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Gladstone, William Ewart

Publié le 17/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Gladstone, William Ewart (1809-1898), homme politique anglais, Premier ministre du Royaume-Uni à quatre reprises (1868-1874, 1880-1885, 1886, 1892-1894), considéré comme l’une des figures politiques dominantes de l’Angleterre victorienne du xixe siècle.

2   LA TENTATION POLITIQUE

Né à Liverpool, fils d’un riche négociant d’origine écossaise, élevé dans les principes de l’Église anglicane, William Ewart Gladstone fait ses études à Eton, puis au collège de Christ Church d’Oxford. Après avoir songé à embrasser l’état ecclésiastique, il se tourne vers la vie politique ; mais son action, fortement empreinte d’idéalisme religieux et d’exigence morale, reste marquée par l’influence de sa vocation première.

Membre du Parti tory (conservateur), il est élu député à la Chambre des communes en 1832. Son éloquence, mise au service de ses opinions conservatrices, le place rapidement sur le devant de la scène.

3   UN CONSERVATEUR AUX ÉLANS PROGRESSISTES

Nommé au ministère du Commerce dans le cabinet Peel (1843-1845), Gladstone prépare le passage du Royaume-Uni au libre-échange. En 1846, lorsque l’abolition des tarifs protectionnistes sur les grains (corn laws) provoque l’éclatement du Parti tory et la chute de Robert Peel, Gladstone, qui passe pour son héritier politique, se trouve isolé. Entre 1852 et 1855, il occupe néanmoins le poste de chancelier de l’Échiquier dans le cabinet de coalition de lord Aberdeen. Puis, se rapprochant progressivement des libéraux, il participe au gouvernement de lord Palmerston en 1859. De nouveau chancelier de l’Échiquier jusqu’en 1866, en libre-échangiste convaincu, il mène une politique marquée par d’importantes réformes financières, dans un contexte de relance de l’économie nationale consécutive au traité de libre-échange avec la France — traité négocié en 1860 par l’économiste Richard Cobden.

Son adhésion à un conservatisme progressiste nourri d’humanisme chrétien, sa volonté de promouvoir la puissance industrielle britannique tout en améliorant le sort des défavorisés et son attachement aux droits des minorités (Irlandais, catholiques) en font la figure dominante du Parti libéral, dont il prend la tête en 1867. Cette ascension est due également à ses prises de position courageuses en politique étrangère : dès 1851, il soutient les prisonniers politiques de Naples contre l’autocratie des Bourbons ; plus encore, il s’affiche en constant défenseur de l’Unité italienne.

4   LE PREMIER MINISTRE

Opposé à Benjamin Disraeli tant par sa personnalité que par conviction, Gladstone contribue à renverser ce dernier et devient Premier ministre en 1868. À la tête du gouvernement jusqu’en 1874, il mène à bien de nombreuses réformes fondées sur la critique préalable d’une société sacralisant les privilèges aristocratiques. Il institue le principe méritocratique du concours pour l’accès à la fonction publique, l’interdiction de l’achat des grades d’officier dans l’armée. Il favorise l’essor de la connaissance et des libertés intellectuelles et politiques individuelles à travers la refonte du système éducatif (1870), l’extension du suffrage et l’adoption du scrutin secret (1871). Enfin, pour contribuer à la solution du problème irlandais, il permet la séparation de l’Église et de l’État dans l’île (1869), et promeut, en se rapprochant de Charles Stewart Parnell mais en subissant également la pression incessante du nationalisme irlandais, une réforme agraire peu ou prou favorable aux fermiers (alors en lutte contre les grands propriétaires fonciers).

Battu en 1874, bien qu’ayant participé à l’inflexion modernisée de la vie politique, il abandonne la direction du Parti libéral et se consacre à des travaux de théologie et de littérature grecque. Mais, revenu à la politique dès 1875 et bien que partisan du « splendide isolement « anglais, il prend position sur la scène internationale : il dénonce les atrocités commises en Bulgarie par les Turcs (soutenus par le gouvernement conservateur de Disraeli, 1879-1880) ; il fustige la « Realpolitik « du chancelier allemand Otto von Bismarck. Grâce à ce retour, il finit par renverser une nouvelle fois Disraeli, en 1880, sur la question bulgare.

Gladstone recouvre le poste de Premier ministre jusqu’en 1885. Pendant ces cinq années, il fait adopter une nouvelle réforme électorale qui double le nombre des votants (lois de 1884-1885), il établit la présence anglaise en Égypte et tente une nouvelle fois de régler la question irlandaise. Sa décision de mettre fin à l’imbroglio d’Irlande, en lui donnant son autonomie en 1886 (Home Rule), provoque sa chute et une scission au sein du Parti libéral, conduite par les libéraux unionistes de Joseph Chamberlain.

Revenu une dernière fois au pouvoir en 1892, il essaie encore de faire voter le Home Rule — un combat politique qui traduit sa fibre de libéral humanitaire radicalisant et moralisant. Mis en échec, il se retire définitivement de la vie politique en 1894 et laisse la place à lord Rosebery.

Plus de cent ans après son action, Gladstone demeure aux yeux de la classe politique britannique un « modèle vénéré des partis conservateur et libéral «, comme le souligne justement l’historien Peter Morris.

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