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Heian, période de

Publié le 07/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Heian, période de, dernière période de l’antiquité japonaise, pendant laquelle la capitale impériale se trouve fixée à Heian (794-1185). Elle est marquée par la domination de la famille Fujiwara et des « empereurs retirés «, puis par la montée en puissance des guerriers.

Après qu’un complot et une épidémie ont rendu l’ancienne capitale Nagaoka-kyo dangereuse, la ville de Heian-kyo (actuellement Kyoto) est choisie comme capitale en 794. Le transfert de la capitale ne marque cependant pas de véritable rupture dans l’histoire du Japon qui reste, au moins jusqu’au milieu du xe siècle, cet « État régi par les codes « mis en place progressivement aux périodes d’Asuka (593-710) et de Nara (710-784).

2   UNE SOCIÉTÉ FORTEMENT RITUALISÉE

Pendant la période de Heian, l’empereur est celui qui, par son existence même, assure la pérennité du pays. Sa charge est d’assurer le bon déroulement des rites, qu’ils soient bouddhiques, shinto ou autres. La conscience du sacré est alors à son apogée. On fait appel aux moines pour déterminer les périodes et les lieux fastes, ainsi que pour exécuter des rites propitiatoires à toute occasion potentiellement dangereuse (voyages, étapes de la vie, etc.). L’aristocratie de Heian, qui respecte divers interdits et se soumet à de nombreux rituels, craint également la vengeance des esprits mal apaisés des condamnés ; aussi la peine de mort est-elle abandonnée au profit de l’exil.

Les six sectes de Nara, affaiblies par le transfert de la capitale, perdent de leur importance, tandis que de nouvelles écoles bouddhiques font leur apparition. Le moine Saicho s’installe sur le mont Hiei, au nord-est de Kyoto, puis se rend en Chine d’où il rapporte la doctrine du tendai (en chinois T’ien T’ai), tandis que le grand prêtre Kukai, revenu en 807 de Chine, fonde l’école ésotérique du shingon. Du fait de leur efficacité rituelle, le shingon et le tendai dominent l’aristocratie de la capitale jusqu’à la fin de l’époque de Heian. Cependant, dès le xe siècle, une nouvelle tendance se dessine : l’amidisme, ou doctrine de la Terre Pure (jôdo), enseignée par des moines tels que Kuya (903-972), Genshin (942-1012) et, surtout, Genku.

Les divinités shinto sont, quant à elles, intégrées au bouddhisme en tant que manifestations des bouddhas, fondant un syncrétisme qui perdure jusqu’à la restauration de Meiji en 1868.

3   UNE CIVILISATION BRILLANTE

L’époque de Heian est une période de paix et de faste, qui se traduit par un essor des arts et des lettres. La poésie, chinoise et japonaise, est pratiquée par tous les aristocrates, parmi lesquels Ki no Tsurayuki, compilateur du Kokinwakashû (« Recueil de poèmes d’hier et d’aujourd’hui «, vers 905) et auteur du Journal de Tosa (Tosa nikki, vers 935). La prose japonaise semble plutôt l’apanage de femmes de cour telles que Sei Shonagon, auteur des Notes de chevet (Makura no sôshi, début xie siècle), et surtout Murasaki Shikibu, dont le récit le Dit du Genji (Genji monogatari, début xie siècle) constitue l’un des chefs-d’œuvre de la littérature japonaise.

Aux xie et xiie siècles, la montée du pouvoir des guerriers permet l’apparition de romans historiques ainsi que d’une littérature plus populaire, notamment illustrée par les Histoires qui sont maintenant du passé (Konjaku monogatari, début xiie siècle).

4   LES PUISSANCES POLITIQUES DURANT LA PÉRIODE
4.1   Le gouvernement des Fujiwara

Aux ixe et xe siècles, la cour est dominée par la famille Fujiwara qui, malgré quelques éclipses, parvient à faire monter sur le trône impérial les enfants nés des demoiselles du clan, tout en s’arrogeant les charges de régent (sessho) ou de grand chancelier (kanpaku) auprès du jeune empereur.

À la fin du xe siècle, la bureaucratie instaurée par le régime des codes s’affaiblit : le recrutement des hauts fonctionnaires, désormais essentiellement fondé sur la naissance et les alliances, permet à la famille Fujiwara d’accaparer pratiquement tous les postes. Le gouvernement de Fujiwara no Michinaga et, dans une moindre mesure, celui de ses descendants, marque l’apogée de cette période.

4.2   Le gouvernement des empereurs retirés

À la mort de l’empereur Goreizi (1068), faute d’héritier Fujiwara, le pouvoir revient à l’empereur Gosanjo qui règne jusqu’en 1072. Son autorité évince rapidement celle de la famille Fujiwara, et son fils Shirakawa, qui lui succède, inaugure le gouvernement des « empereurs retirés « (insei) : le pouvoir est désormais entre les mains, non plus de la famille maternelle de l’empereur, mais de celle de son père.

4.3   La montée du pouvoir des guerriers

Le système de répartition des terres et le régime fiscal instauré par les codes déclinent dès le début du xe siècle. Les défrichements notamment permettent la formation de propriétés plus ou moins vastes, appartenant aux grandes familles, aux temples et aux notables de province. Même si ces terres restent théoriquement soumises à l’impôt, des exemptions sont rapidement accordées, favorisant la création de domaines (shoen) tenus par des seigneurs locaux à l’autorité croissante.

Ces hommes, garants de l’ordre sur leur terre, pour la plupart bons cavaliers et bons archers, sont rejoints par les cadets des familles d’aristocrates, parmi lesquels de nombreux membres des familles Taira et Minamoto. Loin de l’atmosphère fastueuse et ritualisée de la capitale, ces guerriers fondent un nouvel univers et prennent le pouvoir sur les hommes et les terres.

Les troubles des ères Hogen (1156) et Heiji (1159) permettent à Taira no Kiyomori de s’arroger de nombreux titres et de dominer la cour, avant d’être vaincu par les frères Minamoto no Yoshitsune et Minamoto no Yoritomo à la bataille de Dan no Ura (1185), qui marque symboliquement la fin de l’époque ancienne et le début du Moyen Âge japonais, ainsi que le début du shogunat de Kamakura (1185-1333).

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