Habyarimana, Juvénal

Habyarimana, Juvénal (1937-1994), homme politique rwandais, président de la République rwandaise de 1973 à 1994.

Né à Gisenyi, au nord du Rwanda, dans une famille hutu, Juvénal Habyarimana étudie un an à la faculté de médecine de l’université Lovanium de l’ancien Congo belge (université de Kinshasa en République démocratique du Congo aujourd’hui), puis il s’engage dans l’armée et suit les cours de l’école d’officiers de Kigali (Rwanda). Entre 1963 et 1973, il occupe plusieurs postes militaires, dont ceux de chef d’état-major, de commandant de la Garde nationale, puis de ministre des Armées et de la Police.

En juillet 1973, soutenu par des officiers hutu du nord du pays, Habyarimana renverse le gouvernement civil de Grégoire Kayibanda et se proclame président. Il crée le Mouvement révolutionnaire national pour le développement (MRND), parti unique, en juillet 1975, et nomme des ministres civils, tout en maintenant des militaires du nord aux postes clés. En 1983 et en 1988, il est réélu pour des mandats de cinq ans. Son régime, qui avive les tensions communautaires, est critiqué pour ses mesures d’austérité et sa corruption. En juillet 1990, Habyarimana cède à la pression internationale et entame une transition vers une démocratie pluraliste. En octobre de la même année, le Front patriotique rwandais (FPR), armée rebelle constituée de quelques Hutu modérés et de nombreux Tutsi réfugiés en Ouganda, envahit le nord du Rwanda. Cette invasion déclenche une guerre civile qui est à l’origine de la mort de milliers de civils. En août 1993, Habyarimana et les dirigeants du FPR signent un accord de paix à Arusha (Tanzanie), mais la tension chez les extrémistes du MRND et les milices gouvernementales persiste. Le 6 avril 1994, quatre mois après son installation comme président de transition avec un mandat de 22 mois, Habyarimana est tué en compagnie du président du Burundi Cyprien Ntavyamira, hutu comme lui, lors de l’attaque de son avion par un ou deux missiles antiaériens, à l’atterrissage à Kigali. Cet assassinat, dont les auteurs ne sont toujours pas connus avec certitude, a déclenché jusqu’en juillet 1994 une vague de massacres à l’encontre des Tutsi ainsi que des Hutu modérés (entre 500 000 et un million de morts), qualifiée par l’Organisation des Nations unies (ONU) de génocide.