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Guinée

Publié le 10/04/2013

Extrait du document

1 PRÉSENTATION

Guinée, pays d’Afrique de l’Ouest ouvert sur l’océan Atlantique. Sa capitale est Conakry.

La Guinée est limitée au nord-ouest par la Guinée-Bissau, au nord par le Sénégal, à l’est par le Mali, au sud-est par la Côte d’Ivoire et au sud, par le Liberia et la Sierra Leone. Le pays comprend les îles de Los, au large de Conakry.

Premier pays de l’Afrique francophone à avoir accédé à l’indépendance, en 1958, après son refus de faire partie de la Communauté française, la Guinée, devenue alors République populaire révolutionnaire, a subi durant plus de vingt-cinq ans la dictature d’Ahmed Sékou Touré. Après la mort de celui-ci, en 1984, les militaires ont conduit la libéralisation de l’économie puis, difficilement, la démocratisation du pays.

2 LE PAYS ET SES RESSOURCES
2.1 Relief et hydrographie

La Guinée couvre un territoire de 245 857 km². Elle est constituée de quatre régions topographiquement bien distinctes. En bordure de l’océan Atlantique, une plaine côtière s’allonge sur 275 km et pénètre à l’intérieur des terres sur une cinquantaine de km. Elle est surplombée par le massif du Fouta-Djalon, culminant à 1 537 m, au mont Loura. Le relief se fait ensuite plus vallonné dans la partie centrale, où le territoire guinéen s’incurve vers le sud ; le plateau mandingue s’élève à la périphérie nord, à la frontière avec le Mali. À l’extrême sud-est s’étire la dorsale guinéenne, sur laquelle se dressent les monts Nimba, point culminant du pays (1 752 m d’altitude).

La Guinée donne naissance à quelques-uns des grands fleuves d’Afrique de l’Ouest. Le Bafing, la source principale du fleuve Sénégal, et la Gambie, prennent tous deux leur source sur le plateau du Fouta-Djalon et continuent leur course vers le nord au-delà des frontières. De nombreuses rivières prennent également naissance dans les monts du Fouta-Djalon, d’où elles descendent vers la plaine côtière, se divisant en une quantité de défluents. Le fleuve Niger et son important affluent, le Milo, ont leur source sur les hauteurs de la dorsale guinéenne.

2.2 Climat

La Guinée se caractérise par des différences climatiques importantes, dues en majeure partie à la variété du relief. La plaine côtière connaît les précipitations les plus fortes et les températures les plus égales : Conakry, la capitale, reçoit 4 418 mm de pluie par an ; la moyenne des températures est de 26,7 °C. Le Fouta-Djalon connaît un climat de type plus soudanien. La moyenne annuelle des précipitations y est de 1 778 mm ; elle se réduit sur le plateau mandingue. La dorsale guinéenne, en revanche, est plus arrosée ; les précipitations annuelles atteignent en moyenne 2 794 mm. C’est également dans cette région que l’on trouve les températures les plus élevées. Il y règne un climat tropical humide, voire équatorial, caractérisé par de fortes chaleurs, des pluies abondantes, et des saisons peu marquées. Dans le reste du pays, la saison des pluies dure d’avril ou mai à octobre ou novembre. Avril est le mois le plus chaud, tandis que juillet et août sont les mois les plus humides.

2.3 Flore et faune

Une épaisse végétation de mangrove tapisse la côte et les estuaires. Les cypéracées abondent sur le plateau du Fouta-Djalon, où domine une forêt claire que d’importants incendies ont dévastée. La dorsale guinéenne est le domaine de la forêt tropicale dense.

Les reptiles sont bien représentés dans la faune guinéenne, également riche d’une multitude de variétés d’oiseaux. Parmi les mammifères, citons les léopards, les hippopotames, les sangliers, les antilopes et les civettes.

2.4 Ressources naturelles

La Guinée, qui compte parmi les pays les plus pauvres du monde, est pourtant dotée d’un des potentiels économiques les plus importants d’Afrique. Elle possède plus d’un tiers des ressources mondiales connues de bauxite, des gisements de minerai de fer assez considérables, ainsi que des diamants, de l’or, du pétrole, de l’uranium, du cuivre et du manganèse, sans compter son énorme capacité hydroélectrique.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

En 1995, la population guinéenne était estimée à 10,2 millions d'habitants, soit une densité de 41,5 habitants au km². On estime à 2 millions le nombre de Guinéens ayant fui le pays durant la dictature de Sékou Touré, pour rejoindre la Côte d’Ivoire, le Sénégal ou la France.

