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Gloria Macapagal Arroyo, une universitaire populaire et compétente

Publié le 17/01/2022

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20 janvier 2001 PETITE, mignonne, pleine de charme, plus rouée qu'elle ne le laisse paraître, Gloria Macapagal Arroyo semble disposer de quelques atouts pour recoller les morceaux de la présidence manquée de Joseph Estrada. Elle possède l'art consommé de faire oublier ses manoeuvres passées et de donner ainsi une impression de fraîcheur. La voilà donc apparemment intacte, assurée d'une solide période de grâce. De son père Diasdado Macapagal, qui fut président de 1961 à 1965, elle a conservé le penchant populiste et nationaliste qui a en a fait, lorsqu'elle a sollicité un deuxième mandat consécutif en 1995, la mieux élue des sénateurs des Philippines. Ce qui lui a également permis, trois années plus tard, d'enlever la vice-présidence - qui fait l'objet d'un vote séparé, aux Philippines - avec deux fois plus de voix que son adversaire le plus proche. Gloria est populaire : son père était d'extraction modeste et on ne l'a pas oubliée dans les barrios, les villages pauvres du vaste archipel. Mais Gloria se souvient également que son père a été un bien piètre gestionnaire, sans grande prise sur les graves problèmes économiques et sociaux des Philippines, ce qui explique sa défaite en 1965 face à Ferdinand Marcos. Mme Arroyo a l'avantage d'un brillant cursus universitaire avec l'équivalent d'un prix d'excellence à l'université américaine de Georgetown, où elle a connu Bill Clinton, et d'un doctorat d'Etat en économie à l'université des Philippines. Si elle connaît bien l'univers vénal et étroit de Lubao, le barrio de son père, elle est également acceptée par les « deux cents familles » qui règnent encore sur les Philippines et qui ont rejeté aussi bien Estrada que Marcos, considérés comme des parvenus. MINORITÉ ADMIRÉE Aujourd'hui âgée de cinquante-trois ans et mère de trois enfants, Gloria appartient donc à cette minorité admirée de Philippins qui ont réussi à s'extraire de la pauvreté et sont jugés assez compétents pour tenter d'offrir un avenir à une population victime d'inégalités criantes. Et que son père soit encore considéré comme le plus intègre des chefs d'Etat philippins ne constitue pas un handicap. Mais une carrière politique est également l'affaire de compromis. Joseph Estrada a été cloué au sol par un membre de son clan qui l'a accusé d'avoir empoché des redevances sur les jueteng, des loteries illégales. Gloria se défend d'avoir entretenu tout lien avec ce monde bien louche, même si elle reconnaît être la marraine du fils de l'un de ces patrons de jeu, en l'occurrence le maire de Lubao. Pendant plus de deux ans, au grand regret de certains de ses partisans, elle a été le ministre des affaires sociales de Joseph Estrada. Elle n'a pris ses distances que début octobre, lorsque l'affaire des jueteng a éclaté. Elle a attendu deux semaines supplémentaires pour appeler à la démission d'Estrada. Certains l'ont alors taxé d'opportunisme. Ses adversaires lui reprochent de procéder, comme la plupart des politiciens philippins, d'une culture de patronage. Elle s'en défend, promet la transparence et la reprise des réformes lancées par Fidel Ramos (1992-1998) et abandonnées par Estrada. Contrairement à ce dernier, elle n'a aucune dette électorale à l'égard de quelques magnats de la finance. Mais il va lui falloir contenter beaucoup de monde, des généraux conservateurs aux radicaux de gauche auxquels elle est liée. Son pragmatisme, disent d'autres, devrait continuer de la servir. En outre, pendant ses six années au Sénat, elle a abattu un gros travail législatif, un atout non négligeable. Enfin, l'habileté avec laquelle elle a préparé, dès octobre, la succession, en organisant une majorité de rechange et en formant un « cabinet fantôme » apprécié, plaide en sa faveur même si certains redoutent qu'elle n'ait pas encore les moyens de faire face aux lourdes responsabilités de la présidence.

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