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Expliquez cette pensée de Sainte-Beuve : « Il est bon de voyager quelquefois; cela étend les idées et rabat l'amour-propre. »

Publié le 22/02/2012

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beuve
Pour bien comprendre le sujet, il faut donner un sens exact à étend les idées et à amour-propre. Les voyages ne donnent pas des idées plus profondes, ni plus originales ; des hommes de génie n'ont pas voyagé ou n'ont rien tiré d'important de leurs voyages. Mais voyager donne des idées nouvelles, différentes par le spectacle des idées des pays étrangers. D'autre part, les voyages n'ont pas d'action directe sur l'amour-propre personnel. Pour nous juger à notre juste valeur, il suffit largement, si l'on n'est pas aveugle, de regarder autour de nous. Mais nous pouvons, en voyageant, corriger l'amour-propre collectif, social. Nous sommes portés à croire que la société, le pays dont nous faisons partie sont les plus intelligents, les plus habiles, etc. Nous pouvons être détrompés par le spectacle de sociétés ou de pays que nous ne connaissions pas ou ne connaissions que par ouï-dire. Dans ces deux cas, comme dans les précédents, nous avons précisé le sens en cherchant le sujet vraisemblable et le sujet intéressant. Il n'est pas vraisemblable de croire que les voyages apprennent à un homme à se croire moins intelligent que lé voisin ou rami auxquels il se Comparait, à une femme à se croire moins belle; il est vraisemblable qu'ils apprennent à ne pas croire qu'il n'y a que l'architecture française, que l'industrie française, etc. Il n'est pas intéressant, à propos du cadeau d'un miroir, d'exposer les bienfaits de l'amitié; il l'est de discuter sur les limites de la bonne coquetterie.

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