Fonseca, Manuel Deodoro da

Fonseca, Manuel Deodoro da (1827-1892), général et homme d’État brésilien, premier président du Brésil (1889-1891).

Né à Alagoas et fils d’un militaire brésilien, Manuel Deodoro da Fonseca fait ses études à l’École militaire de Rio de Janeiro, bastion du positivisme brésilien et des idées républicaines. Lors de la guerre du Paraguay ou guerre de la Triple-Alliance (1865-1870), il gagne ses galons de colonel et devient dès lors un militaire reconnu de ses pairs. Promu général de brigade en 1874, puis général de division en 1884, il est ensuite désigné gouverneur du Rio Grande do Sul. Il y assoit son influence, en particulier auprès des jeunes officiers de l’armée de terre, même s’il hésite entre la république et son attachement personnel à l’empereur Pierre II. C’est sans doute à cette époque qu’il adhère à la franc-maçonnerie en entrant dans la loge Rocha Negra, atelier qui regroupe alors les principaux partisans du mouvement républicain brésilien.

De retour à Rio de Janeiro en 1887, Fonseca devient président du Club militaire et défend la cause anti-esclavagiste. Le gouvernement impérial l’ayant nommé en représailles dans le Mato Grosso, il prend la tête d’une révolution pacifique engendrant l’abdication de l’empereur et la création de la République brésilienne (15 novembre 1889). Élu président du gouvernement provisoire, Fonseca convoque une Assemblée constituante.

S’il préconise l’adoption d’un fédéralisme calqué sur celui des États-Unis, il souhaite en parallèle une présence active de l’armée et l’établissement d’un exécutif fort, largement supérieur au pouvoir des gouverneurs des différents États brésiliens. Le 24 février 1891, la première Constitution républicaine est approuvée et les députés élisent, dès le lendemain, Fonseca président du Brésil républicain. Peu familier du fonctionnement démocratique, dans un pays marqué par le colonelismo — hégémonie du pouvoir local et régional —, Fonseca se trouve bientôt en conflit avec le Congrès, qu’il dissout avant de s’arroger la totalité des pouvoirs. Devant faire face à des dissidences dans l’armée et à des mutineries dans la marine, Fonseca démissionne le 23 novembre 1891, désireux d’éviter une guerre civile. Il est remplacé par son vice-président Floriano Vieira Peixoto.

Malgré les aléas de son mandat, le passage au pouvoir de Fonseca reste de premier ordre dans l’histoire du Brésil. Déjà, la République brésilienne a été reconnue officiellement par les puissances étrangères et l’approbation de la Constitution a permis de rendre pérenne la transformation du Brésil en un État fédéral… une Constitution d’importance, qui marque donc l’œuvre de Fonseca, puisqu’elle détermine également la séparation de l’Église et de l’État, rompant ainsi avec un héritage monarchique.