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Hincmar, De ordine palatii (extrait)

Publié le 13/04/2013

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Interprète de la renaissance carolingienne, l’œuvre d’Hincmar est fortement liée à son activité cléricale et politique. Dans De ordine palatii (882), Hincmar dresse un tableau idéal de la cour de Charlemagne en révisant le modèle qu’en a donné l’un des cousins germain de l’empereur, Adalard de Corbie. Par l’exemple d’une bonne organisation et d’une bonne administration du domaine royale, il propose à Carloman — fils de Louis le Bègue, dédicataire de l’ouvrage — un programme de restauration du pouvoir impérial.

De ordine palatii, d’Hincmar (extrait)

 

22. Les dépenses du palais, spécialement le faste royal et les dons annuels aux soldats, à l’exception de la nourriture, de la boisson et des chevaux, étaient du ressort particulier de la reine et, sous ses ordres, de son camérier. Selon la nature de chaque produit, ils prenaient soin de prévoir l’avenir au moment opportun, de sorte qu’on ne manquât de rien, au moment opportun, lorsque le service l’exigerait. Le camérier traitait des dons offerts par les diverses légations sauf lorsque, sur ordre du roi, l’affaire était telle qu’il convenait à la reine de la traiter. Ils pourvoyaient à toutes ces affaires et à celles qui leur étaient semblables afin que le maître roi eût toujours l’esprit libre de toute préoccupation quant aux affaires domestiques ou palatines — autant du moins qu’il est légal et honnête — pour l’organisation et la conservation de la situation dans tout le royaume, sans cesser jamais de mettre son espoir dans le Dieu tout-puissant.

 

 

23. Les trois ministres : le sénéchal, le bouteiller et le connétable, conformément à la nature et à l’importance de leur office, devaient, chacun pour ce qui le concernait mais en accord avec les autres, faire connaître sans délai à tous les agents de l’État, quand et pour combien de temps le roi resterait en tel lieu pour le transport et la préparation du nécessaire. Ainsi un retard dans l’information ne dérangerait pas inutilement le personnel royal, et ne conduirait pas à exiger des prestations à un moment inopportun ou avec trop de précipitation. Bien que cette préoccupation fût partagée avec le bouteiller et le connétable, elle retombait principalement sur le sénéchal, puisque tout lui revenait, à l’exception de la nourriture des chevaux et de la boisson. On comptait aussi parmi ces ministres l’intendant, chargé, comme son nom l’indique, de veiller, avec les autres, à ce que les agents susnommés et les percepteurs puissent savoir au moment opportun que le roi viendrait chez eux à tel moment et dans tel ou tel lieu. Ainsi ils ne commettraient aucune faute en importunant le personnel à un moment gênant, car ils auraient été prévenus trop tard, et n’offenseraient pas le roi par un accueil indigne, comme s’ils l’avaient fait exprès, alors qu’en réalité ce n’est pas la volonté qui leur manquait mais le pouvoir.

 

 

Source : Brunel (Ghislain), Lalou (Élisabeth), Sources d’histoire médiévale, IXe-milieu du XIVe siècle, Paris, Larousse, 1992.

 

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