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Eugène Delacroix, Les Massacres de Scio

Publié le 12/06/2015

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delacroix

4 Eugène Delacroix, Les Massacres de Scio (1824)

Réponses aux questions

1. La chronologie des événements situe la guerre d'indépendance grecque (1821-1829) quelques années avant la conquête de l'Algérie ; le tableau de Delacroix coïncide avec la mort de Byron et la création du Comité philhellénique. Dans l'histoire de la peinture, il suit le tableau de Géricault « Le Radeau de La Méduse«, qui suscita un scan¬dale au moins aussi important. L'exotisme géographique est surtout marqué par les vêtements : tissus orientaux, turbans et chéchias rouges, le tout évoquant davantage le Maroc que la Turquie !

2. Le regard est attiré d'emblée par le couple à terre à cause de la nudité de l'homme et des lignes de ses membres qui orientent la lec¬ture diagonale, à cause aussi des couleurs des vêtements de la femme : jaune, rouge, bleu. Symétriquement, le groupe de femmes à droite, représentant symboliquement les âges de la vie, forme également une composition fascinante (on retrouve les mêmes couleurs dans les vêtements féminins).

3. La composition en diagonales ascendantes est complexe : le vide, à l'intersection, souligne la désolation de la guerre ; dans une ébauche du même tableau (que l'on trouve au Louvre), un paysage monta¬gneux et un groupe armé occupaient la partie centrale au deuxième plan — dans la version définitive, le triangle inversé déterminé par l'intersection des diagonales ne montre plus qu'un ciel nuageux, un

 

paysage enfumé, un groupe humain indéterminé. Le long des deux diagonales sont disposés des groupes humains contrastés : dans le prolongement du couple au premier plan à gauche, deux autres couples ; dans le prolongement du groupe de femmes au premier plan, un autre groupe aux lignes tourmentées — le cavalier de trois quarts dos et le cheval de profil sont en mouvement et dominent les corps entravés des femmes asservies. Le rappel du motif de l'escla¬vage, annoncé dans le titre, se trouve à l'autre bout de la diagonale descendante : une corde gît en bas, à gauche. Quant à l'attente de la mort, elle est présente sur tous les visages, exprimant plutôt l'abat¬tement que la souffrance. Deux explications sont possibles : les vic¬times sont au-delà de la douleur dans un état d'hébétude proche de la folie ou elles sont en train de mourir de la peste ou d'une mau¬vaise fièvre — ce qui expliquerait le peu de sang dans cette scène de « massacre « et l'aspect des chairs bleuies. Il est vraisemblable que Delacroix se soit inspiré, pour sa série de visages, des portraits d'alié¬nés réalisés par Géricault.

4. L'émotion vient de la violence du trait (position des personnages), du choc des couleurs primaires extrêmement réduites, des effets de symétrie qui mettent en relief les groupes de victimes et de la com-position antithétique : antithèse et hyperbole sont les figures emphatiques récurrentes de l'indignation et de la colère.

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