La structure démographique de la Guinée offre les mêmes caractéristiques que celles des autres pays d’Afrique noire : un fort taux de croissance (3,04 p. 100 au début des années 1990) ; un taux de mortalité infantile élevé (87,2 p. 1 000) ; une faible longévité, avec une espérance de vie de 49,8 ans ; enfin, une population jeune, avec 47 p. 100 de moins de 15 ans.

Aux quatre zones géographiques correspondent quatre groupes de population. Le groupe numériquement le plus important est celui des peuples mandingues (Malinké) et assimilés, tels que Kouranko ou Lele. Ils représenteraient 30 à 34 p. 100 de la population guinéenne. Originaires du plateau mandingue et de la région intermédiaire entre le Fouta-Djalon et la dorsale guinéenne, ils sont aujourd’hui présents dans l’ensemble du pays. Les pasteurs Peul sédentarisés forment la seconde entité et constituent 29 à 30 p. 100 de la population totale. Ils vivent essentiellement dans la région du Fouta-Djalon. Les Soussou et peuples assimilés (17 ou 18 p. 100) se sont établis sur la côte. Les peuples de la forêt (17 ou 18 p. 100) habitent principalement les massifs du Sud-Est.

3.2 Villes principales

La population guinéenne est rurale à 64 p. 100. Cependant, la capitale, Conakry, exerce une grande puissance d’attraction. Plus de 1,5 million de Guinéens habitent cette ville portuaire. À l’exemple de plusieurs autres États africains, on envisage de créer une capitale administrative dans l’intérieur du pays. Les autres centres urbains — Kankan, Kindia, N’Zérékoré, Kamsar et Kissidougou — connaissent eux aussi une croissance rapide.

3.3 Langues et religion

Chaque groupe ethnique a préservé sa langue et ses caractéristiques socioculturelles. Ainsi, outre le français, demeuré langue officielle, huit langues sont parlées : le malinké, le soussou, le peul, le kissi, le basari, le loma, le koniagi et le kpelle (voir Afrique, langues d’).

L’islam rassemble 85 p. 100 de la population ; les croyances traditionnelles demeurent prégnantes.

3.4 Éducation

Si l’enseignement est gratuit et officiellement obligatoire pour tous les enfants de 7 à 12 ans, la scolarisation de la population guinéenne demeure encore très faible. Au début des années quatre-vingt-dix, seulement 30 p. 100 des enfants en âge scolaire fréquentaient l’école. Moins de 2 p. 100 de la classe d’âge concernée poursuivaient des études dans l’enseignement supérieur (universités de Conakry et de Kankan et 21 autres institutions). Le taux d’alphabétisation de la population, en 2000, était de 41,1 p. 100.

Les faiblesses du système éducatif tiennent en partie à l’émigration des intellectuels durant les vingt-cinq dernières années.

3.5 Institutions et vie politique

Après l’accession de la Guinée à l’indépendance, en octobre 1958, Sékou Touré, qui a joué un rôle essentiel dans la décolonisation de son pays, devient président de la République et secrétaire général du parti unique qu’il a fondé en 1953, le Parti démocratique de Guinée (PDG). Son pouvoir, consacré par la Constitution de 1958, s’appuie dans les débuts du régime sur sa légitimité de « père de l’indépendance «, puis repose de plus en plus sur un appareil répressif et idéologique dominé par les membres du PDG et, par la suite, par son clan.

Le chef de l’État se fait également le promoteur d’une révolution socialiste : perçue d’abord comme un modèle par les autres pays africains, elle apparaît rapidement comme la justification idéologique d’une dictature totalitaire.

Après la mort de Sékou Touré, en 1984, un coup d’État militaire porte au pouvoir le colonel Lansana Conté, entouré d’un Comité militaire de redressement national (CMRN). Le PDG est déclaré illégal, la Constitution suspendue et l’Assemblée nationale dissoute. Les militaires engagent la libéralisation de l’économie et, plus tard, la démocratisation du pays. Une Constitution multipartite est instaurée en 1990.

En décembre 1993, Lansana Conté remporte les premières élections multipartites de Guinée. En juin 1995, après avoir été reportées à plusieurs reprises, des élections législatives donnent la victoire au parti présidentiel, le Parti de l’unité et du progrès (PUG). Ce résultat est contesté par les vingt partis d’opposition, dont les principaux sont le Rassemblement du peuple guinéen (RPG), dirigé par Alpha Condé, et le Parti du renouveau et du progrès, dirigé par Siradiou Diallo.

Le processus démocratique cède progressivement la place à une dérive autoritaire. Lansana Conté est réélu en 1998, puis en 2003, tandis que son parti occupe 85 des 114 sièges de l’Assemblée nationale populaire, à l’issue des élections législatives de 2002, boycottées par plusieurs partis d’opposition.

