations spectaculaires. Lors de la répression de la manifestation contre la visite du chah Muhammad Riza, le 2 juin 1967, l’étudiant Benno Ohnesorg est tué par un policier. La manière forte utilisée par la police conduit à une extension des manifestations. Les 17 et 18 février 1968, le meneur des étudiants Rudi Dutschke appelle, devant plusieurs milliers de personnes, à la « révolution mondiale « pour créer « une société libre d’individus libres «. Dans la nuit du 3 avril, pour protester contre « l’indifférence de la société à l’égard des morts au Viêt Nam «, Andreas Baader, Gudrun Ensslin et Thorwald Proll posent des engins incendiaires dans deux grands magasins de Francfort. Le 11 avril, à Berlin, l’ouvrier munichois Josef Bachmann tire sur Rudi Dutschke (qui mourra des séquelles de cette agression en 1979). Cet attentat déclenche les troubles de Pâques, l’apogée de la révolte des étudiants qui occupent, à Berlin et à Hambourg, les bâtiments de l’éditeur Axel Springer, dont la presse est accusée de partialité. Environ 400 manifestants et 54 policiers sont blessés au cours des combats de rue.

En 1969, le mouvement de protestation s’atténue. Certains rejoignent les partis politiques, où « une longue marche à travers les institutions « doit leur permettre d’atteindre leurs objectifs. Quelques-uns entrent dans la clandestinité et essaient de poursuivre la lutte dans des groupes terroristes. C’est notamment le cas de la Fraction Armée rouge (Rote Armee Fraktion, RAF). Le 21 mars 1970, le SDS se dissout et le gouvernement fédéral annonce une amnistie partielle pour les délits commis dans le cadre de la révolte des étudiants.

5   LA RÉVOLTE ÉTUDIANTE EN ITALIE

En Italie, à la suite de la libéralisation de l’accès à l’université, la contestation étudiante est dirigée, dans un premier temps, contre la nature autoritaire des institutions, l’élitisme et l’anachronisme du savoir qui y est dispensé, et sa soumission aux intérêts des grandes entreprises privées. Le mouvement s’amorce à la fin de 1967, avec l’occupation de la faculté de sciences humaines de l’université de Turin. Il se propage sous la forme d’occupations de locaux et de manifestations à Milan, puis à Pise et à Trente, et enfin à Rome, où ont lieu des affrontements violents avec les forces de l’ordre, le 1er mars 1968 en particulier. Axé sur la lutte contre l’autoritarisme et la bureaucratisation des institutions, le mouvement refuse d’abord le mécanisme des délégations, au profit d’assemblées démocratiques (à l’instar de la révolte parisienne). Mais, rapidement, il se rapproche de la classe ouvrière et du mouvement ouvrier international, afin de rationaliser ses propositions et de les généraliser à toute la société, l’accent étant mis sur les droits en matière sociale et sur l’égalitarisme.

Après l’échec de sa tentative d’entraîner les partis de gauche dans un mouvement révolutionnaire, la contestation étudiante se divise en une multitude de groupuscules extraparlementaires, entrant dans trois catégories principales : les marxistes-léninistes, staliniens ou maoïstes (Parti communiste italien, Union des communistes, Mouvement étudiant, puis Mouvement des travailleurs pour le socialisme), les trotskistes (Avant-garde ouvrière) et les ouvriéristes-spontanéistes, davantage attachés aux expériences de lutte dans les pays développés (Lutte continue, Pouvoir ouvrier). La dérive terroriste de certains éléments du mouvement, au sein des Brigades rouges notamment, et la répression qui s’ensuit marquent la fin de ce long « Mai 68 italien « et sa résorption institutionnelle.

6   LA RÉVOLTE DE MAI 68 EN FRANCE

La révolte étudiante éclate à Paris, alors que la faculté de lettres de Nanterre est occupée par un groupe d’étudiants mené par Daniel Cohn-Bendit, depuis le 22 mars 1968, date à laquelle quelques militants du Comité Viêt Nam ont été arrêtés. Le 3 mai 1968, sur ordre du gouvernement, les autorités académiques ferment l’université de la Sorbonne qui est évacuée. Le Quartier latin voit alors se dresser les barricades et devient le théâtre d’affrontements très violents entre étudiants (de 10 000 à 30 000) et forces de l’ordre (policiers et CRS), provoquant des centaines de blessés et d’arrestations.

