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Gloria Macapagal Arroyo présidente des Philippines

Publié le 17/01/2022

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20 janvier 2001 Non sans avoir tenté des manoeuvres d'arrière-garde pour se maintenir au pouvoir, le président philippin, Joseph Estrada a dû se résoudre, samedi 20 janvier, à démissionner de son poste, cédant la place à la vice-présidente, Gloria Macapagal Arroyo, qui a prêté serment le jour-même. La situation s'était retournée quelques heures plus tôt, lorsque les chefs des forces armées se sont entendus pour retirer leur appui au président Estrada. Ce beau monde, démissionnaire ou non, mais de préférence en uniforme, s'était rendu sur le podium d'Edsa, au coeur de Manille où les attendaient deux anciens présidents, Fidel Ramos et Cory Aquino, ainsi que Mme Macapagal Arroyo. Les ministres avaient alors annoncé, en cascade, leurs démissions, y compris le populaire ministre de l'intérieur Alfredo Lim. Même le chef de la police, jugé très proche d'Estrada, a changé de camp. Une immense foule, évaluée de 200 000 à 300 000 personnes, a applaudi à tout rompre. Esseulé, Joseph Estrada, mis au courant de la multiplication des désertions, est intervenu à la télévision pour proposer la réouverture de son procès pour corruption devant le sénat transformé en Haute Cour de justice. Il est réapparu quelques heures plus tard sur le petit écran pour proposer une élection présidentielle anticipée avec engagement de sa part de ne pas être candidat. Même s'il ne s'agissait plus, à ce moment-là, que de marchander son départ, le courant ne passait plus et, surtout, la responsabilité du maintien de l'ordre était passée entre les mains de ses adversaires. Dans la nuit de vendredi à samedi, des dizaines de milliers de personnes semblaient déterminées à marcher sur Malacanang, le palais présidentiel à Manille, pour en chasser le président si ce dernier n'avait pas remis sa démission samedi à l'aube. Mais après avoir refusé jusqu'au dernier moment de signer une lettre de démission, il a dû se résoudre à le faire, après que le président de la Cour suprême, Hilario Davide, eut déclaré le pouvoir vacant. Samedi, il a quitté le palais présidentiel de Malacanang, pour se rendre, en principe, dans sa résidence privée, à Greenhills, l'un des quartiers huppés de la capitale. Avant de partir, il a fait publier un communiqué dans lequel il affirme que, tout en ayant de « sérieux doutes » sur la légalité de la prise du pouvoir par Mme Arroyo, il ne souhaite pas être « un obstacle au retour de l'unité et de l'ordre [...]. J'appelle mes partisans à se joindre à moi pour la promotion d'un esprit national constructif en faveur de la réconciliation et de la solidarité », indique-t-il. Que s'est-il passé ? Depuis l'ajournement brutal, le 17 janvier, du procès de M. Estrada pour corruption, viol de la constitution et abus de pouvoir, les généraux ont eu le temps de mesurer l'étendue du désastre. Les témoignages contre le président ont été dévastateurs. La bourse de Manille et la monnaie nationale n'ont pas résisté au choc. Même si la corruption politique est la règle aux Philippines, les pratiques d'Estrada, y compris depuis son élection en 1998, dépassent l'entendement. Même s'il avait été acquitté, sa crédibilité était détruite. ÉVITER LES DÉRAPAGES Un communiqué de Washington invitant au respect de « manifestations pacifiques », connu dans la nuit de jeudi à vendredi à Manille, a sans doute eu son petit effet. Les généraux ont peut-être également voulu éviter un dérapage des manifestations de l'opposition, continues à Manille depuis trois jours. Ou des provocations. Ou encore des attentats, comme ceux de décembre, qui ont fait plus de vingt morts et choqué l'opinion publique : personne n'avait alors pris pour argent comptant l'explication officielle, selon laquelle les explosions auraient été le fait d'irrédentistes musulmans du sud de l'archipel. L'armée a donc pris le risque de se rallier aux cols blancs et aux classes moyennes urbaines, qui ont manifesté dans l'ordre dès que l'occasion leur a été donnée de prendre leur revanche sur un homme qui n'est pas des leurs, qu'ils considèrent comme un parvenu, un tricheur partagé entre ses maîtresses, les tables de jeux et les « cabinets de minuit », soirées bien arrosées au cours desquelles Joseph Estrada, l'ancien acteur de série B, refaisait la planète en compagnie des membres de son clan. L'« avocat des pauvres » - le principal thème sur lequel Estrada a été élu en 1998 - s'est pris à son propre piège, ayant amassé une petite fortune tout en ne faisant rien depuis son élection pour les barrios - les villages pauvres qu'il avait pourtant promis de sortir de leur misère. Même s'il reste populaire parmi les petites gens, le retournement des forces de l'ordre lui a coupé l'herbe sous le pied. Les militaires lui ont donné le coup de grâce, mais ont affirmé vouloir lui assurer « un retrait dans la dignité ». Les Etats-Unis ont fait savoir qu'ils n'avaient pas, du moins pas encore, abordé la question d'un asile politique. L'accueil d'Estrada serait jugé encombrant, sinon déplacé, par la plupart des alliés régionaux des Philippines. Enfin, sa présence dans son propre pays pourrait entretenir les demandes en faveur d'une nouvelle traduction en justice.

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