4 ÉCONOMIE

En dépit de considérables richesses minérales, la Guinée se situait, en 2001, parmi les pays les moins avancés, avec un produit intérieur brut (PIB) de 3 milliards de dollars, soit un PIB par habitant de 390 dollars.

Les errements de la politique économique « socialiste « du régime de Sékou Touré, la rupture diplomatique avec la France dans la première décennie suivant l’indépendance, la récession mondiale et des conditions naturelles parfois difficiles expliquent cette situation. Face à la crise, un tournant libéral a été amorcé à la fin des années 1970, qui s’est concrétisé après le changement de régime. Pour la période 1990-2001, le taux de croissance du PIB s’établit à 4,2 p. 100.

4.1 Agriculture

Malgré la diversité des conditions naturelles guinéennes, l’agriculture, longtemps négligée par les planifications successives, est sous-productive. La Guinée n’est toujours pas autosuffisante, car la balance agricole reste négative. Or, l’économie repose principalement sur ce secteur : il emploie près de 90 p. 100 de la population active, mais il ne contribue au PIB qu’à hauteur de 25 p. 100 environ. Les cultures vivrières les plus importantes sont : le manioc, le riz, les plantains, le fonio, les patates douces, l’arachide et le maïs.

Les cultures d’exportation — palmiers à huile, bananes, café, ananas, cacao et coton — ont connu une forte régression sous le régime de Sékou Touré, mais elles sont aujourd’hui en progression. Les exportations agricoles représentaient 60 p. 100 du PNB en 1958, et moins de 4 p. 100 en 1980. En 2001, les exportations de produits agricoles représentaient 0,2 p. 100 et les produits agroalimentaires 2 p. 100 des exportations totales de la Guinée.

La production de viande n’est pas autosuffisante tandis que le secteur de la pêche constitue une activité de plus en plus importante de l’économie guinéenne avec une production de près de 90 000 tonnes en 2001.

4.2 Mines et industries

En 2001, l’industrie contribuait au PIB à hauteur de 37,7 p. 100, mais ce secteur n’employait que 2 p. 100 de la population active (en 1990). Tardivement mis en valeur (1953) au profit de l’agriculture industrielle privilégiée par la colonisation, le secteur minier est le seul domaine de l’économie guinéenne qui a connu une croissance significative avec l’indépendance. La production annuelle de bauxite se place au deuxième rang mondial, avec 15,7 millions de tonnes en 2001. Elle constitue la principale source de revenus du pays. Les diamants et l’alumine constituent les autres productions minières importantes du pays. L’exploitation de l’or reste réduite (16 tonnes en 2004). L’hydroélectricité représente une importante source d’énergie (775 millions de kilowatts-heure en 2003), la Guinée étant considérée comme le château d’eau de l’Afrique de l’Ouest.

4.3 Échanges

L’unité monétaire est le franc guinéen divisé en 100 centimes. Le commerce extérieur est déficitaire. Le déficit commercial et l’endettement, très élevé (la dette extérieure brute se montant à 2,88 milliards de dollars en 2002), témoignent de la dépendance économique du pays. L’Union européenne constitue le principal partenaire commercial de la Guinée, la France étant son principal fournisseur.

Les transports ne permettent pas la mise en valeur du territoire. La Guinée ne dispose que de 940 km de voies ferrées. La ligne principale relie les villes de Conakry et de Kankan. D’autres lignes relient les ports de Conakry et de Kamsar aux carrières de bauxite. Le réseau routier couvre environ 30 500 km, dont 4 p. 100 sont asphaltés. Il y a deux aéroports, l’un à Conakry, l’autre à Kankan. La capitale, Conakry, est aussi un grand port qui s’ouvre sur l’océan Atlantique.

5 HISTOIRE
5.1 La Guinée des grands empires

La Guinée est née au tournant du siècle (1895-1911), dans ses frontières géographiques actuelles, ses limites ayant été tracées par les puissances coloniales. Cependant, l’histoire de ce territoire est ancienne et est rythmée par le rayonnement et la décadence de grands empires. Les Nalous et les Bagas peuplent la région dès le VIIIe siècle, et sont rejoints au XIe siècle par les Jalonkés d’origine mandé. Ils précèdent les Peul et les Mandingues, qui arrivent en masse entre le XVIe et le XVIIIe siècle, apportant l’islam.