Les grandes confédérations syndicales — Confédération générale du travail (CGT), Confédération française démocratique du travail (CFDT) et Fédération de l’Éducation nationale (FEN) — cherchent à s’arrimer au mouvement étudiant en organisant, le 13 mai, une grande manifestation contre la répression policière, accompagnée d’une grève générale qui s’étend à la province et paralyse le pays tout entier. Les revendications syndicales classiques — augmentation des salaires, réduction de la durée de travail, reconnaissance du droit syndical dans l’entreprise — sont cependant loin des préoccupations du mouvement étudiant et des mots d’ordre des groupes gauchistes (trotskistes, maoïstes, anarchistes et situationnistes) qui s’en font les interprètes et revendiquent « l’imagination au pouvoir «. Le 27 mai, syndicats et patronat signent les accords de Grenelle, sous l’égide du Premier ministre Georges Pompidou, soucieux de diviser les contestataires. La grande manifestation, qu’organisent au stade Charléty des étudiants et des ouvriers de la base opposés aux accords, rend la position du gouvernement très délicate. Les partis de gauche, à l’exception du Parti communiste, se déclarent prêts à assumer le pouvoir.

La réaction du général de Gaulle est extrêmement déterminée : le président de la République annonce, le 30 mai, la dissolution de l’Assemblée nationale et lance un appel au soutien de ses partisans, auquel la droite répond immédiatement par un défilé sur les Champs-Élysées en faveur du régime. Aux élections législatives du mois de juin, le parti gaulliste, rebaptisé Union des démocrates pour la République (UDR), remporte une victoire écrasante.

Vaincu sur le front politique, le mouvement de mai a cependant un impact considérable sur la société française et favorise l’éclosion de nouvelles valeurs — créativité et imagination, droit à la différence, refus d’une hiérarchisation trop rigide — plus en accord avec la voie post-industrielle sur laquelle s’engage la société. Mai 68 voit également émerger le féminisme (voir Mouvement de libération des femmes, MLF) et l’écologie.

Pendant 10 ans, jusqu'en 1978, l'agitation étudiante et lycéenne se poursuit, motivée par la nostalgie des barricades, et formulant des revendications qui mêlent politique, problèmes de la jeunesse et éducation. En mars et avril 1973, les protestations sont fortes dans les lycées et dans les universités pour contester une réforme des sursis militaires initiée par Michel Debré. En mai 1976, les universités font grève pendant deux mois contre la politique de réformes menées par la ministre de l'Enseignement supérieur, Alice Saunier-Seïté. Celle-ci ne cède pas et brise la contestation étudiante qui ne reprend qu'en 1986, lors de la première cohabitation entre François Mitterrand et Jacques Chirac.

7   L'ÉCHEC DE LA RÉFORME DEVAQUET

Alain Devaquet, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, subit la pression des universitaires hostiles aux changements survenus depuis Mai 68, regroupés dans l'Union nationale interuniversitaire (UNI). Il propose de rendre le pouvoir aux seuls professeurs d'université, d'accroître l'autonomie des établissements en leur permettant de « déterminer les conditions d'accès aux différentes formations «. Devant la possibilité d'une sélection à l'entrée à l'université, la protestation débute modestement le 17 novembre à Villetaneuse — avant de recevoir l'appui du président de la République, François Mitterrand, le 22 novembre —, puis s'étend : le 4 décembre, 500 000 personnes défilent à Paris, formant la plus grande manifestation depuis 1968. Le mouvement échappe au contrôle des syndicats étudiants, notamment l’UNEF et l’UNEF-ID, concurrencés par des coordinations qui se veulent apolitiques : des assemblées générales souveraines élisent ou démettent leurs représentants dotés d'un mandat impératif pour négocier. Mais la manifestation du 5 décembre tourne mal : plusieurs étudiants sont grièvement blessés par les forces de l'ordre, et l’étudiant Malik Oussékine trouve la mort. Alain Devaquet donne alors sa démission, et Jacques Chirac retire le projet de loi le 8 décembre. Depuis, le mouvement étudiant est toujours en veille, et se manifeste régulièrement pour faire entendre sa voix.

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