De nombreux empires et royaumes, encore très présents dans la mémoire collective, se succèdent dans la région. Le royaume mandingue, vassal de l’empire du Ghana, s’établit du Haut-Sénégal-Niger entre le IXe et le XIe siècle. Au XIIIe siècle, le légendaire Soundiata Keita forme l’empire du Mali, ayant vraisemblablement pour capitale Niani (aujourd’hui petit village guinéen à la frontière de la république du Mali). L’empire du Mali connaît son apogée au XIVe siècle, s’étendant du nord et de l’est de la Guinée à Tombouctou, avant de décliner dès le siècle suivant. Les classes gouvernantes mandingues se convertissent très tôt à l’islam. L’expansion de la religion musulmane dans toute la Guinée est cependant due au clan des Torobe, des pasteurs peul installés dans le Fouta-Djalon. Ils instaurent un État théocratique sur les hauteurs du plateau au début du XVIIIe siècle. Dans les années 1880, le Malinké Samory Touré, équipé de fusils, prend le contrôle de l’intérieur du pays. Il est l’un des derniers héros africains de l’histoire pré-coloniale du pays et de la résistance à la colonisation.

5.2 Résistances et conquête coloniale

Dans la dernière partie du XIXe siècle, la France, employant alternativement la force et la diplomatie, s’empare, non sans difficultés, de la plus grande partie de l’ouest du Soudan (actuel Mali). Elle prend Tombouctou, pousse jusqu’au lac Tchad et occupe la côte guinéenne. En 1891, la Guinée est proclamée colonie française, indépendamment du Sénégal, auquel elle est précédemment rattachée. Cependant, cette conquête ne s’opère pas sans résistance. Samory Touré tente de s'opposer à l’occupation française, jusqu’à ce qu’il soit vaincu en 1898. L’année suivante, les régions du haut Niger sont annexées au territoire, et en 1906 la Guinée devient partie intégrante de l’Afrique-Occidentale française (A-OF).

5.3 La Guinée sous la colonisation française

La France impose un système d’administration coloniale identique à celui appliqué dans les autres territoires africains de son empire colonial. Sous l’autorité d’un gouverneur général, le pays est divisé en vingt-neuf cercles, eux-mêmes dirigés par un commandant de cercle. Les chefferies traditionnelles sont souvent transformées et leurs structures bouleversées. Elles constituent un instrument efficace de la domination coloniale. Ce système joue un rôle important dans l’unification d’un pays créé par les puissances coloniales elles-mêmes en compétition.

L’exploitation des ressources s’oriente vers la satisfaction des besoins de la métropole. Au détriment des cultures vivrières, les cultures d’exportation, monopolisées par des sociétés françaises, se multiplient. La monnaie et l’impôt se généralisent également durant cette période.

Cependant, une conscience politique anticoloniale se développe peu à peu, pour s’affirmer après la Seconde Guerre mondiale. En effet, Conakry devenant un port important, beaucoup de Guinéens ont alors la possibilité de former leurs propres syndicats, d’où émergent des mouvements contestataires. À la tête de la puissante Union générale des travailleurs d’Afrique noire (UGTAN), Sékou Touré, arrière-petit-fils de Samory Touré, mène une action pour obtenir davantage de représentants africains dans le gouvernement local. La Constitution française d’octobre 1946, plus libérale à l’égard des pays colonisés qui ont aidé la France durant la guerre, permet la création de partis politiques comme le Rassemblement démocratique africain, dont Sékou Touré prend la tête de la section guinéenne. Lors du référendum de septembre 1958, la Guinée est le seul pays de l’Afrique francophone à rejeter la proposition du général de Gaulle concernant l’intégration des colonies de l’A-OF au sein de la Communauté française, ce qui entraîne une rupture immédiate des relations politiques et économiques avec la France.

Le 2 octobre 1958, la Guinée accède à l’indépendance. Sékou Touré, alors très populaire dans son pays comme dans toute la région, en devient le président. Comme le président du Ghana, Kwame Nkrumah, il prône alors le panafricanisme, « la décolonisation intégrale de toutes les structures du pays « et la mise en place d’une « société socialiste «. En fait, le régime se transformera en dictature.

5.4 La Guinée indépendante
5.4.1 La dictature meurtrière de Sékou Touré (1958-1984)

Après son indépendance, le pays cherche de l’aide auprès des pays d’Europe de l’Est et de l’Union soviétique. Sékou Touré met en place un régime de parti unique et un système socialiste. En 1961, la Guinée adhère, avec le Mali et le Ghana, à l’Union des États africains, une fédération qui ne vit que deux ans. Cible de plusieurs tentatives d’assassinat, Sékou Touré accuse la France de comploter pour renverser son régime et rompt toute relation avec celle-ci en novembre 1965. Quant aux rapports de la Guinée avec ses voisins — Côte d’Ivoire, Niger, Sénégal et Burkina —, ils restent orageux jusqu’en 1978. À l'intérieur du pays, les anciens soutiens du régime sont également pourchassés et accusés de complots. Le régime de Sékou Touré devient de plus en plus tyrannique et meurtrier (près de 50 000 victimes et 2 millions d’exilés).

L’isolement diplomatique du pays, conjugué à une économie mal planifiée, mène la Guinée à la faillite et contraint son président à assouplir le régime. Il entreprend alors de nombreux voyages diplomatiques dans le but d’établir des relations avec d’autres pays et de trouver des investisseurs pour exploiter les richesses minérales considérables de la Guinée.

5.4.2 Les dérives du régime du général-président Lansana Conté

Après la mort de Sékou Touré, en 1984, un gouvernement intérimaire est mis en place. Il est bientôt renversé par le colonel Lansana Conté, qui prend la tête du Comité militaire de redressement national (CMRN) et devient président de la République. Les prisonniers politiques sont amnistiés, les exilés guinéens encouragés à rentrer, la censure assouplie et le pouvoir de l’armée réduit. Toutefois, dès 1985, une tentative de coup d’État menée contre le gouvernement de Lansana Conté entraîne une sanglante répression. Dans le domaine économique, le nouveau régime s’attache à démanteler le système socialiste et se rapproche de la France et de ses voisins. À la fin des années 1980, la Guinée s’ouvre au capitalisme occidental en déréglementant les investissements.

La transition démocratique semble amorcée au début des années 1990, avec l’adoption d’une nouvelle Constitution qui instaure le multipartisme. Toutefois, les élections pluripartites successives, considérées comme frauduleuses par l’opposition, maintiennent au pouvoir Lansana Conté et sa formation, le Parti de l’unité et du progrès. Élu une première fois en décembre 1993 (avec 51,7 p. 100 des suffrages), le président guinéen est réélu en décembre 1998 avec 56,1 p. 100 des suffrages exprimés. Alpha Condé, charismatique leader du parti du Rassemblement du peuple de Guinée et l’une des principales figures de l’opposition guinéenne, est arrêté juste avant la proclamation des résultats de l’élection présidentielle de 1998. L’éternel opposant est accusé d’avoir orchestré un complot pour renverser le régime guinéen par la force. Il est condamné en avril 2000 à cinq ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’État «, à l’issue d’un procès qualifié de farce judiciaire et discréditant considérablement le régime auprès de la communauté internationale.

Dans ce contexte, des remous récurrents agitent l’armée. En 1996, notamment, une mutinerie menace de dégénérer en coup d’État. De plus, la population guinéenne est divisée par des antagonismes ethniques, les Peul et les Malinké reprochant au président Conté de favoriser les Soussou, établis, comme lui, sur le littoral. Enfin, le pays subit les contrecoups de l’instabilité régnant dans les pays voisins, le Liberia et la Sierra Leone, en proie à des guerres civiles. Alors que la Guinée abrite 400 000 réfugiés libériens et sierra-léonais dans la région frontalière du Sud-Est, elle est précipitée à partir de l’automne 2000 dans le conflit régional ouest-africain à la suite des incursions armées lancées par les rebelles sierra-léonais du Front révolutionnaire uni (RUF), soutenus par le Libérien Charles Taylor. Riche en mines de diamants, la Guinée représente une zone stratégique pour le RUF et Charles Taylor, qui financent leur guérilla par le trafic de diamants. Le pays doit également faire face à l’émergence d’une rébellion organisée au sein du Rassemblement des forces démocratiques de Guinée (RFDG) et alimentée par le Liberia. Avec le soutien des États-Unis, Lansana Conté parvient cependant à mater cette rébellion.

Alors que la Constitution ne lui permet pas de briguer un troisième mandat, Lansana Conté organise en novembre 2001 un référendum constitutionnel dans le but de se maintenir au pouvoir au-delà de 2003. Le mandat présidentiel passe de cinq à sept ans, la limite d’âge est supprimée ainsi que toute limite au nombre de mandats présidentiels successifs. Le « oui « recueille 98 p. 100 des suffrages, lors d’un scrutin entaché d’irrégularités et dénoncé par l’opposition.

Le président guinéen concourt à l’élection présidentielle de décembre 2003 bien qu’une maladie chronique l’empêche de gouverner depuis de longs mois. Face à un seul autre candidat, tous les partis d’opposition ayant boycotté le scrutin, il est réélu avec 96,6 p. 100 des suffrages.

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